La menace ne date pas d'hier. Pourtant, la France a jusqu'à présent été pour le moins insouciante concernant les attaques subies par les entreprises. Les pouvoirs publics, depuis le couac de l'affaire Renault, commencent à prendre conscience de leur vulnérabilité. Après une circulaire diffusée mi-septembre par le Premier ministre sur les priorités de l'intelligence économique, Éric Besson, ministre de l'Industrie, a présenté deux projets à ce sujet le 21 septembre.
Si ce n'est pas une révolution, c'est déjà une avancée. Ainsi, Éric Besson lance un label « Intelligence économique » à destination des pôles de compétitivité. Parmi les conditions pour l'obtenir, les entreprises doivent mettre en place des formations à ce sujet et renforcer leur système d'information. La deuxième nouveauté consiste dans la création d'un marquage « Confidentiel entreprise », censé protéger le « secret des affaires » et sanctionner les atteintes à celui-ci. Cette mesure fera l'objet d'un projet de loi.
Objectif : « Renforcer les chances de notre industrie dans la mondialisation » et faire de l'intelligence économique « un des leviers de notre reconquête industrielle », écrit Éric Besson dans un communiqué. C'est le rapport Martre de 1994, corédigé par Christian Harbulot (lire ci-dessous), qui est à l'origine de l'intelligence économique, complété par les rapports Carayon de 2003 et 2006. Pourtant, contrairement à d'autres pays comme l'Allemagne, les États-Unis ou le Japon, le concept a encore du mal à faire son chemin dans les entreprises françaises, ou se borne trop souvent à la création de cellules de veille qui végètent. Gare aussi à l'amalgame entre intelligence économique et espionnage industriel. La vocation de la première est de trouver la bonne information et la transmettre à la bonne personne, au bon moment, pour garantir la sécurité de l'entreprise. La barbouzerie, elle, ne sert pas vraiment les intérêts de l'entreprise...