Sarkozy tente de désamorcer la bombe politique Seafrance

Nicolas Sarkozy a présidé dimanche à l'Elysée une réunion interministérielle sur le sort de la compagnie maritime transmanche SeaFrance, menacée de liquidation. Et se retrouve en première ligne dans un dossier qu'il a lui-même transformé en bombe politique.
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Cette réunion a permis de faire le point sur le dossier et d'étudier des solutions d'aide, à la veille d'une audience cruciale du tribunal de commerce de Paris lundi sur cette filiale de la SNCF déficitaire en exploitation et qui emploie plus de 800 personnes, a dit à Reuters Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'Ecologie et des Transports.

Etaient présents le Premier ministre François Fillon, Nathalie Kosciusko-Morizet, Thierry Mariani (ministre des Transports), Michel Mercier (Justice), François Baroin (Economie), Eric Besson (Industrie) ainsi que le Commissaire aux investissements d'avenir René Ricol, a-t-elle précisé à Reuters.

"Nous avons fait un tour d'horizon de toutes les solutions possibles aujourd'hui pour les salariés. Le gouvernement est prêt à accompagner toutes les solutions qui permettront de préserver les emplois. Nous n'avons aucun a priori idéologique dans cette affaire", a-t-elle expliqué.

Le tribunal de commerce de Paris doit réexaminer lundi le dossier, avec trois options: une liquidation, une solution de reprise par les salariés avec une Société coopérative et de participation (Scop) ou l'arrivée d'éventuels investisseurs privés. Les juges peuvent aussi ordonner un nouveau renvoi.

Le syndicat CFDT de l'entreprise, qui soutient le projet de Scop, a rejeté cette semaine une proposition de dernière minute du chef de l'Etat, qui a avancé l'idée que le salariés placent dans la Scop, après une liquidation, des indemnités de licenciement supplémentaires que leur verserait la maison-mère, la SNCF - donc indirectement l'Etat - afin de relancer l'activité.

RECLASSEMENTS À LA SNCF ?

Le gouvernement maintient toutefois son idée avec la proposition de 60.000 euros d'indemnités par salarié, le rachat par la SNCF des bateaux, qui seraient ensuite reloués à la Scop, et une assurance que les créneaux d'accostage en Angleterre seront préservés, a dit Nathalie Kosciusko-Morizet.

En cas de liquidation, la SNCF proposerait des reclassements aux salariés mais avec changement de région et de métier.

Les représentants CFDT de SeaFrance ont repoussé l'idée de financer la Scop sur les indemnités des salariés - projet qu'ils ne jugent ni juridiquement, ni économiquement viable -, et souhaitent un prêt direct de l'Etat.

Les salariés sont divisés et certains opposants à la solution CFDT condamnent l'idée d'une Scop, préférant une proposition de sociétés privées déjà repoussées par la justice, provenant de Louis Dreyfus Armateurs (LDA) associé à DFDS.

La CFDT Maritime maintient en l'état son projet de Scop, mais elle paraît isolée.

La CFDT nationale a désavoué la CFDT SeaFrance, à qui elle reproche dans un communiqué "des pratiques frauduleuses" et le fait de ne pas avoir examiné l'offre de reprise Dreyfus-DFDS.

Le tribunal de commerce de Paris a placé SeaFrance en liquidation judiciaire avec poursuite de l'activité jusqu'au 28 janvier.

Le dossier anime le débat politique à moins de quatre mois de la présidentielle. La gauche et les centrales syndicales condamnent l'idée de Nicolas Sarkozy de demander aux salariés de sacrifier leurs indemnités, qu'elles voient comme cynique puisqu'à leurs yeux cette solution ne peut pas fonctionner.

Commentaire 1
à écrit le 09/01/2012 à 9:08
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Un naufrage de plus! Sarko sait gérer avec routine.D'usines à l'abandon en Hauts fourneaux glacés armé de ses goupillons et des Saintes huiles , Sarko recueille les ultimes regrets et donne son extrême onction. Il sait que haussements d'épaules et ri...

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