L'Economie sociale cherche à peser dans la présidentielle

Avec plus de 2 millions de salariés et près de 100 000 emplois créés chaque année, l'économie sociale entend se faire entendre des candidats à la présidentielle. Le syndicat d'employeurs du secteur leur a présenté ses propositions pour promouvoir la démocratie sociale dans notre pays. Accueil évidemment « politiquement correct ». Reste à passer à l'action.
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En novembre dernier, l'Union de Syndicats et Groupements d'Employeurs Représentatifs dans l'Economie Sociale (Usgeres) présentait aux candidats et à leurs équipes de campagnes 20 propositions pour faire progresser la démocratie sociale. Car les employeurs du secteur regrettent depuis longtemps que leurs dossiers soient portés par les ministères sociaux comme une dernière roue de carrosse et non par le premier ministre ou par Bercy. Car l'Usgeres regroupe 26 syndicats d'employeurs et 12 branches professionnelles, 800 000 salariés et 60 000 employeurs. A ce titre elle est la seule organisation multi-professionnelle de l'économie sociale. Alain Cordesse, le président de l'organisation patronale a beau marteler que « l'économie sociale, ce n'est pas l'économie de la réparation », il avoue y aller « comme sur des ?ufs dans cette campagne parce qu'on nous a longtemps reprochés de ne pas être de vrais employeurs ». Ce qu'il souhaite ? « que la représentativité ne soit plus le fait du prince et qu'il y ait des critères objectifs de représentativité ...au risque sinon de voir le dialogue social s'étioler dans les années qui viennent faute de combattants ». Malgré plusieurs demandes formulées auprès de différents ministres du travail, les employeurs de l'économie sociale ne sont toujours pas reconnus comme partenaire social à part entière regrette encore Alain Cordesse.

Promouvoir l'économie sociale


Ces dernières semaines, il a donc pris son bâton de pèlerin pour échanger avec les équipes de campagne des candidats de l'UMP, du PS et du Modem autour des 20 propositions. Parmi elles, l'une des plus fortes serait la création d'un contrat « jeunes » de trois ans axé sur des métiers d'utilité sociale. Soutenant la proposition du chef de l'Etat d'un dispositif « zéro charges » pour les TPE qui s'engageront à embaucher au moins un jeune de moins de 26 ans, l'Usgeres souhaite aller plus loin en proposant qu'une partie des crédits affectés à la politique de l'emploi soient redéployés en faveur du financement de ce fameux contrat « jeunes » et vers des métiers porteurs sur lesquels l'ESS est déjà positionnée comme l'environnement, l'éducation, la formation professionnelle, la santé, l'action sociale culturelle et sportive et des services à la personne.
Parmi les autres propositions clefs, la sécurisation des parcours professionnels en créant un contrat d'engagement de reconversion professionnelle (CERP) vers des emplois porteurs et non pourvus, ou encore, en instaurant un compte « formation tout au long de la vie » pour tout actif. Mais aussi la promotion des métiers de l'économie sociale dès l'enseignement secondaire et supérieur et l'accompagnement de la reprise des entreprises du secteur. Avec 19 % des suffrages dans le collège employeurs aux dernières élections prud'homales, l'Usgeres attend du Conseil d'Etat qu'il satisfasse à sa demande de siéger dans certaines instances (Commission nationale de la négociation collective, Conseil supérieur de la prud'homie, Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail). Mais ce n'est pas qu'une question politique, c'est aussi une question de moyens pour cette organisation patronale dont le budget n'atteint pas 1,5 million d'euros.

Accueil favorable des candidats à la présidentielle


A l'approche de l'élection présidentielle, les candidats de droite comme de gauche, ont plutôt accueillis favorablement les propositions de l'Usgeres, « politiquement correctes » dans le contexte de crise actuelle et de la hausse des valeurs humanistes. François Hollande, le premier a proposé que soit abordée la question de la représentativité patronale, et notamment celle de l'économie sociale et solidaire et s'est dit-il engagé « à la défendre, à la soutenir et à la promouvoir ». De son côté, Jean-François Coppé a rappelé la dotation de 100 millions d'euros à l'économie sociale dans le cadre du Grand Emprunt et voit dans le développement de cette forme d'économie un moyen de soutenir le tissu des PME. Il préconise également que l'Insee puisse être doté des outils nécessaires pour rendre compte de l'évolution du secteur et que celui-ci soit mieux valorisés dans les filières de formation initiale et continue. François Bayrou, qui fait du terme de solidarité le fil rouge de sa campagne, s'est dit, quant à lui, en phase avec les valeurs de l'économie sociale et y voit « une autre voie que celle du tout capitalisme, du tout profit et du tout financier. Que cette autre voie est tout aussi efficace, si ce n'est plus efficace ...et qu'elle permet de réconcilier des contraintes économiques et des ambitions humaines ». Enfin Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon se positionnent très favorablement face à ce secteur « respectueux de l'humain et de la dynamique des territoires ».
Quelle que soit l'issue de cette campagne, ce type de démarche permet de sortir de l'ombre une force économique encore trop ignorée qui représente 10% de l'emploi en France, 215 000 employeurs et 2,3 millions de salariés. De multiples initiatives en son sein montrent qu'il est possible dans notre pays de convertir l'indignation en action. Reste à la machine politique à lui donner la place qui lui revient.

 

Commentaires 2
à écrit le 15/03/2012 à 16:50
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il faut choisir entre un futur batisseur ___ ou conserver un destructeur...

à écrit le 14/03/2012 à 21:58
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vous oubliez Corinne Lepage!!!

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