Hollande veut lier smic et croissance économique

Par Ivan Best  |   |  506  mots
"J'ai une règle simple. Chaque fois que la croissance augmente, le smic doit augmenter", a affirmé le candidat socialiste à l'élection présidentielle sur BFMTV/RMC. Photo : Reuters
Ce projet constituerait un retour aux sources du salaire minimum interprofessionnel de croissance, créé en 1970.

Les plus rigoristes parmi les experts socialistes l'avaient souligné, le 26 janvier,  jour de la présentation de son programme: "vous voyez, il n'a pas parlé du salaire minimum, il joue la compétitivité, pas la relance par la demande".  Et pourtant... ce mardi, François Hollande n'a pas oublié les smicards, dont la proportion chez l'ensemble des salariés, après avoir baissé depuis 2005, a de nouveau augmenté en 2011 dans un contexte de très faible hausse spontanée des rémunérations salariales (les smicards représentaient 10,6% des salariés du secteur concurrentiel en 2011, contre 9,8% en 2010). Interrogé sur ses intentions d'augmentation du smic ou non, le candidat a répondu sur BFMTV/RMC: "J'ai une règle simple. Chaque fois que la croissance augmente, le smic doit augmenter". 

Pas de coup de pouce depuis le début des années 2000

En fixant ce principe, il renoue d'une certaine manière avec les origines du salaire minimum interprofessionnel de croissance, instauré en 1970 par le Premier ministre Jacques Chaban Delmas. Il s'agissait bien, comme son nom l'indique, de faire profiter de la croissance les salariés les moins bien rémunérés, alors que jusqu'à cette date, ils ne bénéficiaient que du smig (salaire minimum garanti), qui évoluait strictement comme les prix. En fait, la règle choisie pour revaloriser le smic fut un mix entre la préservation stricte du pouvoir d'achat et une indexation partielle sur les autres salaires, censés bénéficier indirectement de la croissance de l'économie. Ainsi, le smic évolue aujourd'hui comme les prix, plus la moitié de l'évolution du taux de salaire horaire ouvrier moyen. Le gouvernement peut donner un coup de pouce, mais il s'en est abstenu depuis le début des années 2000. Une commission d'experts a été créée, sensée le conseiller à cet égard: elle a toujours conseillé d'éviter tout coup de pouce.  La dernière revalorisation du smic date du 1er janvier 2012: il est fixé à 9,22 euros de l'heure, soit 1.398,37 euros bruts par mois, pour 35 heures par semaine.

Rien à voir avec la proposition de Ségolène Royal

La proposition de François Hollande répond à deux impératifs qu'il veut prendre en compte, la nécessaire compétitivité des entreprises, et la revalorisation des bas salaires. A l'inverse de ce qu'avait fait sa compagne d'alors, Ségolène Royal, en 2007, le candidat PS ne veut pas s'engager sur un montant prédéterminé du smic, quelle que soit l'évolution à venir de l'économie. Il s'agit là d'être sérieux, de prendre en compte les possibilités des entreprises. Mais il veut aussi que les bas salaires profitent de la croissance, que l'on peut espérer voir remonter:  cela  ne serait pas nécessairement le cas avec une indexation, comme aujourd'hui, sur le salaire ouvrier moyen, car la tendance des employeurs est à une très faible revalorisation spontanée des rémunérations. Il va sans dire que ce lien avec la croissance s'ajouterait à l'indexation sur les prix.