Cergy-Pontoise, Evry, Marne-la-Vallée, Versailles Saint-Quentin. Quatre universités dans le vent. Snobées par les grandes parisiennes, les universités des villes nouvelles ont pourtant été créées il y a vingt ans pour leur rendre service. En 1991, elles voient le jour dans le cadre du plan Jospin "Universités 2000" pour désengorger les grandes parisiennes, confrontés à la massification des études supérieures. "Il s'agissait aussi d'animer ces territoires à la population jeune pour répondre à leurs besoins en matière d'enseignement supérieur. Il y avait donc une double gageure", explique Françoise Moulin-Civil, présidente de l'université de Cergy-Pontoise.

Liens avec le monde économique

Vingt ans après, ces universités font figure de pionnières à plus d'un titre. C'était d'ailleurs un des thèmes abordés ce mardi 14 juin lors du colloque qui leur était consacré à la BNF. "Le législateur ayant positionné ces universités dans le champ de la proximité, elles se sont d'emblée développées sur des originalités telles que la professionnalisation et les partenariats avec le monde économique et la recherche", fait valoir Richard Messina, président de l'université d'Evry Val d'Essonne. Cergy s'est ainsi créée à partir de l'IUT existant et toute ont misé sur l'apprentissage, qui concerne aujourd'hui de 20% à 23% de leurs étudiants. Elles ont tissé très vite des liens avec les entreprises de leur territoire.

"Nous sommes plus innovantes en matière d'insertion professionnelle", fait valoir Sylvie Faucheux, présidente de Versailles Saint-Quentin, qui dispose de six chaires industrielles. Cergy Pontoise a ainsi développé des masters avec Veolia ou encore Orange. "Il y a eu moins de réticences vis-à-vis des entreprises dans les universités nouvelles", estime Françoise Moulin-Civil. Les taux d'insertion en master dépassent les 90%. Et si ces université pluridisciplinaires misent sur leurs diplômes professionnels, elles ont aussi développé des compétences spécifiques en matière de recherche. "Dès le début, nous avons fixé nos priorités scientifiques. Nous sommes aujourd'hui reconnus à l'international en mathématiques, en informatique et sur la ville", indique Francis Godard, qui préside l'Université Paris-Est Marne-la-Vallée. Evry est aujourd'hui réputée en génomique.

Seulement, si elles ne sont désormais plus seules au milieu des champs de betteraves et ont quelque part préfiguré les réformes en cours, elles doivent réinventer leur futur. Elles jouissent d'une bonne attractivité sur leurs territoires respectifs au niveau licence mais doivent faire face à la concurrence des parisiennes à partir du master. Leurs effectifs d'ailleurs stagnent entre 9.000 (Evry) et 18.000 (Cergy-Pontoise). Du coup, elles multiplient les mesures d'attractivité en direction des étudiants mais aussi des enseignants-chercheurs (bourses d'excellence, décharges d'enseignement). Autre défi : ne pas disparaître corps et âme dans le maquis des regroupements et des appels à projet du grand emprunt qui font la part belle aux grandes institutions.

Cergy et Versailles Saint Quentin préparent leur fusion

Elles s'ingénient donc à trouver leur place au sein d'alliance mais celles-ci ne coulent pas toujours de source. Marne-la-Vallée s'est rapproché de Créteil et de grandes écoles (Ponts, ...) au sein du pôle Paris Est. Cergy Pontoise et Versailles Saint-Quentin, pourtant déjà présentes dans des regroupements (Cergy University et UniverSud, membre de Saclay) vont créer un nouveau pôle fin 2011 et n'excluent pas à terme une fusion. Quant à Evry, quelque peu écrasée par Saclay, mais qui a aussi un pied dans le pôle UniverSud et elle espère toujours un mariage à trois avec Versailles et Paris 11.