France : l'envolée du chômage sera difficile à enrayer

Par Isabelle Moreau et Sara Sampaio  |   |  481  mots
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Avec un taux de chômage qui atteindrait 10 % mi-2012, la France lorgne les bons résultats de l'Allemagne.

Face au chômage, « je ne renoncerai jamais », a martelé Nicolas Sarkozy mardi, quelques jours après avoir notamment présenté la formation des chômeurs comme une « priorité absolue », à l'occasion de ses voeux de fin d'année. Sans atteindre les niveaux espagnols (lire ci-contre), le taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) n'a cessé de progresser depuis la mi-2011. Il a atteint 9,3 % au troisième trimestre et, selon l'Insee, s'affichera à 9,4 % à la fin de l'année puis à 9,6 % à la mi-2012 (10 % en incluant l'Outre-mer).

Fin novembre, 2,8 millions de demandeurs d'emploi de catégorie A pointaient à Pôle emploi. Neuf Français sur dix placent donc logiquement l'emploi en tête de leurs préoccupations (sondage Harris Interactive pour RTL publié lundi). En revanche, 9 % seulement se disent optimistes sur l'évolution de la situation en 2012.

Et pour cause : le gouvernement dispose de peu de marges de manoeuvre pour enrayer cette progression, dans un contexte de ralentissement de l'économie. Si l'exécutif annonce 1 % de croissance du PIB en 2012, l'OCDE parie plutôt sur... 0,3 %. Et bien que le chef de l'État ait démenti l'hypothèse d'un troisième plan de rigueur, l'OCDE a chiffré à 7,5 milliards d'euros les économies supplémentaires nécessaires à la réduction des déficits en France à 4,5 % du PIB en 2012, et à 3 % en 2013.

Contraint dans ses dépenses, le gouvernement fait donc la chasse aux recettes. Mais la dernière proposition en date, la TVA « anti-délocalisation », provoque déjà la cacophonie au sein de l'UMP (lire page 4). Les yeux sont désormais rivés sur le sommet sur l'emploi du 18 janvier, qui accouchera, a promis le gouvernement, de mesures « concrètes ». Certaines des recettes qui seront évoquées sont d'ores et déjà connues. C'est le cas du chômage partiel, dont les modalités doivent être revues (les partenaires sociaux planchent déjà sur ce sujet) pour inciter davantage d'entreprises à y recourir.

La France lorgne du côté de l'Allemagne qui affiche un taux de chômage au plus bas depuis vingt ans (voir ci-contre), notamment en ayant eu massivement recours à ce dispositif en 2009. Les chiffres sont éloquents : quand la France a réussi, via ce dispositif, à préserver 266.000 emplois, son voisin fait bien mieux avec 1,5 million d'emplois conservés.

Autre mesure assez classique qui a le mérite d'avoir un impact rapide sur le taux de chômage : le recours aux emplois aidés. Selon « Les Echos » du 4 janvier, une circulaire du ministère du Travail prévoirait que, sur les 340.000 contrats aidés du secteur non marchand inscrits au budget, 225.000 devront être conclus au premier semestre. Enfin, pour favoriser le retour à l'emploi des chômeurs, le gouvernement souhaite doper leur formation.

Reste à savoir si elle profitera à plein aux chômeurs de longue durée qui, très éloignés de l'emploi, voient la fin de leurs droits approcher à la vitesse « grand V ».