Les étudiants de plus en plus précaires face à la santé

Selon la 3ème enquête nationale de la Mutuelle des Étudiants, de plus en plus d'étudiants sont en situation de précarité et négligent leur santé.
Un étudiant sur cinq renonce à se soigner faute de moyens.

A l'heure où la contestation de la jeunesse européenne contre la précarité monte, la 3ème enquête triennale nationale que publie ce jeudi la Mutuelle des Etudiants (LMDE) vient enfoncer le clou sur la dégradation de la situation sociale des jeunes. Ce d'autant plus que la population étudiante est, a priori, moins défavorisée que les bataillons de jeunes qui n'accèdent même pas à l'enseignement supérieur (42 % seulement d'un classe d'âge en sort diplômée). Les étudiants touchés sont de plus en plus nombreux, qu'ils soient boursiers ou non.

Réalisée avec l'Observatoire Expertise et Prévention pour la Santé des étudiants (EPSE) auprès de 8.700 étudiants de toutes les académies, cette enquête exhaustive (159 questions) dresse un état des lieux inquiétant de la situation des étudiants français. Un étudiant sur deux vit en effet avec moins de 400 euros par mois et 26% déclarent rencontrer des difficultés à "joindre les deux bouts" pour leurs dépenses structurelles (alimentation, santé, logement, électricité...).

"La précarité sociale des étudiants se renforce, s'alarme Gabriel Szeftel, le président de la LMDE. Ils deviennent plus dépendants de leur famille ou doivent multiplier les petits jobs." Pour les trois quarts des étudiants, la famille "constitue la principale source de revenus, loin devant les aides sociales" relève l'enquête, indiquant que seulement 38% des étudiants bénéficient de ces aides (bourses sur critères sociaux, aide au logement, allocations familiales). Quant à ceux qui doivent travailler, ils sont 20% à estimer que cela pèse sur la réussite de leurs études.

Renoncement aux soins

Cette précarisation a aussi de fortes incidences sur la santé, qui est de moins en moins prise en compte, faute de moyens : 19% des étudiants interrogés ne bénéficient pas d'une complémentaire santé, contre 7% pour la moyenne nationale et 13% lors de la première enquête nationale, en 2005. Pire, un véritable phénomène de "renoncement aux soins" est, selon Gabriel Szeftel, en train d'émerger. Un bon tiers des étudiants renonce à consulter (contre 24 % en 2005) et un sur cinq aux traitements médicaux qui leur sont prescrits. Les spécialistes qui pratiquent le dépassement d'honoraire sont boudés. Une étudiante sur deux n'a par exemple pas vu de gynécologue depuis 1 an. Ces constats ne sont pas nouveau, plusieurs études précédentes les ayant relevé (comme celle de la société mutualiste des étudiants franciliens Smerep il y a 10 jours).

Dispositifs régionaux

"Il faut sortir du temps des constats et des rapports et investir massivement pour enrayer ce phénomène de renoncement aux soins", plaide Gabriel Szeftel. La LMDE. La mutuelle réclame donc un plan santé pluriannuel avec l'instauration d'un chèque santé annuel de 200 euros minimum pour tous les étudiants. "Nicolas Sarkozy l'avait promis en 2007", rappelle le président de la LMDE. En l'absence de dispositif de l'Etat bénéficiant au plus grand nombre (donc plus large que les bénéficiaires de l'aide au paiement d'une complémentaire santé ou ACS), ce sont une fois de plus les collectivités territoriales qui pour l'heure mettent la main à la poche.

Quelques régions ont ainsi mis en place une aide à l'acquisition d'une couverture santé : 100 euros pour les boursiers en Ile-de-France et dans le Centre, prise en charge partielle des frais dans les Alpes-Maritimes, en Champagne-Ardenne ou encore en Picardie... La LMDE recommande aussi de créer des maisons de santé sur les campus afin de proposer une offre de proximité sans dépassement d'honoraires et pratiquant le tiers payant ainsi qu'un plan pluriannuel de recrutement de personnels de médecine préventive universitaire, très peu valorisée. "La visite médicale obligatoire en 3ème année de licence n'est suivie que par un tiers des étudiants. Nous demandons une visite obligatoire dès la première année mais aussi avant l'entrée en deuxième cycle", explique Gabriel Szeftel.

Outre l'aggravation de la précarité de la jeunesse, c'est une réelle problématique de santé publique qui se pose, selon lui, puisque ce moindre suivi médicale et cette absence de prévention ne peuvent qu'aggraver à long terme les dépenses de santé.

Commentaire 1
à écrit le 23/05/2012 à 18:06
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M. Szeftel, faites un peu de ménage chez vous. Je suis adhérent à la LMDE et j'attends un remboursement depuis le mois de décembre, et nous sommes le 25 Mai 2012. Il est évident que l'on hésite à se faire soigner quand les remboursements sont aussi l...

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