G20 : la régulation des matières premières reste un voeu pieux

Les ambitions de la France pour réorganiser le marché des produits agricoles et de l'énergie n'ont trouvé qu'un faible écho au sein de la communauté internationale. La volatilité des prix reste entière, mais des ?solutions de bon sens pour l'agriculture progressent.
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La volatilité des prix du blé, du maïs ou du sucre préoccupe les grands de ce monde. En pratique, c'est une autre affaire. Malgré une avalanche de rapports qui se sont succédés pour plaider en faveur d'un changement des règles du jeu, force est de constater que le sujet a été relégué en bas des piles de dossiers prioritaires. La faute à la crise financière et à la complexité de la matière. Le ministère de l'Agriculture, qui s'en était saisi, s'est vite débarrassé du volet « régulation » pour le remettre aux mains des ministres des Finances. Pour le moment, seuls les États-Unis ont réellement avancé, leur régulateur, la CFTC, ayant étendu depuis le 18 octobre les limites de positions sur les marchés à terme de 9 produits à 10 nouveaux produits (agricoles mais aussi métaux et énergie).

Car les réponses minimales à l'encadrement des matières premières sont connues. Ainsi, la mission d'information sur le prix des matières premières à l'Assemblée nationale a préconisé d'« améliorer l'information sur l'identité des acteurs qui interviennent sur ces marchés et la nature des opérations faites », « donner aux régulateurs financiers le pouvoir de limiter les prises de position sur les marchés de produits dérivés » et « sécuriser les transactions faites sur les marchés de gré à gré ». « L'opacité règne encore plus sur les matières premières que sur les autres marchés, parce qu'il y a peu d'intervenants », reconnaît un négociant en céréales, qui estime que les règles de transparence que les politiques souhaitent voir appliquées au marché des céréales constitueraient plutôt un obstacle à ses activités. Car la France n'a pas commencé à balayer devant sa porte, loin de là : côté céréales, Paris héberge trois marchés à terme particulièrement peu transparents, avec le blé, le maïs et le colza. Le marché de l'oléagineux, où de petits producteurs font front à un grand acheteur, est coutumier des manipulations ; quant aux marchés au comptant, ils ne répondent à aucune régulation.

Céréales : stocks d'urgence à l'étude

Au-delà de la régulation, la France a néanmoins poussé des idées de bon sens sur l'agriculture, qui semblent être sa principale victoire. La Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest s'est ainsi portée candidate pour expérimenter des stocks d'urgence de céréales, un dispositif qui pourrait permettre d'éviter les situations de famine s'il se généralisait. Les discussions des ministres de l'agriculture du G20, qui se sont réunis pour la première fois, ont également abouti à mettre en place des réfléxions communes sur la recherche sur les plants et les gènes des céréales. Enfin la France prône une « véritable diplomatie des matières premières de l'Union européenne », qui permettrait de sécuriser ses approvisionnements. Mais rien de tout ca n'est susceptible d'avoir la moindre influence sur la volatilité des prix, à l'origine de tous les débats.

Aline Robert

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Une instance toujours à la recherche d'une identité

Bien qu'ayant supplanté le G8, le G20 ne s'est pas encore « institutionnalisé ». Ce forum des vingt premières puissances économiques mondiales restera d'ailleurs peut-être informel. Le Premier ministre britannique, David Cameron, va présenter à Cannes un rapport pour améliorer la gouvernance mondiale, troisième priorité de la présidence française. Le débat porte ici sur la nécessité de doter ou non le G20 d'une structure permanente, un secrétariat par exemple. Deux lignes s'affrontent : celle des Français favorables à une structure formelle et l'autre, incarnée notamment par les Allemands, souhaitant laisser au G20 son caractère informel. L'autre discussion concerne les thèmes dont le G20 doit s'emparer, du climat aux devises. Là aussi, Paris plaide pour une mission assez large, là où d'autres préféreraient que le G20 se concentre sur quelques questions mais de façon approfondie. « Le G20 doit jouer un rôle d'impulsion pour que les institutions internationales se réforment », estime aussi la présidence française. F.-P. W.

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