Budget 2012 : Des prévisions de croissance bien trop optimistes

Le plan gouvernemental de réduction des déficits bute sur la faiblesse de la croissance. Des correctifs sont à attendre.
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Le projet de loi de finances 2012 présenté par le gouvernement mercredi réaffirme haut et fort le « caractère intangible » de la trajectoire de diminution du déficit public. Afin de respecter ses engagements européens, la France doit réduire ce dernier à 5,7 % du produit intérieur brut en 2011 (7,1 % en 2010), puis à 4,5 % en 2012, et passer sous la barre des 3 % en 2013. Sauf que tout ou presque dépend de la croissance, et que cette dernière se trouve désormais en territoire hostile.

Après un bon premier trimestre 2011 pour l'activité (+ 0,9 %), le second trimestre s'est en effet stabilisé (0 %), selon les données confirmées par l'Insee hier. Surtout, les indicateurs publiés par l'institut pour septembre confirment que la conjoncture s'est dégradée durant l'été. L'indice du climat des affaires pour l'ensemble des secteurs a perdu 5 points par rapport à la même époque de l'année passée. La confiance des ménages a atteint son plus bas niveau depuis février 2009. La fin de l'année s'annonce donc peu glorieuse.

« Au troisième trimestre, le PIB français devrait de nouveau stagner, et se replier de 0,2 % au quatrième trimestre », estime l'économiste Hervé Péléraux de l'OFCE, sur le blog de l'observatoire économique. L'Insee, qui avait annoncé 0,5 % de croissance lors des deux prochains trimestres, pourrait, lors de son point d'information du 6 octobre, revoir ses prévisions à la baisse.

Une croissance inférieure à 1 % en 2012 ?

Conscient du ralentissement à l'oeuvre, le gouvernement a, dès le 24 août, abaissé ses propres prévisions pour 2011 et 2012, à 1,75 % de croissance pour les deux années, contre 2 % et 2,25 % dans sa prévision antérieure. Mais cet objectif est encore estimé irréalisable par nombre d'observateurs. Le Fonds monétaire international table par exemple sur une croissance de 1,4 % seulement en 2012. S'il a salué les « efforts d'ajustement » de la France, le Fonds estime que « de nouvelles mesures seront nécessaires » pour atteindre un déficit à 3 % du PIB. Plus pessimistes, les économistes de BNP Paribas n'attendent que 0,9 % de croissance en 2012 et ceux de l'OFCE, 0,8 %. La prévision de 1,75 % du gouvernement « sera révisée », conclut Philippe d'Arvisenet, directeur des études économiques de BNP Paribas.

Dans ce contexte, le plan d'économies prévu (11 milliards en 2012, après 1 milliard en 2011) suffira-t-il à redresser les comptes ? « Sur les 12 milliards annoncés, il en manquerait 5 ou 6 pour réduire le déficit public à hauteur de 4,6 % du PIB », estime Jean-Luc Proutat, économiste chez BNP Paribas. « Il faut s'attendre à des mesures supplémentaires - plutôt après l'élection présidentielle qu'avant -, par exemple une hausse de 1 point de la CSG-CRDS. »

Selon Xavier Timbeau, directeur du département Analyse et prévision de l'OFCE, ce sont « 30 milliards d'euros » d'économies qui manqueraient pour atteindre cet objectif. Par ailleurs, « la stratégie de réduction des déficits amputera la croissance de 1,5 point de PIB en 2012 ». En d'autres termes, l'austérité fait courir un risque sur les niveaux de rentrées fiscales. Cette stratégie « pèsera en retour sur les finances publiques, annulant une partie de l'effet bénéfique initial », s'alarmait l'OFCE dès avril. La consolidation budgétaire, mauvais choix de sortie de crise ?

Commentaire 1
à écrit le 21/10/2011 à 8:15
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et nos députés n'ont toujours rien compris.cette nuit ils ont voté le maintient de la niche fiscale pour les chevaux de course. fillon ne toucher pas au beau cadeau tva des restaurateurs.bertrand ne touchez pas à mes heures sup par contre taxez les ...

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