Cadres au bord de la crise de nerfs

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  409  mots
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Une enquête Opinionway pour le syndicat des cadres CGT montre le malaise qui a saisi la population cadre. 42% jugent leur salaire insuffisant et 65% regrettent de ne pas être associés aux choix stratégiques de leur entreprise

Comment les quatre millions de cadres vivent-ils la crise ? Eux qui sont des acteurs pivots de la réalité économique des entreprises ? C'est pour tenter de mieux cerner les interrogations du personnel d'encadrement que l'Ugict-CGT (fédérations des cadres et ingénieurs adhérents de la CGT) a commandé à Opinionway une étude sur "le travail des cadres face à la crise", réalisée auprès d'un échantillon représentatif de 1.000 cadres des secteurs privé et public.

Réalisée en janvier 2012, l'enquête montre une insatisfaction vive et croissante ; une sorte de divorce entre eux et les directions des entreprises. Ainsi, ils sont 65% à déplorer de ne pas être associés aux choix stratégiques qu'ils sont pourtant nombreux à qualifier de prioritaires dans le contexte actuel de crise. A cet égard, ils portent un jugement sévère sur des mesures de rigueur qu'ils considèrent comme un non-sens économique qui amputera les salaires au profit des actionnaires. Ainsi, ils sont 74% à se déclarer favorables à la taxation des revenus financiers et ... 97% à rejeter la priorité donnée aux actionnaires.

43% des cadres estiment que leur temps de travail augmente

A titre plus personnel, 83% des sondés estiment vivre une forte augmentation de leur charge de travail et subir une détérioration importante des conditions d'exercices professionnelles. Toujours sur ce terrain personnel, 42% des cadres considèrent leur salaire insuffisant par rapport à leur niveau de qualification et 39% par rapport aux responsabilités qu'ils occupent. C'est dans le BTP que l'on observe le plus fort décrochage. Dans cette branche, 67% des cadres jugent leur rémunération inadéquate.

Un mécontentement que l'on retrouve en matière de temps de travail. Pour 43% des cadres interrogés, le temps de travail moyen a augmenté au cours de l'année 2011.Les dérives observées dans l'application des "forfaits jours" - notamment réservés aux cadres -, parfois sanctionnées par la justice, ont conduit les entreprises à davantage encadrer ces dispositifs et au paiement des heures supplémentaires. A cet égard, 35% des cadres demandent en priorité le paiement des heures supplémentaires, estimant qu'au-delà d'un certain volume d'heures de travail, celles-ci doivent être financièrement majorées. Last but not least, malgré tous les discours et toutes les alertes (comme la série de suicides à répétition chez France Telecom), 83% des cadres considèrent que les pratiques managériales n'ont pas changé ou, pis, qu'elles se sont détériorées.