L'Agence France Trésor ( AFT ), qui gère la dette française, a emprunté comme prévu sur le marché 7,005 milliards d'euros à 12, 25 et 47 semaines à des taux en baisse sur les deux premières lignes et en hausse sur la dernière.

Cette émission était très attendue par les marchés, très nerveux en raison des craintes de contagion de la crise de la dette en zone euro et des menaces toujours plus fortes qui pèsent sur la note triple A de la dette française. 

La France continue de bénéficier de conditions de financement parmi les meilleures depuis la création de l'euro en 1999, a déclaré lundi à Reuters le porte-parole de l'Agence France Trésor ( AFT ), qui gère la dette de l'Etat. Il a précisé que le taux moyen de financement à moyen et long terme s'est établi à 2,78% sur les 11 premiers mois de 2011, le précédent plus bas remontant à 2010 (2,53%).

"Le taux moyen de financement à moyen et long terme de la France reste bas", a dit le porte-parole. Cette déclaration intervient après la mise en garde de l'agence de notation Moody's contre le risque que représenterait pour le "triple A" de la France une hausse durable de ses coûts de financement. "Depuis que la conjoncture économique et financière mondiale s'est retournée, les taux français ont globalement baissé. Au troisième et quatrième trimestres, la France se finance à 2,43%, contre 3,11% au deuxième trimestre et 4,15 % pour la moyenne historique de 1998-2007" a précisé le porte-parole de l' AFT .

Le projet de loi de finances 2011 (PLF) tablait sur un taux moyen de 3,0% et le PLF pour 2012 à 3,75%.

"L'évaluation de la charge de la dette pour 2012 repose sur des hypothèses prudentes. Celle-ci n'est pas remise en cause par l'augmentation récente des taux qui ne concerne pas uniquement la France mais tous les pays 'AAA' de la zone euro", a dit le porte-parole.

"Il existe au contraire un aléa plutôt baissier sur la charge de la dette pour 2012, notamment du fait des taux à court terme qui, en dépit de l'augmentation très récente, restent en deça de la trajectoire prévue".

L' AFT a émis lundi dernier de la dette à trois mois au taux de 0,58%. Sur le marché secondaire, le taux du Bon du Trésor (BTF) à trois mois se situait en début d'après-midi autour de 0,52%, soit en dessous de la prévision du gouvernement français pour 2011 (1%) qui ne tenait pas compte de la baisse des taux de la Banque centrale européenne décidée au début du mois.

L'hypothèse de taux à trois mois pour 2012 retient avec prudence le niveau de 1,75% en tablant sur une hausse des taux de la BCE dont la probabilité s'amenuise.

Même son de cloche chez François Baroin qui rappelle que "le niveau actuel des taux correspond à des conditions de financement qui sont très favorables. De plus, le projet de loi de finances 2012 (PLF 2012) a été bâti sur des hypothèses de financement de la dette publique d'autant plus prudentes que la BCE a, entre temps, diminué ses taux d'intérêt directeurs."

Pour lui, les mesures du plan de rigueur "n'auront pas d'impact négatif sur la croissance de l'économie française, dont le PIB a d'ailleurs progressé de 0,4 % au 3e trimestre, chiffre supérieur à la moyenne de la zone euro. Le Gouvernement a en effet entrepris d'importantes réformes structurelles depuis 2007 qui contribuent à l'augmentation du potentiel de croissance de l'économie (réformes des retraites, réforme de la taxe professionnelle, loi de modernisation de l'économie, réforme du crédit impôt recherche, investissements d'avenir, etc.). L'effort de consolidation budgétaire, loin de remettre en cause ces réformes, conduit le Gouvernement à accélérer la mise en oeuvre de plusieurs d'entre elles".