Le RSA et la lutte contre la pauvreté mis en cause

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  441  mots
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Deux organismes dépêchés auprès du gouvernement français doutent de sa capacité à atteindre son objectif de réduction de la pauvreté d'un tiers à l'horizon 2012 et remettent en question l'efficacité des dispositifs en place.

Deux questions en particulier suscitent l'inquiétude du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale (CNLE) et de l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (Onpes) : la pauvreté des enfants et l'intégration des jeunes, notamment sur le marché du travail.

Ces deux instituts demandent, entres autres, une revalorisation du Revenu de solidarité active (RSA) et la mise en place d'un "nouveau plan de cohésion sociale".

"Même si beaucoup de choses ont été faites, les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes", a déclaré lundi Etienne Pinte, président du CNLE lors d'une conférence de presse.

En 2007, Nicolas Sarkozy avait promis de faire baisser la pauvreté d'un tiers d'ici la fin de son quinquennat.

"Tenant compte de la poursuite du ralentissement de la croissance, il sera (...) très vraisemblablement impossible d'atteindre en 2012 l'objectif central fixé par le gouvernement", écrit l'Onpes dans un communiqué publié lundi.

La prise de position de ces deux institutions fait suite à la publication par le gouvernement de son troisième rapport annuel sur l'évolution de la pauvreté en France. Un rapport qui porte sur 2009 et qui, selon le CNLE et l'Onpes, est en "décalage" avec la réalité observée sur le terrain en 2011.

Les deux organismes craignent de voir l'indicateur central utilisé par le gouvernement, le taux de pauvreté ancré dans le temps, "masqu[er] les évolutions défavorables de la grande majorité des autres indicateurs".

Cet indicateur, qui propose une mesure absolue de la pauvreté, s'appuie sur le seuil de pauvreté à 60% du revenu médian en 2006. En 2009, il est resté stable à 11,8% alors que le taux de pauvreté relatif a augmenté, atteignant 13,5%.

Le CNLE, dont la mission est notamment de proposer aux pouvoirs publics des moyens de lutte contre la pauvreté et l'exclusion, recommande une augmentation de 25% du RSA socle sous cinq ans, et une mobilisation en faveur de l'emploi des jeunes.

Il reprend à son compte certaines propositions du comité de suivi de la loi Dalo sur le droit au logement opposable et attire l'attention du gouvernement sur la difficulté d'accès aux soins de certaines franges de la population, avec le non-recours de 20% des personnes concernées par la Couverture maladie universelle (CMU), et 45% de celles concernées par l'Aide médicale d'Etat (AME).

Le CNLE et l'Onpes notent toutefois que les indicateurs sont moins dégradés en France que dans d'autres pays d'Europe, preuve selon eux du "rôle positif" joué par le système de protection sociale.

Ils enverront leurs observations et leurs propositions à chacune des grandes formations politiques en vue de l'élection présidentielle de 2012.