Christian Noyer renvoie la Cour des comptes dans les cordes

Par latribune.fr  |   |  481  mots
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Répondant aux critiques adressées par la Cour des comptes, le gouverneur de la Banque de France a annoncé la poursuite du non remplacement d'un départ sur deux, mais pas de deux sur trois. Il tacle sévèrement les magistrats de la rue Cambon en l'appelant à balayer devant sa porte et à faire ses propres efforts de rigueur dans la gestion de ses effectifs.

Christian Noyer/Didier Migaud : 1 partout la balle au centre. Le gouverneur de la Banque de France a vertement répondu aux critiques adressées à nouveau par la Cour des comptes dans son rapport public annuel. Sur Europe 1, vendredi matin, Christian Noyer a estimé qu'en matière de gestion des effectifs, "chacun devait balayer devant sa propre porte", pointant la hausse de 10% des charges de personnel de l'institution de la rue Cambon, tant au niveau des magistrats financiers que dans les chambres régionales des comptes. Et toc !

S'agissant de la Banque de France, qui compte encore plus de 13.000 salariés, le gouverneur a récusé l'interpellation de la Cour, qui lui demande de profiter des départs en retraite pour accélérer la réduction de ses effectifs en ne remplaçant pas deux départs sur trois. "Depuis 10 ans, on a baissé nos effectifs de 25%, ça veut dire 4.000 personnes.", s'est défendu Christian Noyer. "J'ai annoncé qu'au cours de cette décennie, nous ne remplacerons qu'un départ à la retraite sur deux", soit une baisse des effectifs de 2.500 personnes mais aussi un volume équivalent de recrutements. Le gouverneur a fait valoir les missions régaliennes que l'Etat a délégué à la Banque de France, comme la gestion des dossiers de surendettement (qui ont explosé avec la crise).

Concernant les critiiques sur les risques de bilan pris par la Banque de France dans ses opérations de politique monétaire dans le cadre du soutien à la zone euro, Christian Noyer a reconnu la nécessité de renforcer les fonds propres de la banque centrale, ce qui a été fait puisque ceux-ci atteignent 6 milliards d'euros. Sur la gestion du stock d'or, il a qualifié de ridicules les critiques sur la vente d'un cinquième du stock décidée en 2004 par Nicolas Sarkozy, avant la flambée du cours du métal précieux. "C'est un peu ridicule de regarder ainsi dans le rétroviseur (...) Si la Cour des comptes savait que le cours de l'or allait atteindre ces sommets, elle n'avait qu'à le dire", a-t-il lancé, rappelant au passage que la Cour des comptes a fait perdre des dizaines de millions à la Banque de France en lui demandant de vendre son immobilier à la fin des années 90, avant donc la hausse des prix de la décennie 2000... "On n'a pas vendu notre or pour rien, on l'a fait pour le remplacer par des réserves de change qui ont rapporté un revenu" et permettent à la Banque de France d'être l'un des trois premiers contribuables (2,6 milliards d'euros de bénéfices en 2010, après une perte en 2009). Il reste à la Banque de France 2500 tonnes d'or dans ses coffres et "il n'est pas question d'y toucher" a prévenu Christian Noyer qui n'a visiblement pas apprécié que la rue Cambon porte atteinte à son indépendance, garantie par la Constitution.