François Bayrou et son programme de "réarmement" de la France

Par latribune.fr  |   |  806  mots
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Le candidat du centre a dévoilé mercredi un programme détaillé en 20 points pour permettre d'équilibrer les finances publiques de la France dès 2016 et de "réarmer" le pays sur le plan industriel, seul moyen selon lui de faire reculer le chômage. Il dénonce la "course à l'abîme" de Sarkozy et de Hollande sur les finances publiques.

Cela suffira-t-il pour rattraper son retard. François Bayrou a présenté mercredi un programme détaillé en 20 points pour permettre d'équilibrer les finances publiques de la France dès 2016 et de "réarmer" le pays sur le plan industriel, seul moyen selon lui de faire reculer le chômage. Le candidat centriste à l'élection présidentielle, qui est crédité de 11,5 à 14% des voix au premier tour selon les instituts de sondage, s'est placé en opposition tant à Nicolas Sarkozy qu'au candidat socialiste François Hollande.

"Tous ceux qui prétendent qu'on peut à nouveau dépenser, qu'il n'est pas besoin de faire des économies, ceux-là une nouvelle fois mentent et trompent", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse au siège du MoDem, son parti, à Paris. "François Hollande est dans ce jeu, Nicolas Sarkozy est dans ce jeu. Je serai dans cette élection du parti de la vérité. Notre ennemi c'est le surendettement, notre ennemi c'est le chômage et nous allons les vaincre, ces deux ennemis avec une politique d'ensemble, une méthode précise, un calendrier, et les Français auront donc les moyens de vérifier les résultats."

Pour François Bayrou, l'annonce par le président de la République d'une augmentation de la TVA pour financer la protection sociale constitue une augmentation d'impôts déguisée et les 20 milliards d'euros de dépenses nouvelles voulues par François Hollande sont une "course à l'abîme". François Bayrou entend revenir à l'équilibre des finances publiques "à la fin de 2015", alors que le déficit est attendu par le gouvernement à 5,4%, voire 5,3% du PIB en 2011. "Il s'agit d'un retour à l'équilibre, car seul le retour à l'équilibre permettra de faire baisser la dette du pays et de nous exonérer de la situation de surendettement dans laquelle nous sommes", a-t-il dit. "Et seul l'équilibre et une politique décidée permettra de réarmer la France pour qu'elle redevienne un pays productif, c'est-à-dire créateur d'emplois, créateur de richesses."

Produire en France

Le "troisième homme" de l'élection présidentielle de 2007 entend d'abord réaliser 50 milliards d'euros d'économies en se montrant très économe dans la gestion de la dépense publique. Il prône ensuite 50 milliards d'euros de recettes par un "coup de rabot" sur les niches fiscales (20 milliards en trois ans), une augmentation d'un point de la TVA au 1er janvier 2012 et, si la croissance n'est pas au rendez-vous, d'un point supplémentaire en 2014 (20 milliards sur trois ans) et l'instauration de deux tranches supplémentaires d'impôt sur le revenu (10 milliards d'euros).

Contrairement au candidat socialiste, qui veut le renégocier parce qu'il ne donnerait pas à l'Europe les moyens de relancer la croissance, il se dit prêt à ratifier le traité européen conclu lundi pour imposer une stricte discipline budgétaire. Ce traité prévoit l'inscription d'une règle d'or dans la Constitution de chaque pays signataire, ce que François Hollande refuse d'accepter tant que Nicolas Sarkozy sera au pouvoir. "Je suis prêt à voter à tout moment cette règle d'or."

Parallèlement à cet effort, il entend "réarmer" la France. "Cette stratégie ne peut être basée que sur le produire en France", a-t-il dit en annonçant que s'il était élu il créerait un commissariat national aux stratégies placé auprès du président et dirigé par une personnalité de haut vol. La mise en réseau des grandes entreprises et des PME grâce à des incitations fiscales et la création d'un livret d'épargne industrie font également partie de son programme.

François Bayrou propose aussi une cogestion à l'allemande des entreprises dans laquelle les salariés participeraient à la définition des objectifs stratégiques en étant présents au conseil d'administration des entreprises de plus de 500 salariés avec voix délibératives.. "Je proposerai une négociation nationale autour de la rénovation du climat social dans l'entreprise", a-t-il expliqué en rejetant les pactes compétitivité-emploi sur les salaires et les effectifs prônés par Nicolas Sarkozy.

Enfin, "mesure exceptionnelle", un emploi sans charge sera assuré pendant deux ans pour toute entreprise de moins de 50 salariés qui embaucherait un jeune ou un chômeur, pour un coût de deux milliards d'euros par an compensé par la suppression de l'exonération fiscale des heures supplémentaires.

Pour le leader centriste, la création de banques de soutien à l'investissement des PME, également proposée par d'autres candidats, devra être décentralisée et associée aux collectivités territoriales.

Prenant ses distances avec Nicolas Sarkozy sur les accords d'entreprises sur la productivité, François Bayrou a souhaité que ces accords soient validés par un cahier des charges au niveau des branches, pour éviter des abus dans les petites structures.