Emplois d'avenir ou le retour des emplois jeunes

Par Erwann Kerrand  |   |  572  mots
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Le projet socialiste fait de la création de 300.000 emplois d'avenir pour les jeunes, dans l'innovation environnementale et sociale, une de ses propositions phares. Ces emplois sont les héritiers des emplois jeunes mis en place en... 1997. Retour sur cette expérience.

L'histoire veut que l'idée des "emplois jeunes" soit née avant les élections législatives de 1997, sur le coin d'une nappe au cours d'un repas entre Dominique Strauss Kahn et Jean-Marie Le Guen. Par la suite Martine Aubry, nommée ministre de l'emploi et de la solidarité a eu la tâche de mettre en place ce programme et d'assumer le coût politique de ce dispositif. C'est pourtant elle qui, à l'occasion du nouveau programme du parti socialiste pour 2012, reprend l'idée en proposant 300.000 nouveaux emplois pour les jeunes. Retour sur ce dispositif  "nouveaux services emplois Jeunes" mis en place en 1997.

Des créations d'emploi en deçà des objectifs
Le chiffre de 300.000 nouveaux emplois annoncé par la première secrétaire du PS pour son nouveau programme a déjà suscité quelques commentaires. En 1997, le programme électoral du parti socialiste pour les élections législatives annonçait 700.000 nouveaux emplois dont la moitié dans le secteur public. L'idée était de créer des emplois, dans des secteurs où la demande n'existait pas encore comme la formation ou l'animation en quartiers HLM. L'objectif est très loin d'avoir été atteint. D'après le ministère du travail seulement 253.000 jeunes ont été embauchés, dans le secteur public, sur les quatre premières années du dispositif. En désaccord avec les patrons sur les 35h, Martine Aubry avait eu du mal à convaincre ces derniers à créer des emplois jeunes.

Pérenniser les emplois créés
Les contrats emplois jeunes étaient d'une durée de cinq ans, au-delà les aides de l'Etat (qui financent 80% du salaire) expiraient. Pour être une réussite, le dispositif ne devait pas simplement consister à différer la période de chômage. Le bilan est plutôt positif et les jeunes ont su tirer profit de l'expérience acquise. Selon la DARES, le service statistique du ministère du travail, près des trois quarts des personnes embauchées en 1999 sur des emplois jeunes et étant restées au moins deux ans avec leurs employeurs ont trouvé un emploi tout de suite après avoir quitté ce dispositif. Sur une période plus longue, un an et demi après la fin du contrat "emploi jeune", ils sont 85% à avoir trouvé un emploi, un CDI pour une très grosse majorité d'entres eux (72%). Une réussite à nuancer cependant. Alors que l'emploi jeune était initialement destiné aux jeunes peu qualifiés, loin du marché du travail, 19% des jeunes embauchés sur ce type de contrat étaient titulaires d'un diplôme bac+2 ou supérieur.

Le coût
Martine Aubry promet un impact pour neutre pour les finances publiques des emplois d'avenir dont le coût est estimé entre 3 et 3,6 milliards d'euros. Une facture qui serait financée par le rétablissement des cotisations sur les heures supplémentaires.

En novembre1996, Dominique Strauss Kahn alors en campagne pour les législatives avait expliqué qu'il n'avait pas besoin de plus d'argent pour financer les emplois jeunes, qu'il fallait simplement "mieux utiliser" l'argent public en supprimant par exemple le Contrat Initiative Emploi (CIE) mis en place par Jacques Chirac qu'il jugeait assez peu efficace (voir la vidéo). Ce dispositif sera finalement conservé. En 2000, selon un rapport d'information du sénat qui souligne par ailleurs la difficulté de chiffrer précisément le coût de la mesure, la charge budgétaire de ces emplois jeunes s'élèverait à 23.5 milliards de francs en 2000.