Le Sénat, "un laboratoire" socialiste pour la présidentielle ?

Les sénateurs UMP accusent les socialistes de "régler des comptes", notamment en supprimant "brutalement" les exonérations fiscales et sociales attachées aux heures supplémentaires. Même si, et c'est une première, Philippe Marini, président UMP de la commission des finances de la Haute assemblée, n'exclut pas de revenir "progressivement" sur ces exonérations.
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Le jour même où le projet de loi de finances rectificative, comprenant le deuxième plan de rigueur Fillon, était examiné par l'Assemblée nationale, les sénateurs UMP, eux, exprimaient leur grogne sur l'attitude des sénateurs de gauche face au projet de loi de finances initial.

De fait, Jean-Claude Gaudin, président du groupe UMP du Sénat et Philippe Marini, président (UMP) de la commission des finances de la Haute assemblée, ne sont vraiment pas contents après le vote par la nouvelle majorité de gauche du volet "recettes" de la loi de finances 2012. "Ce vote est très significatif, a lancé Jean-Claude Gaudin, il sert de laboratoire pour le projet socialiste de la présidentielle. Il ignore totalement la réduction des dépenses publiques mais augmente massivement les recettes".

Selon l'UMP, ce serait pas moins de quarante-sept taxes nouvelles, pour un montant total de plus 30 milliards d'euros, que la gauche auraient introduit à l'occasion de l'examen des projets de loi de finances et de financement de la Sécurité sociale.

C'est notamment le démantèlement de la loi "Travail emploi pouvoir d'achat" (Tepa) de 2007 par les sénateurs de gauche qui a eu le don d'exaspérer Philippe Marini qui évoque "un règlement de comptes". De fait, la majorité sénatoriale de gauche a supprimé l'exonération fiscale et sociale sur les heures supplémentaires."Elle le fait de manière trop brutale et porte atteinte au pouvoir d'achat de 9 millions de salariés", estime Philippe Marini qui plaide, lui, et c'est une première dans la majorité présidentielle, pour un réexamen progressif du dispositif applicable aux heures supplémentaires, via un premier "rabotage de 10%".

C'est la première fois qu'un dirigeant de l'UMP évoque une remise en cause, même partielle, de l'un des derniers dispositifs en vigueur de la loi "Tepa". Autre reproche fait aux socialistes : avoir rabaissé le seuil d'exonération des droits de succession de 150.000 à 50.000 euros, ce qui, pour l'UMP, est "faire fi d'une réalité sociale".

S'agissant des entreprises, l'UMP critique la gauche sénatoriale pour avoir supprimé l'avantage fiscal de la déductibilité des intérêts d'emprunt (coût : 1,1 milliard), à un nomment de "grande fragilité pour les entreprises".

L'UMP a ainsi multiplié les exemples. Ce que le sénateur Roger Karoutchi a résumé dans une formule assassine : "nous avons des socialistes irresponsables et pas coupables. Ils peuvent faire n'importe quoi parce qu'ils savent que l'Assemblée nationale va rejeter leurs mesures". Le président socialiste du Sénat, Jean-Pierre Bel, n'a pas tardé à répliquer en estimant "qu'un laboratoire, c'est pas mal, c'est la recherche, l'innovation (...) La droite a du mal à abandonner sa culture majoritaire au Sénat".

En revanche, Jean-Pierre Bel aura au moins un motif de satisfaction. Jean-Claude Gaudin est finalement d'accord avec l'idée d'une tenue d''états généraux des collectivités locales "dès lors qu'ils ont lieu à l'automne 2012 après les diverses échéances électorales".

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