Emploi : les seniors courent toujours

Par Sophie Péters  |   |  788  mots
Retrouver du travail après 50 ans relève encore et toujours en France de la quadrature du cercle. A l'occasion de la première journée pour l'emploi des seniors, l'association du même nom a commandité une étude sur les difficultés de carrière des plus de 50 ans. Et le député Jacques Kossowski défend son "check up d'employabilité".

Senior en entreprise n'est pas une sinécure. Les salariés Français ne s'y trompent pas qui estiment que l'on commence à être considéré comme un salarié trop âgé à 52 ans. Les plus jeunes estimant même que cette limite est atteinte à 48 ans. Alors que se déroule aujourd'hui la Journée pour l'Emploi des Seniors, la situation n'est pas brillante : leur taux d'emploi, autour de 40%, est toujours inférieur à la moyenne européenne. Même si les employeurs s'efforcent de maintenir en activité leurs salariés en fin de carrière, surtout depuis deux ans avec l'arrivée des "plan seniors" dans les entreprises, désormais contraintes de se soucier de leur sort sous peine de sanctions. Pire : leur taux de chômage a explosé ces dernières années et le marché de l'emploi leur reste toujours aussi hostile. "Retrouver un CDI est quasi impossible", souligne Sylvain Grevedon spécialiste de l'emploi des seniors au Cabinet Mercuri Urval, la plupart ne retrouvant que des missions et les cadres venant grossir les bataillons de consultants.

Faire le point sur son employabilité


Résultat : à la question posée par TNS Sofres sur les moyens qui permettent de se prémunir contre les difficultés de carrière l'âge venant, les salariés Français placent les formations en tête de leurs priorités, suivi du bilan de leurs compétences. Surtout ils sont 58% à juger qu'il est efficace de changer de métier pendant qu'il en est encore temps, le mieux étant de s'en préoccuper dès 41 ans. D'ailleurs 57% des sondés souhaitent changer de carrière avant la fin de leur parcours professionnel. Auteur du rapport "Y-a-t-il un avenir professionnel après 45 ans ?", le Député-Maire de Courbevoie Jacques Kossowski, secrétaire national de l'UMP pour l'emploi des seniors, estime qu'à partir d'un certain âge, "le bilan d'étape professionnel doit être un réflexe, comme pour le bilan de santé après 40 ans. Passé ce cap, tout salarié est plus vulnérable au chômage. La meilleure façon de s'en prémunir, c'est de faire le point sur son employabilité comme on fait le point sur sa santé". Par amendement dans le cadre de la loi du 24 Novembre 2009, Jacques Kossowski a fait adopter un double dispositif pour les plus de 45 ans qui comprend un entretien professionnel et un bilan d'étape professionnel. Un "check-up d'employabilité" rendu obligatoire pour les entreprises de plus de 50 salariés.

Finlande, première de la classe


Si ces mesures offrent un certain espoir aux quadras d'aujourd'hui, pour les quinquas la messe est dite. Dans un contexte de chômage élevé , l'emploi des jeunes est encore et toujours privilégié. D'autant que ces derniers ne sont pas très bien lotis non plus. En France, sur le marché de l'emploi, on est trop jeune avant 30 ans et trop vieux après 50...En parallèle des mesures politiques, il s'agit dès lors de s'attaquer à changer les mentalités. A l'instar des pays nordiques, qui ont organisé une mobilisation sociale autour de l'emploi des seniors. Des séminaires de formation sont organisés pour améliorer la gestion des âges au travail. Des labels sont accordés aux entreprises les plus engagées dans l'emploi des seniors. Des campagnes sont lancées en direction des salariés pour les inciter à travailler plus longtemps. La Finlande constitue un exemple hors pair en la matière, axé sur la prise de conscience collective de l'importance de l'enjeu social, et met en oeuvre une stratégie d'amélioration du bien-être au travail. Tous les trois ans après 45 ans, et chaque année passés 56 ans, les salariés rencontrent leur médecin du travail pour discuter de la pénibilité de leur poste et des perspectives d'évolution de carrière. La promotion de la santé a été améliorée, la formation encouragée, les postes de travail adaptés. Mais, surtout, des formations spéciales pour les managers ont été organisées, afin de leur faire changer leur façon de percevoir les salariés âgés, et pour qu'ils comprennent ce que la vieillesse peut leur apporter. Un lent processus qui a amené les attitudes et les mentalités à changer. Là-bas on parle ainsi de « stratégie de vieillissement actif ». Avec ces mesures, le taux d'emploi des 55-64 ans a grimpé de 35 % en 1998 à plus de 55 % en 2008. Dans le même temps, ce taux passait en France de 28 % à 39 %. Remonter le taux d'emploi des seniors en France revient donc à ne pas durcir les conditions de départ à la retraite avant que les entreprises ne soient disposées à conserver les seniors et surtout à améliorer leur vie au travail.