A Marseille, les commerces pourront ouvrir le dimanche

Par Jean-Christophe Barla, à Marseille  |   |  456  mots
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Le 2 décembre, un accord qualifié d'"unique en France" a ouvert une brèche dans l'ouverture des commerces le dimanche à Marseille. Sauf la CGT, tous les syndicats l'ont signé parce qu'il prévoit des contreparties pour les salariés alors que la loi ne les impose pas. Pensez-vous qu'il s'agisse d'une avancée ou au contraire d'un recul en matière sociale ?

Régulièrement en tête du "box office" des manifestations syndicales, Marseille vient de donner ce 2 décembre une belle illustration au "dialogue social". A partir de 2012, à titre d'expérimentation, puis en 2013, toute l'année, les commerces du périmètre de sa zone touristique ouvriront le dimanche. CFE-CGC, FO, CFDT, CFTC d'un côté, Union pour les entreprises des Bouches-du-Rhône (Medef 13) et CGPME 13 de l'autre, ont inscrit la perspective dans un accord afin que les touristes ne trouvent pas porte close chaque dimanche, lorsqu'ils visiteront la "capitale européenne de la culture 2013". Cette entente est considérée comme "historique" par ses signataires.

La loi Mallié du 10 août 2009 qui permet cette exception dominicale dans les zones touristiques n'envisage aucune contrepartie pour les salariés. Ce ne sera pas le cas à Marseille. Les partenaires sociaux s'engagent sur des majorations salariales, de l'ordre de 30% du SMIC horaire sur une quinzaine de dimanches (soldes, fêtes, vacances estivales...) et de 15% sur les autres ou bien sur des repos compensateurs. L'accord s'applique "à durée indéterminée" à compter du 1er janvier 2012, bien que chaque syndicat ait réaffirmé son opposition de principe à l'ouverture le dimanche.

Mais l'argument de l'emploi dans une ville dont le taux de chômage reste au-dessus de la moyenne nationale a pesé dans leur décision d'accepter une "entaille" dans leurs convictions. "Nous avons su construire une relation gagnant-gagnant commerçants et salariés", confie Alain Comba, pour Force Ouvrière. "Notre territoire donne l'exemple d'un dialogue social responsable et réussi", avance de son côté Jean-Luc Chauvin de l'UPE-Medef 13. Comprenant les quartiers environnant le Vieux-Port, la gare Saint-Charles, la rue de la République et la place Castellane, la zone touristique de Marseille compte plus de 3.330 commerces et 10.000 emplois. A partir de 2012, la ville attend près d'un million de croisiéristes. Son "label" de "capitale européenne de la culture" lui fait espérer 15 millions de visiteurs en 2013.

Elle devra cependant se montrer à la hauteur en termes d'accueil, de sécurité, de propreté, de transports en commun, de stationnement... Le préfet de région confie qu'il sera très vigilant sur les conditions de mise en ?uvre de l'accord. La mairie de Marseille, la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole, la CCI Marseille Provence et l'association Terre de commerces précisent dans une "déclaration d'intention commune" qu'elles vont se coordonner "pour organiser un environnement favorable au succès de l'opération au plus tard le 1er janvier 2013". Si les intentions deviennent des actes, cet accord sera alors véritablement "historique"...

Pensez-vous que cet accord constiture une avancée de dialogue social ou, au contraire, un recul en matière sociale ? Donnez votre avis dans l'espace "Commentaires" ci-dessous.