"Le service minimum dans les installations portuaires n'est pas à l'ordre du jour"

Thierry Mariani, qui accompagne Nicolas Sarkozy au Havre ce jeudi, estime que les six prochains mois seront décisifs pour évaluer les retombées de cette réforme.
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Qu'est-ce que cette réforme va changer pour les ports français ?

Avec les signatures mi-avril des conventions collectives qui encadrent le nouveau statut des 6.500 salariés, dont 900 changent d'employeur, nous venons de boucler la dernière étape de la réforme portuaire. C'est une des grandes réformes de ce quinquennat. C'est un sujet complexe avec des problèmes certains mais il s'agit de préparer l'avenir et d'adapter les ports français à la concurrence internationale. Nicolas Sarkozy pourra l'inscrire à son bilan. Elle comporte deux axes. D'abord, moderniser la gouvernance en associant étroitement les acteurs économiques (industriels, armateurs, transporteurs, syndicats, organisations professionnelles) au pilotage de l'activité portuaire. Les présidents des conseils de surveillance des sept grands ports français sont désormais issus de la communauté économique. Ensuite, recentrer le rôle de l'État sur ses missions régaliennes comme la gestion du domaine ou la police du port. Le reste doit relever de l'initiative privée.

Estimez-vous que cette réforme sera suffisante pour enrayer la perte de parts de marché des ports français ?

Il y aura un avant et un après la réforme portuaire. Il est certain qu'il aurait été peut-être plus facile de ne rien faire. Mais Nicolas Sarkozy tient personnellement à remettre les ports français au niveau des ports internationaux. Cette réforme vise à restaurer leur fiabilité et leur productivité. Il faut également renforcer leur ancrage et leur desserte terrestre. C'est l'un des objectifs du schéma national des infrastructures de transport qui vise à assurer une cohérence entre le fluvial, le ferroviaire et les ports. Ainsi le canal Seine-Nord, un investissement de 4,3 milliards d'euros, va considérablement renforcer l'« hinterland » du port du Havre, le 2e port français.

La CGT dénonce le manque d'investissements depuis des dizaines d'années dans les ports...

L'État a débloqué 2,4 milliards d'euros pour le développement des infrastructures portuaires. Le problème des ports français, ce n'était pas le manque d'investissements mais le manque de fiabilité sociale. Relisez le rapport de la Cour des comptes sur les raisons qui expliquent la situation des ports français, et en particulier celui de Marseille.

Vous donnez combien de temps aux ports français pour qu'ils reviennent dans la course ?

Les six prochains mois seront cruciaux. Pour restaurer leur compétitivité, il faut montrer que les ports français sont aussi fiables que ceux de Rotterdam ou d'Anvers. La géographie joue en faveur de nos ports qui disposent en outre de très bons équipements et outillages. Certains, comme Marseille ou Le Havre, bénéficient de réserves foncières importantes pour leur développement. Aujourd'hui, la moitié des marchandises qui arrivent en France par la mer sont débarquées dans un port étranger. Si on arrive à récupérer 50 % de ce trafic, cela créera 1.000 emplois directs et encore plus d'emplois induits.

À peine nommé en novembre dernier, vous avez provoqué des semaines de grèves dans les ports en annulant l'accord sur la pénibilité négocié à grand-peine. Le regrettez-vous ?

Non, car la loi doit être la même pour tous. Le prétendu « accord » qui nous était proposé en novembre prévoyait des départs anticipés jusqu'à quatre ans avant l'âge légal, c'est-à-dire 58 ans, quand la nouvelle loi portait l'âge de la retraite à 62 ans pour tous les Français. Il n'était pas question pour le gouvernement de créer un précédent. Au passage, le nouvel accord est entièrement financé par les partenaires sociaux alors que le précédent supposait 140 millions d'euros de la part de l'État... À qui on n'avait pas demandé son avis.

Les dirigeants du Port de Marseille, rejoints par leurs grands clients les pétroliers, demandent l'instauration d'une forme de service minimum dans les ports. Y êtes-vous favorable ?

Ce n'est pas à l'ordre du jour. La question ne se pose plus dans ces termes dès lors que l'activité de manutention est entièrement transférée aux entreprises. Aujourd'hui, je préfère parier sur la responsabilité des acteurs économiques. Par leur attitude correcte pendant la négociation, les syndicats ont d'ailleurs montré qu'ils avaient compris que le retour à la fiabilité est aussi dans leur intérêt.

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