"Une telle dégradation est déjà dans le marché. Elle pourrait avoir des conséquences sur le secteur bancaire", déclare Frédéric Oudéa, patron de SG et également président de la Fédération bancaire française (FBF), dans une interview publiée ce vendredi par Les Echos.
Standard & Poor's avait annoncé début décembre le placement des notes de quinze pays de la zone euro dont la France sous surveillance avec implication négative. Moody's avait quant à elle annoncé le 18 octobre son intention de réévaluer la perspective stable attribuée au Aaa dans les trois mois.
Le PDG de la "Socgen" juge par ailleurs que l'opération exceptionnelle de refinancement des banques à trois ans réalisée en décembre par la Banque centrale européenne (BCE) "apporte un vrai confort et écarte le risque d'un "credit crunch" brutal et violent". Toutefois, il affirme de nouveau que la Société générale n'achètera pas pour autant de la dette souveraine, comme le souhaitent les dirigeants de la zone euro.
"Notre mission est de financer l'économie. Les banques n'ont pas vocation à investir dans la dette souveraine à long terme", déclare le dirigeant. "De plus, toute opération provenant des banques serait identifiable et ne permettrait pas de restaurer la confiance dans la signature des Etats".
La Grèce "étalon du pire"
Il estime par ailleurs qu'un accord sur la dette entre Athènes et les créanciers privés devrait être trouvé "dans les prochains jours" et assure que "les banques ont accepté de faire un effort exceptionnel", avec potentiellement une décote supérieure à 50%.
Il prévient toutefois que le cas de la Grèce "fera école pour les investisseurs" et qu'il sera considéré par les investisseurs comme un "étalon du pire", susceptible d'affecter d'autres Etats.
Sous la pression des marchés et pour rassurer les investisseurs sur sa solvabilité financière, la banque, qui a remanié le mois dernier l'état-major de sa banque de financement et d'investissement, s'apprête également à restructurer sa banque d'affaires en profondeur pour en redresser la rentabilité.
"La rentabilité sera structurellement plus faible mais devrait rester supérieure à celle de la banque de détail, les résultats BFI étant intrinsèquement plus volatils", dit Frédéric Oudea qui a vu la capitalisation boursière de la SocGen s'effondrer de près de 60% en 2011.