Ecole primaire : cette fois "la coupe est pleine"

Par Agathe Machecourt  |   |  583  mots
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Les syndicats d'enseignants appellent à la grève pour dénoncer la suppression de près de 9.000 postes

Cette année encore, les enseignants seront dans la rue. Dans l'Education nationale, les années se suivent et se ressemblent. Mais à force de marteler les mêmes revendications, à chaque rentrée, le message des enseignants finit par tomber dans l'oreille d'un sourd. Sauf que cette année, les choses pourraient évoluer, doucement.

« Nous avons mené et gagné une partie de la bataille d'opinion », a déclaré Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp, le principal syndicat enseignant. Chiffres à l'appui. L'éducation serait en deuxième position des sujets importants, après l'emploi et avant la santé et le pouvoir d'achat, selon un sondage réalisé par l'institut CSA. Et 50 % des français jugeraient « tout à fait prioritaire » que les pouvoirs publics donnent plus de moyens à l'école maternelle et élémentaire. Un français sur deux toujours, considèrerait que les mesures prises par le gouvernement vont «plutôt dans le mauvais sens ». Un constat sans appel.

Pour celui qui porte la parole des « parents pauvres » de l'éducation, puisque les enseignants du primaire sont recrutés au même niveau d'études que ceux du secondaire pour un salaire bien inférieur, « la coupe est pleine ». Près de 9.000 postes sont supprimés à la rentrée, alors que le nombre d'élèves augmente. Les 1.500 classes qui seront fermées auront notamment pour impact l'abaissement - à nouveau - du taux de scolarisation des enfants de moins de trois ans, selon Sébastien Sihr. Ce taux, qui était de 30% en 2000 aurait aujourd'hui été divisé par deux. La conséquence : les zones prioritaires, pour lesquels la scolarité des enfants de moins de 3 ans est primordiale, sont les premières touchées.

A cela s'ajoute la suppression des 600 postes RASED qui aidaient jusqu'à présent 30.000 élèves en difficulté. Le non renouvellement des EVS (emplois vie scolaire), des aides administratives sous contrat précaire, laissera, quant à lui, près de 6000 écoles sans assistance administrative. Ainsi, les directeurs d'école, pour qui cette aide était précieuse, se retrouvent aujourd'hui dans une « situation critique », dénonce le secrétaire général du syndicat enseignant. Ces professeurs des écoles - il n'existe pas de statut « directeur d'école » - aux responsabilités élargies et dont les tâches varient de l'encadrement des enseignants, à la gestion administrative de l'école, en passant par la gestion et l'organisation d'équipes éducatives pour les élèves en difficulté, sont aujourd'hui appelés par le syndicat à « prioriser leurs tâches ». « Les élèves et les familles sont la priorité », insiste Sébastien Sihr, pas les formulaires, enquêtes et autres formalités administratives.

Une situation qui ne semble pas inédite puisque chaque année le corps enseignant subit suppressions de postes et réforme des programmes, du temps scolaire, ou encore, dernièrement de la formation des professeurs des écoles. Un appel à la grève, a été lancé en juin par le principal syndicat enseignant. Jeudi, le Fep-CFDT, principale fédération des enseignants du secteur privé a appelé ses instituteurs à se joindre à ce mouvement de dénonciation des suppressions de postes. Des établissements privés qui scolarisent plus de 2 millions d'élèves, soient 17% des effectifs. L'appel commun « dira bien que les souhaits (du Fep-CFDT) ne sont pas spécifiques à l'enseignement privé », précise le syndicat. « L'Education nationale est mise à mal depuis quelques années par le gouvernement, poursuit le Fep-CFDT, la conséquence est qu'il n'y a plus de priorité accordée à l'éducation ».