Les promesses de Sarkozy aux agriculteurs français

A l'occasion d'un échange avec des agriculteurs, le président leur a assuré que la France s'opposerait à toute baisse du budget de l'Europe agricole et qu'il n'accepterait pas de sacrifier ses éleveurs sur l'autel d'un accord de libre-échange en négociation entre l'Union européenne et l'Amérique du Sud.
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En visite dans le Pas-de-Calais, Nicolas Sarkozy a cherché à montrer aux agriculteurs français qu'il restait à leur côté. D'où son discours très offensif sur la réforme de la Politique agricole commune (PAC). Le Président français a insisté sur le fait qu'elle devrait se faire avec une enveloppe inchangée "à l'euro près".

"Si l'on ne peut pas comprendre cela, la France bloquera", a-t-il ajouté lors d'une table ronde avec des agriculteurs organisée à Arras. "Ma capacité à accepter un compromis sur cette ligne rouge, c'est zéro plus zéro." "Qu'il y ait des tentations d'aller barboter ici où là, je le sais, mais il faut vite s'arrêter parce que ce sera sans la France et la France a beaucoup d'amis."

La PAC représente un tiers du budget européen, à égalité avec les aides aux régions pauvres, et la volonté des pays riches de l'UE, France et Allemagne en tête, de stabiliser le budget européen de 2014 à 2020 entraîne certains Etats membres à réclamer des coupes dans les dépenses agricoles.

Les éleveurs bovins français redoutent les importations brésiliennes

Nicolas Sarkozy a aussi été interpellé par les agriculteurs sur un autre sujet qui inquiète dans les campagnes françaises, les négociations Europe-Amérique latine en vue de la création de la plus grande zone de libre échange au monde.

Une étude publiée fin avril pour le compte de la Commission européenne a chiffré à plus de 3 milliards d'euros les pertes de revenus annuels à l'horizon 2020 pour le secteur agricole européen si ces pourparlers relancés l'an passé après six années de blocage aboutissaient, comme prévu, en 2011. Les éleveurs bovins seraient particulièrement touchés du fait des importations en provenance de pays comme le Brésil. "Je ne peux pas l'accepter. Je ne l'accepterai pas", a indiqué le chef de l'Etat, en ajoutant que "le Brésil doit comprendre qu'il doit y avoir une ligne rouge".

Accueillant Nicolas Sarkozy dans la matinée dans sa ferme d'Héricourt, un petit village du Pas-de-Calais, Mickaël Poillion avait voulu l'alerter sur un accord UE-Mercosur qui, selon lui, "sacrifie l'élevage européen". Ce jeune agriculteur avait été un des interlocuteurs choisi pour dialoguer avec le président lors de l'émission Paroles de Français, en février sur TF1.

Les agriculteurs moins hostiles au chef de l'Etat que les autres Français

Il s'agissait du dixième déplacement de Nicolas Sarkozy sur le thème de la ruralité ou de l'agriculture depuis les régionales de 2010, où la droite n'avait réussi qu'à conserver une seule région dans l'Hexagone. Depuis, sa cote de popularité dans le monde agricole est remontée juste au-dessus de 50%, alors qu'elle avait touché un plus bas de 32% en août, selon l'institut de sondage Ifop.

Une enquête Terre-net/BVA publiée début avril dans l'optique de la présidentielle de 2012 montre que l'électorat agricole le placerait en tête au premier tour mais avec un score (32% à 34% en fonction de ses adversaires) bien loin des 51% des suffrages recueillis auprès de cette population en 2007. Marine Le Pen est, elle, créditée dans la même enquête de 30% des suffrages agricoles alors que son père n'en avait obtenu que 7% à la dernière présidentielle.

Le gouvernement promet de nouvelles mesures si la sécheresse se confirme

La sécheresse qui affecte plusieurs régions agricoles a également été évoquée lors de cette visite, même si la situation dans le Pas-de-Calais n'est pas préoccupante sur ce front. Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a indiqué que le gouvernement était prêt à prendre de nouvelles mesures si nécessaire après avoir autorisé mardi les agriculteurs à utiliser les jachères pour nourrir leurs animaux.

"Si d'autres mesures complémentaires d'ici quinze jours à trois semaines doivent être prises parce qu'il n'aurait pas plu, notamment sur des territoires qui sont au nord de la ligne entre Bordeaux et Strasbourg, on les prendra. On ne laissera pas tomber les agriculteurs", a-t-il dit à la presse. A la question de savoir si un impôt sécheresse pouvait être envisagé, il a répondu : "On n'en est pas là".

 

Commentaires 12
à écrit le 13/05/2011 à 15:31
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Sarko leur a promis le menu habituel : Entrée : Salade. Plat : Daube. Dessert : Flan. Bref, les seuls plats qu'il connaît.

à écrit le 13/05/2011 à 10:30
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Ce ne sont que des propos démagogiques à un an des prochaines élections: la France a accepté depuis longtemps le démantèlement de la PAC. Il en est de même de la politique de la pêche: depuis que les Sarkozy, ministres, élus,... promettent de la défe...

à écrit le 13/05/2011 à 8:47
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Tant que les aides et subventions seront assujetties à la possession d?hectares, que les anciens agriculteurs ne pourront pas partir en retraite sans repreneur familial, si ce n?est à brader leurs terres aux grosses Entreprises agricoles (qui n?ont p...

à écrit le 13/05/2011 à 7:17
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il faut pourtant faire du ménage dans les aides agricoles. VOIR cette année où les matiéres premieres blé,maîs ont flambé et pourtant il vont encore toucher de belles subventions.aucun doute il fait du clientellisme;

à écrit le 13/05/2011 à 6:54
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Le monde agricole pardon le monde de la FNSEA (ancien dirigeants toujours bien casés) bras séculier de la droite depuis des décennies qui a "défendu" l'agriculture française à coup de subvention de l'UE est dans un combat d'arrière garde car la PACA ...

à écrit le 12/05/2011 à 20:26
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Le 1er comble, ce sont les agriculteurs qui doivent s'inscrire au RSA pour survivre, étouffés par la fuite en avant de l'endettement et de la misère consécutive au pillage de leurs valeur ajoutée par les centrales d'achats organisées en prédateurs pa...

à écrit le 12/05/2011 à 19:14
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Que peut encore un Président dévalué,que A. Merkel compare à Louis de Funès et qui n'existe plus en France ? Ridicule.

à écrit le 12/05/2011 à 18:01
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Quelle valeur peut avoir une parole aussi dévaluée? Pauvres agriculteurs: les 35 H, ils ne connaîtrons jamais, mais la misère, ils la touchent du doigt...s'ils disparaissent, nous perdons la plus grande force qui reste à La France: la suffisance alim...

le 13/05/2011 à 10:03
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Oui, et d'autant plus que la consommation de viande de porc va bientôt être interdite en France!.

à écrit le 12/05/2011 à 16:26
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Et il a aussi promis que le Père Noël leur donnerait une hausse énorme des revenus !

à écrit le 12/05/2011 à 15:57
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Au train ou va la concentration agricole, il n'y aura bientôt plus d'exploitations sinon une poignée que l'on peut nommer "industra" comme industries agricoles. La PAC joue son rôle qui nous fait passer des 4 millions d'avant guerre aux 50 secs de bi...

le 13/05/2011 à 10:01
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Vous prévoyez des kolkhozes?.

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