Hauts salaires : le bras de fer s'engage avec les grands patrons

Par Anne Eveno  |   |  487  mots
Copyright Reuters
Xavier Bertrand se dit favorable à ce que les fortes rémunérations ne soient plus déductibles de l'impôt sur les sociétés.

L'exécutif ne relâche pas la pression. Et la rencontre ce mercredi soir entre l'Afep, l'Association française des entreprises privées, et Xavier Bertrand, promet d'être polie mais musclée. Le ministre du Travail, après avoir qualifié les rémunérations versées à certains dirigeants "d'extravagantes", a précisé les voies que le gouvernement entendait explorer afin d'être en mesure de présenter un dispositif sur ce sujet à l'automne.

Selon Xavier Bertrand, deux pistes sont possibles. Soit la taxation de ces rémunérations, soit les rendre - à partir d'un certain montant - non déductibles de l'impôt sur les sociétés. Le ministre a confessé préférer cette dernière solution. Dans les deux schémas, ce serait donc l'entreprise qui supporterait le coût de ce prélèvement supplémentaire.

Une option que conteste clairement Maurice Lévy, le président de l'Afep. Opposé à toute loi sur les rémunérations des dirigeants, il estime que «les entreprises doivent décider par elles-mêmes quelle doit être la rémunération des différents cadres de l'entreprise», et que le gouvernement ne doit pas pousser «au découragement» par la taxation des entreprises. A l'appui de ce plaidoyer, Maurice Lévy cite une étude du cabinet Aon Hewitt selon laquelle les dirigeants français ne figurent pas parmi les mieux rémunérés. Les patrons français sont ainsi devancés par leurs homologues américains, suisses, britanniques, espagnols et allemands. «On ne peut pas dire que les dirigeants français ont des rémunérations abusives par rapport à ce qui se fait en Europe ou aux Etats-Unis» insiste le patron de Publicis, même s'il reconnaît «ici ou là des situations choquantes» que les conseils d'administrations doivent régler.

Ceci posé, Maurice Lévy, à titre personnel, paraît prêt à donner des gages de bonne volonté à l'exécutif en affirmant ne pas avoir d'objection «à ce que les salaires les plus élevés contribuent davantage dans les périodes difficiles». Quant à la forme que pourrait prendre ce prélèvement, Maurice Lévy est demeuré assez vague, évoquant une taxation particulière de tout les revenus ou l'instauration d'une nouvelle tranche supérieure de l'impôt sur le revenu.

Par ailleurs, concernant la prime contre dividendes, le président de l'Afep souligne que les grandes entreprises considèrent qu'il est normal qu'il «il y ait une prime au sortir de la crise»; Mais il estime que cette prime devrait être ponctuelle et négociée au sein de l'entreprise. Il a souhaité également qu'une réflexion soit engagée sur la refonte de tout le système de participation et d'intéressement. La tonalité est un peu différente du côté des actionnaires du CAC 40 lesquels sont inquiets du projet gouvernemental selon une étude de Capitalcom et DLA Piper publiée ce mardi.