Une sonnette d'alarme en guise de cloche pour la rentrée 2011

Après le 1er degré, c'est au tour des enseignants des collèges et lycées d'alerter sur les conditions de la rentrée scolaire 2011. Alors que 4.800 postes vont être supprimés cette année, près de 80.000 élèves supplémentaires sont attendus.
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Alors que les quelques 850.000 enseignants effectuent leur prérentrée cette semaine, leurs syndicats tirent les uns après les autres la sonnette d'alarme. Après le Snuipp-FSU la semaine dernière (principal syndicat du premier degré), c'était au tour du Snes-FSU, son équivalent pour le second degré, de faire un point ce lundi matin sur des conditions de rentrée scolaire particulièrement dégradées. Le SE-Unsa prendra le relais mercredi et le Sgen-CFDT la semaine prochaine.

Cette année encore, les enseignants s'élèvent contre les réductions d'effectifs, dus au non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite : 16.000 nouveaux postes vont être supprimés à la rentrée, soit plus de 65.000 depuis la rentrée 2007. Mais pour le secondaire, "la situation est inédite", s'alarme Frédérique Rolet, co-secrétaire générale du Snes.

Il y a certes moins de postes supprimés qu'en 2010 (4.800 contre 7.000) mais pas moins de 79.536 élèves supplémentaires sont attendus sur les bancs du collège et du lycée à partir de la semaine prochaine. Un afflux sans précédent : une hausse de seulement 21.487 élèves supplémentaires avait été enregistrée en septembre 2010 et les années précédentes, les effectifs ne cessaient de baisser (- 249.143 élèves entre 2004 et 2009). Les défenseurs de la rigueur budgétaire objecteront que l'afflux actuel (+ 101.023 élèves en deux ans) ne suffit pour l'instant pas à retrouver les niveaux du début des années 2000 alors que dans le même temps, le rythme de réduction d'emplois enseignants est moindre (- 45.765 postes depuis 2004). Mais c'est faire peu de cas de la réalité démographique de la France.

Poussée démographique

"La poussée démographique s'accentue et va continuer", alerte le Snes. Le baby-boom de 2000 a "apporté" 25.000 élèves supplémentaires dans les classe de 6e cette année. Et la poussée de 2006 portera cet afflux à près de 50.000 à la rentrée 2016. La natalité se maintenant à des niveaux élevés passés ces paliers (on compte aujourd'hui environ 825.000 naissances par an contre 740.000 en 1995), "ce sont environ 40.000 à 50.000 élèves supplémentaires que nous attendons à terme pendant une quinzaine d'année", projette Daniel Robin, co-secrétaire général du Snes. Les suppressions de postes d'enseignants devant se poursuivre au moins jusqu'en 2013 selon le schéma d'emploi triennal 2011-2013 (14.000 devraient l'être dans le budget 212), sauf en cas d'alternance politique à partir de 2012, les marges de manœuvres régulièrement mises en avant par le ministre de l'Education nationale Luc Chatel (on compte encore 45.267 enseignants de plus et 604.300 élèves de moins qu'en 1990) risquent de bien vite disparaître.

Réformes de la formation et du lycée

D'autant que parallèlement, la réforme de la formation des enseignants et celle du lycée, en vigueur depuis la rentrée 2010, ne facilitent pas la tâche. Elle n'auraient d'ailleurs pour but que de faciliter les suppressions de postes. La première a supprimé l'année de stage en alternance (en IUFM) et jette dans le grand bain à temps plein les jeunes professeurs débutants (outre 3 jours de stage de prérentrée, nombre d'académies n'ont prévu qu'une quinzaine de jours de formation durant l'année scolaire). De quoi décourager les étudiants titulaires d'un master (bac+5, désormais obligatoire) d'embrasser cette profession. Pour preuve, le nombre de places offertes aux Capes externes qui n'ont pas trouvé preneur à la session 2011.

Résultats ? Un recours accru aux contractuels et aux remplaçants. "Certaines académies n'ont déjà plus de remplaçants disponibles, certains ayant été affectés à l'année pour masquer les sous-effectifs", dénonce ainsi Frédérique Rollet. Ce alors que les enseignants doivent mettre en oeuvre la réforme du lycée, qui s'applique cette année en classe de 1ère, avec parfois de véritables défis à relever, comme l'enseignement de certaines disciplines à des classes regroupant des élèves de différentes séries n'ayant pas tous une épreuve en fin d'année.

Le gouvernement va-t-il mettre la pédale douce aux réformes en cette veille d'élection présidentielle ? "Le gouvernement est prêt à lancer de nouveaux chantier avant la fin de l'année, tels ceux des rythmes scolaires et de l'évaluation des enseignants", estime Daniel Robin. Deux chantiers sensibles aux lourdes conséquences pour les enseignants, notamment en terme de temps de service pour ce qui est du raccourcissement des vacances d'été, évoqué depuis 2010. Pour Frédérique Rolet, le gouvernement cherche par cette course aux réformes à rendre plus difficiles d'éventuels retours en arrière ultérieurs.

En attendant, les syndicats se préparent à exprimer leur mécontentement lors de la journée intersyndicale de grève prévue le 27 septembre. Une action "importante" interprofessionnelle est également envisagée pour octobre. "Pour nous, le 27 septembre ne suffira pas", prévient Frédérique Rolet.

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