L'image d'un Nicolas Sarkozy accordant des cadeaux aux riches est désormais ancrée dans l'inconscient collectif. C'est le cas depuis 2007, avec la loi fondatrice, Tepa, qui créait le bouclier fiscal, un allègement d'ISF lors de l'investissement dans une PME, une réduction d'impôt pour intérêts d'emprunt, mais aussi la détaxation des heures supplémentaires au profit, souvent, de salariés modestes. "Nous avons perdu la bataille de la communication sur cette loi", avait pu dire le président sortant, après coup, voyant que les arguments du PS avaient porté, et que le texte était entièrement assimilé par l'opinion à une addition de cadeaux aux riches. Selon le think tank proche du PS Terra Nova, les plus aisés -peu ou prou assimilés aux 10% de ménages aux revenus les plus élevés- ont bénéficié, entre 2007 et 2011, de 18,47 milliards d'euros d'allègements fiscaux (en cumulé, c'est à dire en additionnant tous les gains annuels). Il va sans dire que chiffrage va renforcer l'image d'un Sarkzoy ami des riches.
3,2 milliards d'euros de nouveaux impôts sur les riches
Et pourtant, si l'on considère simplement la situation fiscale début 2012, en la comparant à celle de 2007, force est de constater que les riches ne sont plus avantagés. Le Président de la République est revenu sur beaucoup d'avantages accordés. Le crédit d'impôt pour intérêts d'emprunt, lors d'un achat immobilier, dont bénéficiaient surtout les plus aisés, a disparu. L'allègement d'ISF lors de l'investissement dans une PME a été rogné. Le bouclier fiscal a été supprimé, avec, en contrepartie, il est vrai, un allègement substantiel de l'ISF.
Surtout, en 2010 comme en 2011, et en ce début 2012, les hausses d'impôt sur "les riches" se sont accumulées. Elles peuvent être évaluées à 3,2 milliards d'euros. Selon le rapporteur général du Budget à l'Assemblée nationale, Gilles Carrez, elles atteignaient 1,9 milliard fin 2011. Ce calcul repose notamment sur l'hypothèse, qui peut être jugée plausible, que la motié des revenus du patrimoine, qui sont soumis à des prélèvements sociaux accrus, vont dans la poche de Français dits riches (tout comme la moitié des plus values immobilières sur les ventes de résidences secondaires qui font l'objet d'une taxation plus loude). A ce chiffrage, il faut ajouter 1,3 milliard d'euros liés à la nouvelle hausse de la CSG sur les revenus du patrimoine qui vient d'être adoptée, si l'on retient toujours l'hypothèse que les riches en paient la moitié.
Un bilan nul en 2012
Face à ces hausses de prélèvements, subsistent, comme allègements fiscaux, la réduction d'ISF pour investissement dans une PME (0,7 milliard) et la baisse des droits de succession (2,3 milliards). Bref, même si les riches ont beaucoup profité, au début du quinquennat Sarkozy, le bilan est aujourd'hui nul, de leur point de vue.