La Défense lance son Pentagone mais peine à vendre son patrimoine

Par Patrick Coquidé  |   |  602  mots
Infographie La Tribune/BHEDOUIN
La signature, avec Bouygues, du contrat de construction du nouveau ministère de la Défense est intervenue le 31 mai.

C'est avec quatre semaines de retard sur le calendrier prévu que l'Etat, par la signature de Gérard Longuet, le ministre de la Défense, a paraphé, mardi, avec Bouygues le contrat de partenariat public privé (PPP) pour la construction du nouveau ministère de la Défense, à Balard dans le XVème arrondissement de Paris. Les travaux devraient commencer en janvier 2012.

Fin 2014, les 10.000 militaires et civils des trois états majors des Armées, de la Direction générale pour l'armement (DGA), de l'administration centrale du ministère et du cabinet du ministre, devraient - en principe- être réunis dans ce "Pentagone à la française" de 16 hectares.

En décembre 2007, lors d'un comité de RGPP, Nicolas Sarkozy avait avalisé le recours au PPP pour cette opération emblématique. Le privé - en l'occurence un consortium d'entreprises mené par Bouygues avec un "pool" bancaire composé de Natixis, Dexia, Société Générale et BBVA, prend en charge la réalisation puis le fonctionnement du nouveau ministère pendant vingt-sept ans, l'Etat versant un loyer mensuel de 130 millions d'euros, représentant les 3,5 milliards du contrat.

Exception faite de l'Hôtel de Brienne, dans le VIIe arrondissement où est installé le ministre de la Défense et son cabinet, la douzaine de sites parisiens abritant les militaires arrivant à Balard sont promis à la vente. L'Etat escompte tirer 600 millions d'euros de ces cessions, soit l'équivalent du coût brut de la construction du ministère.

La crise est passée par là

Sauf qu'entre 2007, date du recours au PPP et aujourd'hui, la donne financière a bien changé pour la Défense. La loi de programmation militaire (LPM) 2009/2014 avait prévu la cession de 2 milliards d'euros de biens immobiliers affectés aux armées afin de financer les investissements et les programmes d'armement. A la différence des autres ministères (voir encadré), la Défense a obtenu de pouvoir récuperer la totalité du produit des cessions de ses biens, et ainsi d'être exonérée jusqu'en 2014 de participer à l'effort de réduction de l'endettement public. Mais la crise est passée par là. Jusqu'à présent, l'armée peine à vendre ses biens immobiliers, souvent difficiles à placer notamment pour les emprises parisiennes : en 2009, elle n'a dégagé que 65 millions d'euros, et 100 millions en 2010 alors que la loi de finances prévoyait sept fois plus. Heureusement que le plan de relance a octroyé 200 millions d'euros à la Défense pour moderniser ses infrastructures...

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D'ici à 2012, l'Etat espère avoir cédé 1.700 immeubles à travers toute la France

Portée au rang de priorité au milieu des années 2000, la politique immobilière de l'Etat est souvent jugée à l'aune des cessions réalisées. Avec un patrimoine total estimé à 80 milliards d'euros auxquels il convient d'ajouter les biens des opérateurs, l'Etat a désormais une vision assez claire de ses propriétés. C'est dans ce contexte que depuis 2005, l'Etat vend un certain nombre de ses biens. En 2010, ces cessions ont rapporté 502 millions d'euros, selon Les Echos, soit bien moins que les 900 millions prévus dans le budget initial. Pour l'exercice en cours, l'Etat s'est fixé un objectif modeste de 400 millions d'euros de cessions. Un résultat qui devrait être obtenu via notamment les ventes réalisées dans le cadre du programme de cessions annoncées par François Baroin l'an dernier. La réalisation de ce plan, qui porte sur 1.700 biens dont une majorité en province, doit contribuer au désendettement de la France puisqu'une partie du produit des ventes est affectée à la réduction de la dette.

Anne Eveno