Mélenchon profite de son élan et fait le plein à la Bastille

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  726  mots
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Jean-Luc Mélenchon a appelé dimanche les Français à une "insurrection civique" à l'issue d'une marche citoyenne à Paris destinée à témoigner de la montée en puissance du Front de gauche dans la campagne présidentielle.

Ce défilé pour "la VIe République", de la place de la Nation à La Bastille, a rassemblé plus de 120.000 personnes, ont annoncé les organisateurs. La police a indiqué n'avoir effectué aucun comptage pour ne pas interférer dans la campagne. Lors d'un discours place de la Bastille, Jean-Luc Mélenchon a annoncé le "retour" sur la scène politique "du peuple des révolutions et des rébellions en France" de façon à "ouvrir la brèche qu'attend toute l'Europe".

"Nous sommes le drapeau rouge et le rouge du drapeau, nous sommes la main ouverte, offerte pour la solidarité et qui donne de la force en serrant les doigts pour communiquer son énergie", a-t-il scandé. "Nous allons faire de cette élection une insurrection civique qui va, en se donnant d'abord rendez-vous dans les urnes, commencer ce jour-là la révolution citoyenne qu'il est nécessaire d'accomplir pour changer en profondeur la vie du peuple qui pâtit et ouvrir la brèche qu'attend toute l'Europe de son volcan français", a-t-il ajouté.

Les sympathisants du député européen, qui a créé la surprise de la campagne en atteignant des scores de 10% à 11% dans les sondages, entendaient faire une démonstration de force en ce jour anniversaire du soulèvement de la Commune.

Passer devant Bayrou

Le Front de gauche est une coalition rassemblant, autour de son candidat, le Parti de gauche, les communistes et plusieurs petites formations. Au fil de sa progression dans les sondages, Jean-Luc Mélenchon a gagné en appétit et rêve aujourd'hui de talonner le candidat socialiste François Hollande. "Dix pour cent, ça a été un seuil. Si on passe devant François Bayrou (candidat du MoDem) ce sera un autre seuil. On a pas l'intention d'en rester là", a dit son directeur de campagne, François Delapierre. "Et 10, et 15 et 20 !", scandaient des manifestants pour appuyer les ambitions du candidat du Front de gauche.

Deux cents cars et huit trains ont acheminé de toute la France des sympathisants portant le badge "Vite, la VIe République". En tête du cortège, avaient pris place des ouvriers en lutte, comme ceux de Fralib, ArcelorMittal ou des 3 Suisses, marchant aux cris de "résistance, résistance". De-ci, de-là fusaient des "Sarkozy dégage" visant le président sortant. Des salariés suivaient un grand éléphant de carton-pâte donné par un cirque aux salariés de Fralib, qui fabriquent le thé Lipton et les infusions Eléphant à Géménos, près de Marseille.

Peser sur le gouvernement de gauche

Rejetant les accusations de passéisme lancées notamment par l'UMP, les animateurs du Front de gauche estiment faire une campagne totalement inédite. D'autres meetings à "ciel ouvert" sont prévus à Toulouse et Marseille. "C'est le peuple qui se remet en marche. Nous, on leur dit 'prenez le pouvoir'", a dit Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste. François Delapierre espère qu'un peu partout en France des sympathisants du Front de gauche sortiront des salles de meeting pour "prendre pacifiquement la rue".

Bien que la progression de Jean-Luc Mélenchon, qui "mord" sur le PS et chez les écologistes, commence à poser des problèmes au candidat socialiste François Hollande, ses partisans défendent l'idée d'un vote utile. Le principal succès de Jean-Luc Mélenchon est d'avoir, sur la lancée des régionales et cantonales de 2010 et 2011, réussi à fédérer la gauche antilibérale, qui était très émiettée lors des scrutins de 2002 et 2007. L'ancien socialiste a également bénéficié du retrait d'Olivier Besancenot, l'ancien leader du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) qui a laissé la place à Philippe Poutou, un candidat moins charismatique.

La bouillante personnalité et les qualités de tribun du candidat à l'écharpe rouge lui ont ensuite permis d'entamer une montée continue qui, espère-t-il, lui permettra de peser sur un futur gouvernement de gauche si François Hollande devait l'emporter. Il estime que ses thèmes s'installent dans la campagne depuis que François Hollande a proposé d'imposer à 75% les revenus supérieurs à un million d'euros et Nicolas Sarkozy de taxer les exilés fiscaux. "Ca donne une centralité à ma campagne. Le pire pour moi aurait été d'être coincé dans un coin et de ne pas pouvoir en sortir", a-t-il dit au journal Le Monde.