La Cour des comptes s'alarme du déficit abyssal de la Sécurité sociale

Par Isabelle Moreau  |   |  445  mots
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Dans son rapport annuel sur la Sécurité sociale, les sages de la rue Cambon pointent le niveau historique du trou de la Sécurité sociale en 2010, à près de 30 milliards d'euros, et le gonflement de la dette sociale à 136,2 milliards fin 2010.

C'est un véritable cri d'alarme qu'a poussé jeudi Didier Migaud en présentant le rapport annuel de la Cour des comptes sur la Sécurité sociale. Le premier président a ainsi indiqué que "jamais le déficit de la Sécurité sociale n'a atteint un niveau aussi élevé qu'en 2010". "A 29,8 milliards, le déficit des régimes de base et du fonds de solidarité vieillesse (FSV) a un caractère historique, il a triplé en deux ans pour représenter l'équivalent de 1,5 % du PIB", a-t-il ajouté. Et si la crise explique pour partie le trou de la Sécurité sociale, elle n'est pas la seule responsable. Selon la Cour, "pour le seul régime général, qui concentre l'essentiel de difficultés, la crise n'explique qu'un peu moins de la moitié du déficit global qui équivaut à 1,2 point de PIB".

Le poids de la dette sociale

Autre situation particulièrement alarmante : l'accumulation des déficits sociaux, d'année en année, fait gonfler la dette sociale qui a atteint un total de 136,2 milliards d'euros fin 2010. "Ce déficit des comptes sociaux est en soi une anomalie", martèle le président qui prévient : "la dégradation sans précédent des comptes et l'accumulation des déficits conduisent à entretenir une spirale de la dette sociale, particulièrement dangereuse pour la légitimité et la pérennité même de notre protection sociale. Comme le déficit qui en est à l'origine, la dette sociale est elle aussi une anomalie".

Agir sur les niches

Et si Didier Migaud reconnaît que "les comptes 2011 devraient in fine être encore en amélioration par rapport aux prévisions du fait de la bonne tenue des cotisations sociales que constate l'Acoss", et que le gouvernement a annoncé des recettes supplémentaires dont bénéficiera majoritairement la Sécurité sociale (environ 6,5 milliards d'euros), la Cour des comptes demeure inquiète. Notamment en raison de perspectives économiques peu favorables. Elle recommande donc "de revenir à l'équilibre, selon un calendrier rapproché", et préconise "d'intensifier la maîtrise des dépenses sociales, notamment d'assurance maladie" et "d'augmenter les recettes en agissant prioritairement sur les niches sociales".

Les dépenses de médicaments montrées du doigt

Dans le collimateur des Sages de la rue Cambon figurent en tête les dépenses d'assurance maladie. Tout particulièrement les dépenses de médicaments, dont la "maîtrise est un enjeu considérable". Epinglée également la recomposition de l'offre de soins qui doit "porter sur l'hôpital (...) dont les marges de progrès sont considérables". Il représente en effet plus de 72 milliards de dépenses.