Les jeunes dragués de toute part pour 2012

Par Clarisse Jay  |   |  640  mots
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Un an avant la présidentielle et alors que le PS a présenté son projet pour 2012 ce mardi, la jeunesse est l'objet de toutes les attentions.

Les politiques n'ont pas oublié le mouvement de contestation des jeunes à l'occasion de la réforme des retraites à l'automne dernier. Malgré leurs critiques à l'égard de l'origine de leur mobilisation (manipulation, besoin de chaque génération de vivre se moment de révolte...), ils ont bien compris qu'ils ne pourraient faire l'économie de promesses en leur faveur à l'approche du scrutin présidentiel. Les organisations lycéennes et étudiantes n'ont-elle pas exigé fin 2010 que "la question de l'avenir des jeunes" soit  "au coeur du débat public" ? Leur faisant écho, le rapport Attali a jugé urgent de "redonner un avenir aux jeunes".

Le contexte n'est que trop sont connu : chômage accru (24,2% en décembre 2010 pour les moins de 25 ans), insertion professionnelle en panne, inégalités face aux études... Autant de profondes difficultés que les dispositifs récents ou en cours (apprentissage, RSA jeunes, revenu contractualisé d'autonomie, service civique...), dont certains encore expérimentaux, sont pour l'heure incapables de régler. Et le dernier remaniement ministériel, en reléguant la politique de la jeunesse sous la coupe du ministère de l'Education nationale, lui a quelque peu fait perdre en visibilité.

Bataille interne

Le PS l'a bien compris qui, dans son projet pour 2012, dévoilé ce mardi par sa secrétaire nationale Martine Aubry, veut en faire une priorité. L'une des mesures phare, déjà largement commentée et critiquée est la création sur 5 ans de 300.000 "emplois d'avenir", des contrats de cinq ans rémunérés au Smic et destinés au 18-25 ans dans le secteur non marchand. Une manière de réactiver les fameux emplois-jeunes lancés en 1997 par Lionel Jospin tout en les réadaptant (secteurs porteurs, volet formation renforcé, jeunes en difficultés et zones sensibles ciblées en priorité). Autres mesures au programme, dont certaines réclamées de longue date par les organisation étudiantes telle l'Unef, une allocation d'autonomie pour les jeunes (allant donc plus loin que le revenu contractualisé d'autonomie en cours d'expérimentation), une amélioration des aides sociales, ou encore un accompagnement pour les jeunes sans qualification. Autant de mesures qui pourraient être rapidement hypothéquées par leur coût.

Quoiqu'il en soit, la bataille sur le thème des jeunes a commencé au PS, dont le mouvement des jeunes socialistes jouera peut-être les arbitres. Martine Aubry, en prononçant son discours sur la jeunesse samedi dernier, n'a fait rien moins que marcher sur les plates-bandes de François Hollande, dont la déclaration de candidature à la présidentielle, deux jours avant, a également fait de la jeunesse l'un des principaux enjeux du pays (lui préconise le "contrat de génération" qui vise à assurer la formation des jeunes en entreprises par les seniors) .

De sont côté, l'UMP cherche aussi à séduire un électorat qui a fait faux bond à Nicolas Sarkozy en 2007 et qui se montre de plus en plus sensible aux thèses de Marine Le Pen. Après une première convention fin 2010 consacrée à l'éducation, une série d'autres ce mois-ci doivent déboucher sur des propositions, notamment sur l'emploi des jeunes. Et la ministre de l'Enseignement supérieur Valérie Pécresse participe aussi au jeu quand elle annonce un train de mesure pour le logement étudiant.

Mauvais signe ? Les négociations entamée avec les partenaires sociaux sur le sujet, censées aboutir avant l'été, patinent sur divers aspects (La Tribune du 30 mars 2011), notamment financiers. Cela préfigure bien les difficultés du sujet : tout le monde s'accorde à reconnaître la question des jeunes, et a fortiori celle de leur emploi, comme prioritaire mais sait aussi qu'en période de restrictions budgétaires, il faudra mesurer la portée des dispositifs. Au risque de voir la jeunesse descendre à nouveau dans la rue.