Fiscalité : "Il est encore temps de lancer une grande réforme"

Par Propos recueillis par Fabien Piliu  |   |  283  mots
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L'avis de Philippe Aghion Enseignant à Harvard, et à l'École d'économie de Paris

« Le dernier projet de loi de finances du quinquennat peut encore donner l'occasion à un ministre de l'Économie d'agir. Notamment via une réforme d'envergure de la fiscalité. Comme le préconise le récent rapport du Conseil d'analyse économique (CAE) intitulé « Crise et croissance, une stratégie pour la France », on peut supprimer une grande partie des 500 niches qui composent la fiscalité française. Je pense essentiellement aux niches qui ont un faible rendement en termes de croissance contrairement aux dépenses que leur suppression permettrait de financer. On peut citer deux exemples : l'exonération sur les plus-values sur titres de participation pour celles acquises à compter du 1er janvier 2007. Celle-ci profiterait aujourd'hui à environ 6.200 entreprises, mais les dix premières bénéficiaires concentreraient la moitié du coût du dispositif qui est au total d'environ 10 milliards d'euros par an. On pourrait aussi s'intéresser à la réduction d'impôt sur le revenu pour des investissements productifs réalisés dans les DOM-TOM avant 2017 qui bénéficie à 8.600 ménages, pour un coût de 700 millions d'euros. En nettoyant toutes les niches peu productives, Bercy dégagerait une vingtaine de milliards d'euros. Avec cette manne, le ministre de l'Économie pourrait à la fois s'assurer de tenir ses engagements de réduction de déficit budgétaire. Parallèlement à cet objectif de court terme, il pourrait financer en partie des investissements innovants dont les effets ne se produiront qu'à long terme. En partie seulement. Parce que les montants annuels de ces investissements s'élèvent à plusieurs dizaines de milliards d'euros, il faut que le ministre de l'Économie trouve les moyens, toujours par la réforme, de favoriser fiscalement les investissements de long terme. »