Enseignants : Chatel change sa politique de communication sur les effectifs

Sans revenir sur les suppressions de postes, le ministre de l'Education nationale préfère communiquer sur « 17.000 embauches » en 2011. Une grande campagne de communication sera lancée ce mercredi. Mais les postes ouverts aux concours enseignants continuent de baisser.
Luc Chatel promet de maintenir le nombre de classes dans le primaire en 2012.

C?est une nouvelle façon de présenter les choses pour calmer le jeu chez les enseignants avant la présidentielle de 2012. Le gouvernement ne change rien à sa politique de non remplacement d?un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, dont l?Education nationale est la première "contributrice" ; seulement, il préfère désormais communiquer sur les recrutements, avec un chiffre opportunément sensiblement supérieur à celui des suppressions de postes.
Seize mille suppressions de postes d?enseignants sont bien toujours prévues à la rentrée 2011 (soit 65.000 depuis 2007), et le chiffre 2012 ne devrait pas être très loin. Mais la maison Education allume un contre-feu de communication ce mercredi en lançant une grande campagne de recrutement (radio, presse écrite, Web) estimée à 1,3 million d?euros. "J?embauche 17.000 personnes", n?hésite pas à clamer Luc Chatel dans le "JDD" ce dimanche. Le rectorat de Paris a déjà donné un avant-goût de ce genre de publicité jeudi, en organisant avec Pôle Emploi une journée de recrutement d?enseignants non titulaires pour pourvoir des postes de remplaçants dans une vingtaine de disciplines. Une première très largement relayée par la presse.

11.500 postes d'enseignants ouverts en 2011

Mais sur le fond, rien ne change. Pour arriver à ses 17.000 recrutements, le ministre de l?Education compte aussi les agents administratifs, les personnels de santé scolaires... En fait, sur le nombre de postes offerts aux concours externes d?enseignants 2011, lui, ne progresse pas. Bien au contraire, il baisse : 11.600 postes sont offerts à la session 2011 (3.000 dans le primaire et 8.600 dans les secondaire) contre 15.125 en 2010 et 18.600 en 2008. A tel point que les enseignants craignent une désaffection pour la profession. En cause, la réforme de la formation des enseignants qui élève la qualification au niveau master (bac + 5) mais conduit à une entrée dans le métier plus difficile en supprimant l?année de stage en alternance. La campagne de recrutement compte mettre l?accent sur la revalorisation du métier (+ 10 % en 2010), indique dans le JDD Luc Chatel, mais seuls les débuts de carrière ont été augmentés. Selon le ministère, près de 1 milliard d?euros de pouvoir d?achat a été octroyé aux enseignants depuis 2007, mais ce chiffre ne concerne pas tous les enseignants (débuts de carrière, correction des copies du baccalauréat, évaluations en CE1 et CM2?) et est dû pour 35 % aux heures supplémentaires, utilisées seulement dans le secondaire. Selon le SE-Unsa, les écarts de rémunération entre les enseignants et les "cadres" (catégories A) des autres fonctions publiques et du privé vont de 20 % à 60 %.

Menace pour septembre


Seule concession de la part du ministre : la promesse du maintien d?un nombre constant de classes en primaire en 2012, après la suppression cette année de 1.500 classes. Les effectifs en "surnombre" étant en train d?être résorbés par les suppressions de postes, Luc Chatel convient qu?il a moins de marge de manoeuvre et que le primaire nécessite un "traitement spécifique". Son "objectif" est donc "qu?à la rentrée 2012, il y ait autant de classes qu?à la rentrée 2011". Ce qui ne veut pas dire qu?aucune classe sera fermée mais qu?il y aura autant d?ouvertures que de fermetures. Pas sûr pour autant que cette communication soit suffisante pour susciter les vocations alors que la fonction publique fait déjà moins d?émules que par le passé chez les étudiants d?université. Pas sûr non plus qu?elle calme les syndicats d?enseignants. Le premier d?entre eux, la FSU, a déjà laissé vendredi la menace d?une grève dans l?éducation dès la rentrée de septembre.
 

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