Prothèses mammaires : du silicone industriel a été fourni à PIP, visée par plus de 2.400 plaintes

Le plus important distributeur de produits chimiques au monde, l'allemand Brenntag, a admis ce lundi avoir fourni du silicone industriel à la société française PIP qui l'a utilisé pour la fabrication d'implants mammaires défectueux. Plus de 2.400 plaintes de porteuses d'implants a été franchi dans l'enquête préliminaire pour des faits de "tromperie aggravée" dont devront répondre les principaux cadres de la société.
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Ce lundi, c'est la première fois que l'origine du produit, un silicone utilisé dans la construction et les équipements électroniques, est connue avec précision depuis que le scandale a éclaté en 2010, l'avocat de Poly Implant Prothèse (PIP) ayant jusqu'ici affirmé qu'il s'agissait d'un gel alimentaire non homologué.

"Nous avons fourni le produit et les caractéristiques du produit à PIP et nous sommes en contact avec les autorités sanitaires françaises", a déclaré à Reuters le porte-parole de l'entreprise Brenntag, Hubertus Spethmann. Il s'agit d'un silicone appelé Baysilone et il a été fourni par la filiale française de Brenntag.

L'avocat de PIP a pourtant démenti lundi que les implants contenaient des composants industriels et chimiques, dont un additif pour les carburants, comme l'affirme RTL, qui dit s'être procuré la composition des prothèses mammaires frauduleuses.

"Au menu, un mélange de produits commandés à des entreprises de composants industriels et chimiques qui n'avaient jamais été testés cliniquement pour leur éventuelle nocivité sur l'organisme dont un additif pour des carburants. Mélangés les uns aux autres, l'illusion était totale", souligne la radio.

Yves Haddad, qui a annoncé à Reuters que son client, le président-fondateur du groupe Jean-Claude Mas, sortirait de son silence avant la fin de la semaine, a opposé un démenti catégorique à ces informations.

"Ce n'est pas vrai du tout. C'est un produit qui existe depuis 1980 et qui était acheté à Rhône-Poulenc. Il ne s'agit pas d'un produit industriel, mais d'un produit alimentaire du même type que ceux qui entrent par exemple dans la composition des rouges à lèvres", a-t-il dit. "Je ne suis pas chimiste, mais M. Mas s'expliquera sur tout ceci dans la semaine."

Victimes désemparées

Yves Haddad avait déclaré le 27 décembre à Reuters que PIP fabriquait un gel "maison" certes non homologué, mais selon lui sans aucune danger pour les porteuses d'implants.

Dans le doute, Me Philippe Courtois, avocat de quatre plaignantes qui entendent notamment poursuivre des chirurgiens, réclame des analyses de prothèses "directement prélevées sur les plaignantes." "On ne peut plus retarder. Il faut que ce soit d'ailleurs une décision commune de toutes les agences de santé européenne. Cette étude de grande envergure doit être faite", a-t-il indiqué à Reuters.

L'avocat souligne ne pas avoir d'éléments sur cet additif car il n'a pas eu accès à ce jour au dossier pénal. "Le procureur s'était engagé en décembre à permettre l'accès au dossier pénal. Il peut de toute façon infirmer ou confirmer les informations qui circulent. Mais il faut faire vite, les victimes sont de plus en plus désemparés", selon lui.

Vingt cas de cancers ont été signalés chez des femmes porteuses des prothèses PIP, selon un nouveau bilan en date du 28 décembre de l'Agence des produits de santé (Afssaps).

L'agence précise toutefois qu'aucun lien n'a été établi à ce jour entre ces cas de cancer et le port de ces implants. Le gouvernement a recommandé, par précaution, le 24 décembre, le retrait des implants PIP des femmes concernées dont le nombre en France est estimé à 30.000.

La société PIP est accusée d'avoir utilisé un gel de silicone non conforme, ce que son fondateur, Jean-Claude Mas, a reconnu, selon son avocat. L'ancien entrepreneur est visé en France par deux enquêtes judiciaires, l'une pour tromperie aggravée et la seconde pour coups et blessures et homicides involontaires. Des plaintes ont été déposées dans d'autres pays.

Plus de 2.400 plaintes

Le cap des 2.400 plaintes de porteuses d'implants mammaires de la société PIP a été franchi dans l'enquête préliminaire pour des faits de "tromperie aggravée" dont devront répondre les principaux cadres de la société. Ouverte au mois de mars 2010, l'enquête a été close le 10 octobre dernier et le procès devant le tribunal correctionnel de Marseille devrait s'ouvrir au mois d'octobre 2012.

"On reçoit des plaintes tous les jours et cela va malheureusement se poursuivre au regard de l'ampleur de cette affaire", a indiqué à Reuters, lundi, une source proche du dossier.

Le procès doit concerner une demi-douzaine de personnes dont les principaux dirigeants de PIP, Jean-Claude Mas en tête, ainsi que les cadres responsables de la production.

Commentaire 1
à écrit le 03/01/2012 à 16:49
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Ces prothèses Mamère de Noël sont des ordures !

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