La salle Pleyel, une machine à blanchir de l'argent ?

Par latribune.fr  |   |  373  mots
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Selon l'AFP, les conditions de location puis de vente de la salle Pleyel à l'Etat en 2004 puis en 2009 par son propriétaire Hubert Martigny font l'objet d'une instruction judiciaire. En plus d'être soupçonné d'irrégularités, le montage financier pourrait selon, l'avocate de la plaignante, l'ex-femme de Hubert Martigny, avoir facilité l'évasion du patrimoine de ce dernier dans des paradis fiscaux.

Abus de bien social, blanchiment d'argent et fraude fiscale. Tels sont les éléments de la plainte déposée le 12 mai dernier par l'épouse de l'ancien propriétaire de la salle de concert parisienne, Hubert Martigny, par ailleurs fondateur du groupe Altran et adhérant UMP. Le dossier est depuis arrivé sur le bureau de la juge d'instruction, Sophie Clément, rapporte l'AFP ce lundi. Celle-ci va plus précisément se pencher sur les conditions de location à l'Etat de la salle Pleyel en 2004, puis de sa vente, toujours à l'Etat en 2009.

1,5 million d'euros de loyer annuel pendant 50 ans

Après avoir racheté pour 10 millions d'euros (hors taxes) la salle de concert parisienne au Crédit Lyonnais en 1998, Hubert Martigny et son épouse Carla-Maria, avaient plus tard en 2004, conclu un contrat bail avec l'Etat. Le contrat, contrôlé au préalable par Bercy, prévoyait que l'Etat s'engageait à louer l'immeuble pendant 50 ans, à raison de 1,5 millions d'euros par an sachant qu'au terme de cette période, l'Etat en deviendrait propriétaire.

Hubert Martigny s'était engagé pour sa part à financer les travaux de réfection. Les travaux, réalisés entre 2004 et 2006, se sont élevés à 38 millions d'euros HT, y compris la rénovation des locaux attenants (11 millions d'euros HT).

Rachat anticipé par l'Etat pour 60,5 millions d'euros

Puis, en 2009, invoquant des raisons familiales, le propriétaire a souhaité revendre. Et le dossier de vente atterrit alors sur le bureau du ministre du Budget, Eric Woerth qui consent au rachat anticipé de la salle Pleyel pour 60,5 millions d'euros. Dans un rapport sénatorial, le ministre souligne qu'il s'agit d'une opération rentable arguant du fait que "le loyer sur la durée totale du bail représenterait un montant de 134 millions d'euros". Les sénateurs donnent leur feu vert à l'opération.

Mais pour son épouse, en instance de divorce, les montages financiers successifs liés à l'achat, la location, puis la vente seraient entachés d'irrégularités et auraient facilité "l'évasion du patrimoine de Hubert M. Martigny" dans des paradis fiscaux. Son avocate pointe quant à elle le doigt sur certains flux financiers concernant des sociétés domiciliées à l'étranger insuffisamment précis et pouvant laisser croire à des "techniques de blanchiment d'argent".