Soutien aux PME : le FSI en première ligne

À six mois de la présidentielle, tout ce qui est PME est beau. Une occasion pour l'État de rationaliser la nébuleuse du financement des entreprises en fonds propres. La CDC veut déployer la marque « FSI PME » en régions.
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Annoncée fin septembre par François Fillon lors de la remise du prix de l'Audace créatrice, confirmant les informations de « La Tribune » (notre édition du 21 septembre), la rationalisation des structures publiques de financement des PME s'accélère. Élaboré par Augustin de Romanet, le directeur général de la Caisse des dépôts et consignations, un projet abouti est entre les mains de François Baroin, le ministre de l'Économie.

Selon nos informations, ce projet ambitieux consiste à créer un nouveau label, « FSI PME », qui deviendra le bras armé de la Caisse des dépôts en régions (voir schéma ci-contre). Cette nouvelle structure sera chargée des investissements en fonds propres dans le capital des PME, pour des montants inférieurs à 10 millions d'euros. Le Fonds stratégique d'investissement (FSI) continuera, lui, d'investir en direct dans les dossiers plus importants, toujours en minoritaire (lire ci-dessous).

Réseau d'accompagnement

Avec FSI PME, l'idée est de créer sur le territoire un véritable réseau d'accompagnement pour aider les entreprises qui sont à la recherche de nouveaux financements en haut de bilan. Ses équipes seront constituées par les directeurs adjoints de la CDC chargés du FSI en régions (le recrutement d'une trentaine de spécialistes est en cours) mais également par les personnels d'Avenir Entreprises, une filiale de CDC Entreprises (codétenue avec la banque publique Oséo), présente à Paris et dans sept métropoles régionales (Nantes, Lille, Nancy, Dijon, Lyon, Montpellier et Toulouse). Au total, une soixantaine de personnes seront chargées d'identifier et de faire remonter les besoins vers les financeurs, FSI ou CDC Entreprises.

Apporteur d'affaires

De son côté, Oséo continuera à jouer son rôle de banque publique en intervenant sur le bas de bilan des entreprises via des prêts et des subventions. Elle devrait également voir sa fonction d'apporteur d'affaires se développer. Un rôle que la banque publique joue déjà en faveur du FSI, et pour lequel elle est rémunérée. Elle aurait apporté environ un tiers des dossiers actuellement gérés par le fonds souverain. Il reste toutefois à résoudre d'importantes frictions avec les équipes d'Oséo, pas seulement sur la question sensible de la localisation de ce guichet unique. Les équipes d'Oséo revendiquent aussi la légitimité de faire du capital-développement, d'autant que René Ricol, lorsqu'il était médiateur du crédit, les avait poussées à aller vers le financement en fonds propres, dans une logique de construction de filières industrielles.

Détection des bons projets

Une chose est sûre : la rationalisation de la nébuleuse publique du financement des PME est urgente, à l'heure où les nouvelles règles prudentielles dans la bancassurance et la crise de la dette souveraine menacent d'assécher le crédit bancaire. Pour l'instant, CDC Entreprises, la société de gestion du groupe Caisse des dépôts, assure disposer en portefeuille d'un « matelas » de 4 milliards d'euros à disposition des entreprises qui veulent renforcer leurs fonds propres. Un réseau FSI PME devrait aussi améliorer la détection des bons projets, dont le nombre risque de chuter si la dégradation de la conjoncture se poursuit.

Comme l'a annoncé François Fillon, la création de ce « guichet unique » pour les PME devra intervenir avant la fin de l'année. Le temps de régler les quelques problèmes de gouvernance, en particulier l'intégration éventuelle au sein de FSI PME d'une partie des activités du Commissariat général à l'investissement (CGI) dirigé par René Ricol. Placé sous l'autorité de Matignon, le CGI a pour mission de financer les investissements d'avenir dans le cadre du grand emprunt. Or, le CGI a demandé à CDC Entreprises d'assurer la gestion de deux de ses fonds, le Fonds national d'amorçage (FNA) et le Fonds national pour la société numérique dont les enveloppes s'élèvent respectivement à 400 millions et 4,5 milliards d'euros.

Le périmètre exact de la marque FSI PME ne devrait pas tarder à être dévoilé. François Baroin livrera ses derniers arbitrages à la fin de la semaine prochaine. Et une grande campagne de communication grand public, pilotée par Euro RSCG, est déjà prête à démarrer.

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