Paupérisation de la population française en 2009

Par Agathe Machecourt, mise à jour par latribune.fr  |   |  529  mots
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En 2009, 8,2 millions de Français vivaient en dessous du seuil de pauvreté. Le chômage a été la principale cause de cetté dégradation.

En 2009, près de 340.000 Français sont passés sous le seuil de pauvreté tandis que les écarts de revenus se creusaient, révèle une enquête de l'Insee publiée ce mardi. Le niveau de vie (revenu disponible du ménage divisé par le nombre d'unités de consommation) des 10 % de la population les plus modestes était inférieur à 10.410 euros annuels quand celui des 10 % les plus aisés était au minimum 3,4 fois supérieur. Alors que la croissance moyenne annuelle du niveau de vie des 40 % des Français les plus modestes était de 2 % entre 2005 et 2008, elle a diminué pour la première fois entre 2008 et 2009. L'évolution des 60 % les plus aisés, est quant à elle, restée positive.

Avec un niveau de vie médian à 19.080 euros, le seuil de pauvreté (qui correspond à 60 % du niveau de vie médian) s'est établi à 954 euros par mois en 2009. "À titre de comparaison, le RSA s'élève à 455 euros pour une personnes seule", rappelle l'Insee dans son étude. En 2009, 8,2 millions de Français se situaient donc en dessous de ce seuil, soit 13,5 % de la population totale (+ 0,5 point par rapport à 2008).

Principale cause de cette dégradation : le chômage. Avec un taux de 9,8 % parmi les 20 % de la population les moins aisés (+ 1,3 point par rapport à 2008) la hausse du chômage a frappé plus durement ceux dont le niveau de vie était le plus bas (contre + 0,8 point pour l'ensemble de la population, à 4,4 %).

De fait, son évolution a affecté la composition du revenu disponible des ménages les plus modestes : la part des prestations sociales a augmenté de 3 points à 39,3 % en 2009. Une variation qui s'explique par la hausse de la part des allocations chômages à 7,5 % en 2009 contre 6,2 % en 2008, par le versement des primes exceptionnelles mais aussi par la mise en place du revenu de solidarité active (RSA), qui couvre un champ plus large que les ex RMI et API, puisqu'il apporte aussi un complément de revenu à des travailleurs très faiblement rémunérés.

Mais les mesures d'aides mises en place exceptionnellement en 2009 ont également impacté le taux de pauvreté. La prime de "solidarité active" de 200 euros versée au début de l'année 2009 aux foyers bénéficiaires de minima sociaux, et la prime exceptionnelle de 150 euros versée aux familles éligibles à l'allocation de rentrée scolaire ont contribué à une baisse relative de 0,2 point du taux de pauvreté, selon l'Insee.

En revanche, le crédit d'impôt, dont ont joui les foyers imposables au niveau de la première tranche, aurait relevé le niveau de vie médian et par conséquent, le seuil de pauvreté. L'augmentation du taux de pauvreté aurait ainsi due être plus élevée de 0,2 point, estime l'Insee.

Le président du Secours populaire français, Julien Lauprêtre a réagi ce mardi aux résultats de ces statistiques déplorant une réalité plus préoccuppante: "Les chiffres de l'Insee sont malheureusement en dessous de la gravité de la situation aujourd'hui en 2011", a-t-il déclaré avant de poursuivre: "des pauvres deviennent de plus en plus pauvres mais il y a aussi des personnes qui ne s'attendaient pas à ce qui leur arrive: cadres, petits commerçants, petits artisans".