Finances publiques : "Stimuler les recettes fiscales de l'État et réduire les dépenses"

Par Propos recueillis par Fabien Piliu  |   |  386  mots
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Par Michel Didier Président de Coe-Rexecode

« La France navigue au milieu d'une mer très agitée. Le risque de tempête est élevé. Son capitaine doit donc répondre à l'urgence. Or, celle-ci ne relève pas de la politique intérieure mais de ce qui se jouera lors des prochaines négociations internationales. Je pense évidemment à la réunion du Conseil européen aujourd'hui, à Bruxelles, mais également au prochain G20, qui se déroulera à Cannes en novembre. Lors de ses rendez-vous, le ministre de l'Économie devra asseoir la crédibilité économique de la France au niveau international en convainquant ses interlocuteurs qu'elle mérite encore et toujours de bénéficier de la note maximale accordée par les agences de notation. Nos partenaires, nos créanciers, les agences doivent absolument être rassurés par l'état de santé de notre économie.

Dans ce contexte, comment procéder ? En affichant sa volonté de respecter la politique des finances publiques prévue par le programme de stabilité sur la période 2011-2014 qui doit ramener le déficit budgétaire à 2 % du PIB en 2014. Le projet de loi de finances 2012 devra donc mettre l'accent sur les efforts de rigueur qu'il convient de poursuivre grâce à quelques mesures de rendement permettant de stimuler les recettes fiscales de l'État et de réduire ses dépenses. En revanche, il ne faut pas s'attendre à ce qu'il bouleverse la fiscalité des particuliers et des entreprises.

Sur le plan de la politique économique intérieure, on peut dire que la France est maintenant sur des rails. Le gouvernement a multiplié les réformes depuis 2007. Il faut simplement attendre qu'elles portent leurs fruits. Compte tenu du calendrier électoral, il est peut-être un peu tard pour lancer de grandes réformes qui pourraient être mal comprises par l'opinion publique, à l'exception de celle portant sur le financement futur de la dépendance. Mais ce ne sera évidemment pas réglé d'ici avril parce que c'est un chantier au long cours.

Je le répète et insiste, toutes les questions relatives à la politique intérieure de la France ne se poseront pas si le monde entier estime que la France n'est plus en capacité de faire face à ses échéances. Si la note de la France était dégradée, on passerait rapidement de la rigueur à l'austérité. »