Les universités françaises réclament 15 millions d'euros

Les présidents d'universités s'alarment d'un gel de leurs crédits malgré les hausses affichées par le gouvernement. Ce coup d'arrêt des budgets 2011 et 2012 risque de remettre en cause les réformes en cours, selon eux.
La ministre du Budget Valérie Pécresse et le ministre de l'Enseignement supérieur Laurent Wauquiez.

La séance plénière que va tenir ce jeudi la conférence des présidents d'université (CPU) s'annonce tendue. A moins que le gouvernement n'accède d'ici là à leur demande pour désamorcer tout risque de crise avant la présidentielle et ne pas entacher les réformes phares du quinquennat Sarkozy. Alors que le gouvernement ne cesse à chaque budget de mettre en avant les 9 milliards d'euros supplémentaires pour l'enseignement supérieur et la recherche promis par le chef de l'Etat en 2007, soit 1,8 milliard par an, depuis 2011, le compte n'y est pas, dénoncent les universités, confrontées à des transferts de charge lourds et mal anticipés en raison notamment du passage à l'autonomie (loi LRU d'août 2007). "Pour 2008,2009 et 2010, le gouvernement a accompagné financièrement cette réforme [...]. Le budget 2011 et, davantage encore, le budget 2012, dans sont état actuel, en dehors du financement du 10e mois de bourse, marquent un coup d'arrêt de cette progression", a alerté la CPU dans un communiqué la semaine dernière.

Selon le SNTRS-CGT, en euros constants, les 256 milliosn d'euros d'augmentation des crédits de paiement prévus dans le budget 2012 correspondent, en euros constants, "à une baisse d'environ 1%". Pour la CPU, "les moyens de fonctionnement des universités sont en stagnation, voire en diminution compte tenu des gels de crédits imposés aux établissements". Résultat, "ces crédits ne couvriront ni l'inflation, ni l'augmentation de certaines charges incontournables" liées au passage à l'autonomie (contrôle de gestion, systèmes d'information...).

Pyramide des âges défavorable

La plus lourde d'entre elle est la masse salariale et plus précisément le financement du "glissement vieillesse technicité" (GVT). En fonction de leur pyramide des âges, certaines universités ont un GVT positif (les rémunérations progressent en fonction des avancements de carrière) qui pèse sur leurs comptes ; d'autres bénéficient d'un GVT dit "négatif" (les fonctionnaires qui partent à la retraite sont remplacés par des plus jeunes en bas de grille donc moins payés), plus favorable. "Nous n'avons pas la maîtrise de l'évolution statutaire de nos fonctionnaires !", pointe-t-on à la CPU. Quand elle était aux commandes de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse avait évoqué une "solidarité" entre universités. Mais cela est difficile à mettre en place, toutes les universités n'y étant pas prête. Quant au rattrapage prévu en matière de postes et de budget en faveur des universités "sous dotées" lors de la mise en place du système de financement à la performance, il n'a eu lieu qu'une année et "est bloqué". Bref, il manque 15 à 20 millions d'euros, selon la CPU. Aujourd'hui au budget, Valérie Pécresse argue que les universités disposent d'un fonds de roulement de 1,5 milliard d'euros, mais les recteurs ne souhaitent pas voir les universités puiser dans cette marge de sécurité qui équivaut à un voire deux mois de salaire.

Gels de poste

En attendant, "il n'y a pas de création de postes et certaines universités procèdent à des gels d'emploi préventifs voire licencient des contractuels", constate Stéphane Tassel, secrétaire général du Snesup-FSU qui dénonce un budget "mensonger" et craint à terme une "débudgétisation" de l'enseignement supérieur et de la recherche via un recours croissant à la sphère privée. La CPU confirme ses gels de postes et estime que tant le maintien des emplois et les réformes en cours (autonomie, nouvelle licence) sont grevés par cette situation. Celle-ci risque de peser lors des nombreuses élections de présidents prévues d'ici au printemps 2012.

Dans l'entourage de Laurent Wauquiez, on promet une annonce dans les prochains jours. Le ministre de l'Enseignement supérieur en dira peut-être plus ce mardi lors de son audition par la commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale, dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances pour 2012. Les crédits de a mission enseignement supérieur et recherche doivent être examinés par la commission des finances mercredi.

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