Marine Le Pen précise sa vision d'un "Etat fort"

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  713  mots
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Marine Le Pen a prôné samedi un Etat fort et promis une "révolution bleu marine, blanc, rouge", en présentant son projet pour la présidentielle de 2012 lors d'un banquet réunissant mille sympathisants.

La présidente du Front national ne dévoilera que le 12 janvier, en même temps qu'un plan de désendettement de la France, le financement de son programme axé sur la sortie de l'euro, un coup d'arrêt à l'immigration et des mesures contre le "pillage" du pays.

D'emblée, la candidate à la présidentielle a cité Georges Clémenceau - "Il faut savoir ce que l'on veut, pouvoir le dire et avoir le courage de le faire" - avant de dessiner les contours d'une France conquérante rompant avec les "dogmes" de l'Europe libérale.

"Ce projet est celui du peuple, porté par le peuple et à son unique bénéfice", a-t-elle lancé lors du "banquet des mille", qui bénéficiait de l'habituelle mise en scène martiale du FN dans une salle du 15e arrondissement de Paris.

Marine Le Pen a remis en avant la préférence nationale en disant vouloir défendre "l'intérêt des Français contre l'intérêt des marchés financiers, l'intérêt des Français avant l'intérêt des autres peuples, y compris européens."

"Ma vision de l'Europe n'est pas la leur", a-t-elle insisté, en défendant l'idée d'une "Europe de l'espoir" qui ne prendra pas "ses ordres chez Goldman Sachs", la banque d'investissement américaine.

A la tribune étaient assis une quarantaine de membres de son comité de soutien présidé par l'avocat Gilbert Collard. Aucune mention au FN n'était visible dans la salle.

Deux semaines après un voyage au bilan mitigé aux États-Unis, Marine Le Pen occupe solidement la troisième position dans les sondages avec 16% à 20%, un niveau que n'avait jamais atteint son père six mois avant une élection.

Elle espère toujours s'inviter au second tour de la présidentielle en misant notamment sur un effondrement de Nicolas Sarkozy si la crise de dette souveraine devait persister.

SEPTENNAT NON RENOUVELABLE

Bien que la crise soit susceptible de donner du crédit à son discours économique, la chef de file frontiste peine toutefois à retrouver le niveau du printemps dernier, où elle devançait régulièrement le chef de l'Etat, et à rallier de nouveaux soutiens.

Devant ses principaux partisans, Marine Le Pen a déroulé la trentaine de mesures phares d'un projet dont le leitmotiv est "le rétablissement de l'autorité de l'Etat, face aux puissances d'argent, aux communautarismes, aux féodalités et à l'effondrement de la morale publique".

Elle prône la nationalisation des entreprises des secteurs stratégiques, un grand secteur public bancaire, la nationalisation partielle et temporaire des banques face à la crise, un impôt sur les revenus plus juste et un protectionnisme national avec des droits de douane et quotas d'importation aux frontières nationales.

Marine Le Pen y a ajouté samedi des mesures fortes sur le plan institutionnel, proposant de mettre en place un septennat non renouvelable et l'interdiction de réviser la constitution sans "consulter le peuple dans son ensemble".

Elle veut également que ce soit un jury de cour d'assises qui se prononce sur la libération conditionnelle des détenus et non plus un juge d'application des peines.

La candidate s'est livrée à une critique des médias, qu'elle dit assujettis au pouvoir, mais pas des journalistes, ni d'internet, "espace de liberté". Elle promet que si elle était élue, "aucun organisme de presse ou audiovisuel ne pourra appartenir à une entreprise" bénéficiant de marchés de l'Etat.

Applaudie à tout rompre sur l'identité nationale, elle a aussi esquissé les grandes lignes de sa politique étrangère en proposant que la France tienne compte de la nouvelle donne provoquée par les pays émergents.

"France puissance souveraine, France puissance d'équilibre, France puissance mondiale", a-t-elle résumé.

Elle a mis en avant pour ce faire la sortie du commandement intégré de l'Otan, la création d'une "Organisation paneuropéenne" avec la Suisse mais sans la Turquie et une "Europe des nations", et non fédérale.

Enfin, Marine le Pen a dit vouloir favoriser l'existence d'un Etat palestinien avec l'assurance "d'un Etat d'Israël sûr".

Elle assuré qu'elle refuserait d'entretenir des relations avec un Etat soutenant le terrorisme que ce soit contre l'Europe, les Etats-Unis ou Israël.

Gérard Bon, édité par Matthias Blamont