Lutte contre la corruption : la France peut mieux faire

Par Agathe Machecourt  |   |  479  mots
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La France se classe au 25ème rang des pays les moins corrompus sur les 183 passés au crible par Transparency International. Dans un rapport sur la corruption en France, publié ce jeudi, l'organisation pointe du doigt le gouvernement et les partis politiques.

La France est 25ème du classement annuel des pays corrompus de Transparency International (TI). L?Hexagone figure ainsi parmi les pays les moins corrompus au monde mais fait tout de même moins bien que ses voisins européens, selon l?organisation qui se consacre à l?étude de la transparence et de l?intégrité de la vie publique et économique. Danemark, Suède, Norvège ou encore Pays-Bas figurent dans le top 10, derrière la Nouvelle-Zélande, championne du monde de la transparence. La Suisse, pointée du doigt par Paris pour l?opacité de son système financier, occupe quant à elle la huitième place du classement, ex aequo avec l?Australie.

La France est à la traîne mais loin devant certains Etats, notamment des pays d'Afrique où l?opacité des institutions est autrement plus élevée. La Somalie par exemple, à égalité avec la Corée du Nord, est lanterne rouge du classement. La corruption règne également en maître dans les pays d?Afrique du Nord qui ont connu le "printemps arabe". Le ras-le-bol des populations tunisienne, marocaine et égyptienne expliquerait d?ailleurs en partie l?arrivée au pouvoir, ces dernières semaines, des islamistes au discours ferme sur la question de la corruption. Avec une note de 2, la Libye se classe 168ème tandis que le Maroc occupe le 80ème rang avec 3,4. Au jeu du pays le plus corrompu de la vieille Europe, c?est par ailleurs l?Italie qui remporte la palme avec une note presque aussi faible que celle du Maroc : 3,9 sur 10. La France la devance donc largement mais peut tout de même faire mieux.

"L?implication des institutions françaises dans la lutte contre la corruption est globalement faible", écrit Transparency International, "si des lois existent, elles ne sont pas suffisamment appliquées". Avec les partis politiques et le parlement, les autorités de lutte contre la corruption, les forces de l?ordre et l?exécutif sont les mauvais élèves des institutions françaises. Les juridictions financières et les organes de contrôle des élections tiennent quant à eux le haut du classement des treize institutions examinées.

Alors pour tenter de rejoindre les premiers de la classe de la transparence des institutions, l?organisation émet douze "recommandations prioritaires". Comme instituer un contrôle des comptes des assemblées, et instaurer la publication de déclarations d?intérêts afin d?éviter toute décision publique qui pourrait être prise sur fonds de conflit d?intérêt. Certaines recommandations paraissent difficilement applicables. Encadrer le lobbying et assurer sa transparence à tous les niveaux de la décision publique en est un exemple. Les médias sont également visés par les recommandations de Transparency International qui conseille "d?encourager le développement du journalisme d?investigation et d?assurer la transparence de l?actionnariat des médias".