Nicolas Sarkozy planche sur l'Europe à Toulon

Dans un discours très attendu ce jeudi, le chef de l'Etat devra exposer les termes du compromis entre la France et l'Allemagne.
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Toulon 2, le retour. Symboliquement, le président de la république revient ce jeudi dans le chef-lieu du Var, trois ans après son fameux discours où il avait appelé, alors que le monde vivait une crise bancaire sans précédent, à "refonder le capitalisme". Cette fois, le chef de l'Etat devrait tenter, une nouvelle fois, de chercher ce "choc décisif" susceptible d'apaiser, une fois pour toutes, la crise européenne. Il devrait aussi dessiner les contours de la future gouvernance de l'union économique et monétaire. Dans un discours très travaillé - auquel ont participé Henri Guaino, "sa plume", et Xavier Musca, le secrétaire général de l'Elysée en charge de la diplomatie - le président de la république pourrait également tenter de répondre au ralentissement économique en cours et à ses conséquences sur l'emploi. Ces mesures d'urgence, intervenant après la très grave poussée du chômage en octobre (34.400 demandeurs d'emploi en plus en catégorie A), comprendraient des dispositions favorisant le chômage partiel - rebaptisé pudiquement "activité partielle" - ou la relance de l'apprentissage. Quant à l'option, de plus en plus évoquée, d'un "troisième plan de rigueur", le président devrait l'évacuer tant la menace de récession est sérieuse.

Bâtir un consensus

Le coeur de ce second discours de Toulon devrait cependant porter sur la refonte des traités européens. Ses propos devront du reste, être mis en résonance avec ceux que tiendront vendredi devant le Bundestag la chancelière allemande Angela Merkel. Il s'agira, pour les chefs de l'exécutif des deux principales économies européennes, de présenter des solutions qui seront adoptées lors du Conseil européen de Bruxelles qui se tiendra les 8 et 9 décembre prochains. L'enjeu est donc de bâtir un consensus entre les positions divergentes de Paris et Berlin. En France, on insiste sur une réponse urgente à la crise, par une action énergique de la BCE ou par la mise en place rapide d'obligations paneuropéennes, tandis qu'en Allemagne, on appuie sur la nécessité de mettre en place une réforme des traités pour durcir la discipline budgétaire. Mais le président du conseil italien, Mario Monti, a promis des "annonces importantes dans les prochains jours" venant de Paris et Berlin.

En attendant, Nicolas Sarkozy a prévenu : il n'acceptera pas le projet allemand accordant la possibilité de traîner devant la Cour de justice de l'Union européenne un État qui ne respecterait pas le pacte de stabilité défini par le traité de Maastricht. Une fois n'est pas coutume, François Hollande, sur ce point, partage le point de vue du chef de l'Etat : "je n'accepterai jamais qu'au nom du contrôle des budgets nationaux, au nom des coordinations des politiques budgétaire, la Cour de justice européenne puisse être juge des dépenses et des recettes d'un pays souverain", a-t-il déclaré mercredi lors d'un déplacement à Bruxelles. Mais derrière cette apparente entente, le PS guettera avec attention les concessions accordées à Berlin sur la souveraineté budgétaire. Jérôme Cahuzac, le président socialiste de la Commission des Finances, a prévenu mercredi : "s'il s'agit pour Nicolas Sarkozy, de consentir à un abandon de souveraineté supplémentaire, nous ne le suivrons pas". Autrement dit, la pression sera forte sur le président qui devra chercher, pour la modification des Traités, un consensus.

Mais il n'a guère le choix. Car si la situation s'est relativement apaisée sur les marchés, le semi-échec du conseil européen des ministres des Finances de mardi et mercredi rend la nécessité d'une action concrète plus pressante encore. Nul doute que les investisseurs ne lui pardonneront pas un nouvel échec.

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