Les entreprises happées par la récession

Pour les économistes, le doute n'est plus permis : la croissance sera nulle, voire négative en France en 2012. Selon certaines analyses, si tous les pays européens vont au bout de leurs plans d'austérité, la récession pourrait atteindre 1,7% en Europe l'année prochaine.
La Tribune Infographie

"It's the economy, stupid !" Selon certains économistes, le fort ralentissement de la croissance, perceptible depuis l'été, pourrait faire basculer la France dans une nouvelle récession deux ans à peine après la brutale contraction de l'activité de 2008-2009.

Alors que les experts économiques tablaient en début d'année sur la poursuite de la reprise de 2010, avec une croissance de l'ordre de 1,5 % en 2012, les événements des dernières semaines les conduisent tous à reprendre leur calculette. En octobre, le consensus des économistes tel qu'il ressort du Consensus Forecast pariait encore sur une croissance de 0,9 % en 2012, prévision déjà inférieure à la prévision officielle de Bercy (1 %). Mais celle de novembre, qui doit être publiée sous peu, devrait être significativement révisée à la baisse.

Une révision qui frappe déjà l'opinion, avec le retour brutal des plans sociaux en France, chez PSA et ses fournisseurs, Société Générale, BNP Paribas, Crédit Agricole, et peut-être bientôt, si l'on en croit les syndicats, chez Areva et Air France. Le taux de chômage remonte depuis le mois de mai pour atteindre en septembre un record depuis douze ans. "Pour l'instant, dit Marcel Grignard, secrétaire national de la CFDT, on observe une nette augmentation des difficultés des entreprises. Mais, grâce à la flexibilité, cela ne se traduit pas encore par un retour massif des plans sociaux."

Jusqu'à quand ? "Le nombre total de défaillances d'entreprises en France est encore, à la fin octobre, en léger recul sur un an (de 1,3%), dit Ludovic Subran, économiste chez Euler Hermes, mais c'est en raison du décalage lié aux délais légaux. En réalité, l'année 2012 devrait connaître à nouveau un rebond de 3% des défaillances d'entreprises, à 63.900, soit proche de son record de 2009 (64.500)." Tout concourt à mettre un coup d'arrêt à la croissance, dit Bruno Cavalier, économiste chez Oddo, plus pessimiste encore que le consensus : "entre le chômage qui est reparti à la hausse depuis le mois de mai, le climat d'incertitude totale qui domine avec la brutale aggravation de la crise de la zone euro, et qui incite les ménages à épargner davantage et les entreprises à différer leurs investissements, les deux plans de rigueur en trois mois, la stagnation du commerce mondial depuis six mois, sans oublier le resserrement du crédit imposé par les banques, la fin de l'année et le début de l'année prochaine vont être très difficiles."

Pour lui, dans une zone euro qui devrait voir son activité reculer de 0,3% en 2012, la France fera, l'année de ses élections reines, 0,1%. "La vitesse à laquelle le crédit se retourne à un moment où le taux de marge des entreprises est faible, et où le taux d'autofinancement se dégrade rapidement, va conduire les entreprises à réviser fortement à la baisse leurs programmes d'investissement, et à déstocker", ajoute Gilles Moec, économiste sur la zone euro à la Deutsche Bank à Londres.

Au-delà du niveau même de la croissance, la question de la dynamique à l'oeuvre est centrale. Mathieu Plane, économiste à l'OFCE, rappelle que la forte révision à la baisse de l'activité pour 2012, que l'OFCE a réduite de 1,7% en avril à 0,8% en octobre, est due pour plus de la moitié aux hausses d'impôts annoncées fin août, le reste venant de la hausse du coût des matières premières et de la baisse de nos exportations. Alors que l'OFCE va, lui aussi, réviser à la baisse sa dernière prévision en intégrant les nombreux événements récents, il s'inquiète du durcissement, et de la synchronisation des plans d'austérité dans tous les pays de la zone euro.

Eric Heyer, de l'OFCE, a calculé que si tous les pays de la zone euro respectent leurs engagements de consolidation budgétaire, la récession atteindra 1,7% en 2012. Ce n'est pas encore le recul de 2,6% de 2009, mais combien d'années faudra-t-il pour recréer les emplois perdus ?

Commentaires 33
à écrit le 22/11/2011 à 22:50
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à tous ces libéraux qui critiquent les charges: vous voulez bien sur que vos employés et votre famille soit soignés et en bonne santé,instruits et formés, qu'ils puissent se déplacer jusqu' a votre entreprise des écoles des médecins, des lieux de va...

à écrit le 22/11/2011 à 17:27
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Le système est malade, cuit, ratatiné, liquéfié, parce qu'il n'y a plus de consensus sur rien, parce que le contrat social a été jeté aux orties, que le néo-libéralisme a tout vérolé, qu'il a voulu la mondialisation pour faire suer le burnous aux 4 ...

à écrit le 22/11/2011 à 17:06
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Vous connaissez le "Credit Crunch"? Eh!bien c'est ce connaissent actuellement les Entrepries françaises face aux Banques. Et vous ajoutez un peu de "déflation" et voila l"Etat de la France en 2011.Et bientôt la dégradation du AAA français et nou...

à écrit le 22/11/2011 à 12:40
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Tout pendant que les faillites ne touchent que les autoentrepreneur (qui a près de 60% ne déclarent pas de chiffre d'affaires!) rien de grave. mais là ce sont les "dernières" vraies entreprises qui souffrent cela devient dramatique. bientôt la France...

à écrit le 21/11/2011 à 17:00
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La prévision pour 2012 c est qui sera imprevisible !

à écrit le 21/11/2011 à 16:04
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Suite aux commentaires de certaines personnes sur ce sujet,voici le constat suivant : les entreprises ont trop de charges (les pauvres!)l'impot sur les sociétés ne contribuent que pour 12% dans le budget de l'etat, les charges sociales sont pour la s...

à écrit le 21/11/2011 à 15:31
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Tout comme Zapatero passe la main à la droite dans une Espagne en déconfiture, Sarkozy s'apprête à passer la main à la gauche dans une France en récession

le 21/11/2011 à 19:30
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Ce monsieur SARKOZI finira comme il a commencé....par un bon repas au FOUQUET.

à écrit le 21/11/2011 à 15:01
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Ce qui est encore plus inquiétant c'est de voir le nbre de loosers qui s'empressent déjà d'enterrer la pays ! C'est sûr qu'en plus des difficultés dues à la dette, à la mondialisation, au retour de la chine (et à l'arrivée des autres bricks), une me...

le 21/11/2011 à 15:34
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Réponse à GuiBeau. Vous causez Beau,mais il y a un préalable incontournable c'est de baisser les déficits structurels et de laisser respirer les entreprises.

le 21/11/2011 à 15:53
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Oui et que cesse l'interventionnisme étatique qui nuit gravement à une économie libre et prospère.

le 21/11/2011 à 16:35
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Suis d'accord Objectif, bien sûr. Moins avec Libre, faut faire attention le pouvoir total de l'argent pourrait s'avérer assez sanglant.

le 21/11/2011 à 21:34
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Je suis chef d'entreprise, l'etat nous pose plus de problemes que nos concurrents... A mediter

à écrit le 21/11/2011 à 14:27
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Personne ne doit se faire d'illusion. Les prévisions de croissance, déjà révisée plusieurs fois, et qui servent à faire le budget sont toujours trop optimistes. Il faut se préparer à une récession en 2012, même pas à une croissance nulle! Et ce qui d...

à écrit le 21/11/2011 à 13:05
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Arretez de sp?ler sur qui a raison ou pas! Je pense que c'est la fin du syst?! Pour vous en convaincre, allez voir sur YouTube: "collapse l'effondrement du syst?" de Michael Ruppert Il n'y a pas tous les arguments mais ?donne une bonne id?dans qu...

à écrit le 21/11/2011 à 11:47
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faut robotiser autant que possible tous les rouages de la société française, fonction publique comprise, car les robots produisent - eux - moins cher qu'un employé chinois !

le 21/11/2011 à 18:24
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Votre modèle économique (robotisation à outrance) ne marchera que si les robots paient les cotisations retraite et sécurité sociale, et autres taxes et impôts pour couvrir les dépenses étatiques (car l'état ne dépense pas que des salaires).

à écrit le 21/11/2011 à 11:42
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faut une récession, car ainsi les français achèteront moins, donc achéteront moins allemand ou chinois! Iront moins en vacance en Tunisie ou Egypte ou Maroc ou (bref à l'étranger) !

à écrit le 21/11/2011 à 11:33
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faut un seul syndicat ouvrier (pas 4! ) et qu'il discute (politique du consensus!) avec le patronat, dans l'objectif d' exporter ! _ _ _il est urgent de rétablir l'équilibre de la balance commerciale de la France !

à écrit le 21/11/2011 à 9:59
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Annulons la loi pompidou giscard de 1973, les impots cumulés des français servent uniquement à rembourser les intérêts de la dette, bravo les banquiers vous êtes trop fort, mais maintenant nous sommes au courant, bientot 2012 bleu, blanc, rouge

le 21/11/2011 à 11:57
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La solution du FN pour annuler les dettes : éliminer les créanciers puis imprimer sans limite de la monnaie de singe, tout en contrôlant brutalement la population. C'est du socialisme violent, comme tous les régimes fascistes avant le FN. Dans le ble...

le 21/11/2011 à 12:22
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@ Deja trop taxes Meme si je ne partage pas la meme orientation politique que Ben, il est inutile a mon humble avis de se vautrer dans les cliches Fhaine. La question de la loi de 73 est une vraie question : est il normal d'avoir privatise la creati...

à écrit le 21/11/2011 à 9:49
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Nous ne sommes pas compétitifs : trop de charges. Ce n'est pas en augmentant les impôts et taxes en touts genres que nous nous en sortiront. Les PME/PMI (plus gros employeurs) sont asphyxiés. Il leur est difficilement possible d'embaucher (même si ce...

le 21/11/2011 à 11:27
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C'est vrai, mais bon c'est aussi plus facile de licencier, de délocaliser et de prendre les dividendes... Toutes les grandes entreprises sous-traitent, et si c'est moins cher à l'étranger c'est mieux... Juste un hic dans le raisonnement, ce ne sont p...

le 21/11/2011 à 11:28
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Suis d'accord avec vous il y a trop de charges et trop d'impots, cela coupe toute vélléité d'entreprendre, d'embaucher...... nos gouvernants nous ont mis dans la mouise en nous endettant à tour de bras et ils ne sont m^me pas capables de comprendre q...

le 21/11/2011 à 14:46
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D'accord avec Ghad, la consommation chute à cause des délocalisations massives et comme les chinois consomment beaucoup plus "patriotisme" nous en arrivons à la situation que nous constatons. Je rajoute aussi que les consommateurs préfèrent payer moi...

à écrit le 21/11/2011 à 8:43
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Obsédé par son ultra-keynésianisme, l'OFCE est incapable de s'extraire de l'idée fausse que les dépenses publiques créent des emplois. Certes, les dépenses publiques créent quelques emplois mais, à cause des impôts et des dettes, elles en détruisent ...

le 21/11/2011 à 11:16
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tout est dit.clairement et lucidement

le 21/11/2011 à 14:23
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+1

le 21/11/2011 à 14:54
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Réponse à déja trop taxés. Vous avez raison mais il faut,il faut...ce sont des incantations.Vous préchez dans le désert.

le 21/11/2011 à 16:21
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Objectif, sincèrement désolé pour ces raccourcis. J'essaye de faire synthétique mais je vous promets, à l'avenir, de faire l'effort de tourner mes phrases suivant une forme moins incantatoire. Je commence tout de suite. Un siècle de collectivisme nou...

à écrit le 21/11/2011 à 8:06
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c'est effarant de voir a quel point les marches et les banques massacrent de concert les entreprises, seules créatrices de richesses et de paix sociales. Notre société est très malade et il n'y pas de docteur ni remède.

le 21/11/2011 à 8:36
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C'est aussi effarant de voir à quel point les économistes et les politiques ont une vue à court terme !! Çà fait déjà au moins 6 mois (depuis les 1iers plans d'austérité de la Grèce) que la descente vers la récession est évidente !

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