Sarkozy a mal "à la France des territoires"

Les élus locaux, y compris de nombreux UMP, restent très perplexes face aux diverses réformes du quinquennat qui ont affecté les collectivités locales: réforme de la taxe professionnelle, intercommunalité forcée, gel des dotations...
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"J'ai mal à la France", écrivait le général Marcel Bigeard... Nicolas Sarkozy, lui, a "mal à la France des territoires". Pour preuve, d'après plusieurs témoignages, le malaise était palpable mercredi 11 avril, lorsque le candidat-président a réuni, à la Mutualité à Paris, les élus locaux UMP. "C'est vrai que ça n'a pas beaucoup applaudi", reconnaît un participant. Pourtant, Nicolas Sarkozy a tenté de se les mettre dans la poche en lançant "je me sens de votre famille", lui qui fût maire de Neuilly-sur-Seine de 1983 à 2002. Mais cela ne suffit pas... Les élus locaux, y compris UMP, restent extrêmement perplexes face aux diverses réformes présidentielles, affectant les collectivités territoriales. Ils considèrent même que ces réformes ont déjà fait perdre à la majorité les élections sénatoriales du 25 septembre 2011. Or, maires, conseillers régionaux et autres conseillers généraux sont de réels prescripteurs en politique. Se fâcher avec ceux, c'est inquiéter l'électeur...

"Marre de la stigmatisation"

"On ne comprend pas son attitude, il stigmatise les élus locaux de gauche comme de droite, il voit partout de la gabegie, il risque vraiment de payer ça très cher", lance Philippe Laurent, maire divers droite de Sceaux (Hauts de Seine) et président de la commission des Finances de l'Association des maires de France (AMF). Dernier exemple en date : l'annonce par le président-candidat de sa volonté d'étendre aux collectivités territoriales de plus de 30.000 habitants la règle de la "révision générale des politiques publiques" (RGPP) et, notamment, le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Or, outre l'autonomie de gestion des collectivités reconnue par la loi, qui rend ce souhait très aléatoire, le fond même du dispositif semble discutable : "On fera comme l'Etat, pour détourner ce principe, on créera des agences qui emploieront des salariés. En apparence, il y aura moins de fonctionnaires", ironise un élu UMP.


La réforme de la taxe professionnelle ne passe pas

Mais, avant cet épisode, d'autres dispositions, égrenées tout au long du quinquennat, ont troublé les élus locaux. Ainsi, ils ont le sentiment d'avoir perdu en marges de man?uvre avec la réforme de la taxe professionnelle (TP), remplacée notamment par une cotisation sur la valeur ajoutée (CVAE). Mais, autant le taux de la TP était modulable et pouvait donc être rapidement adapté aux besoins de financements locaux, autant la nouvelle CVAE est figée puisque la loi fixe précisément le pourcentage de son produit qui doit être affecté à chaque collectivité (commune, département, région). Puis, ce fût la décision de geler la dotation financière aux collectivités locales jusqu'en 2013. Puis vint encore la loi "RCT" (réforme des collectivités territoriales), pleinement applicable en 2014 - sauf victoire de François Hollande qui souhaite revenir dessus - qui obligent les communes à s'associer dans une "intercommunalité" rassemblant au moins 5.000 habitants pour mutualiser moyens et dépenses.

Certes, l'Association des maires ruraux de France (AMRF) salue l'action de certains préfets qui ont su faire preuve de pragmatisme en ne respectant pas toujours ce seuil de 5.000 habitants, qui entraîne parfois des regroupements très artificiels entre communes séparées par des dizaines de kilomètres. Il n'empêche, comme le souligne le directeur général de l'AMRF, Cédric Szabo "Il y a un risque de perte de proximité. Or, nous voulons être des acteurs du développement du pays. Nous l'avons signifié à tous les candidats à la présidentielle".
 

Commentaires 34
à écrit le 21/04/2012 à 10:36
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je dirai plutôt Sarkozy a fait mal à la France des territoires et à la France en général!

à écrit le 19/04/2012 à 10:39
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il supprime la taxe pro, qui finançait en local, il ne mets pas en place une péréquation par rapport aux communes qui ont beaucoup perdu. et après il s'étonne !!! la sortie est proche.

à écrit le 17/04/2012 à 11:28
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Il faut bien convenir que les avancées quand au secteur public sont bien trop lentes. Tout le monde est responsable, quand on voit le pataques que peut faire une réforme comme celle d el'immatriculation des voitures. Et pourtant, il faudra bien en fi...

le 17/04/2012 à 13:13
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Quel beau discours, il ne vous reste plus qu'à déinir le sens du mot compétitivité.

le 17/04/2012 à 13:32
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Des impôts qui ne servent indirectement qu'à la création d'activité et de richesse par les entreprises, mais pas à l'enrichissement de notables cumulards et absentéistes.

à écrit le 17/04/2012 à 10:11
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Dès qu'on touche à leurs petits privilèges, les élus locaux ont la fièvre!

le 17/04/2012 à 10:49
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Quels privilèges ? Les 580 euros mensuels d'un maire rural dont il reste 150 euros après déduction de frais ? Soit 5 euros de l'heure ! Nous sommes là pour servir nos concitoyens.

le 18/04/2012 à 14:00
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Pauvres maires des petites communes ! Il est de bon ton de dire qu'ils ne gagent pas assez pour ce qu'ils font ... mais ils restent pour la plupart accrochés à leur écharpe ! Je ne pense pas que ce soit du dévouement mais une façon de satisfaire leu...

à écrit le 17/04/2012 à 9:00
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pourquoi les élus locaux font la gueule??? parce qui ont moins de moyens ou parce que la réformes des collectivités va supprimer des postes de planqués réservé a nos énarques??? supprimons les départements avec transfert des compétences au régions, ...

le 17/04/2012 à 9:54
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Désolé, les élus locaux sont rarement des énarques. Ils sont issus du peuple. Le sénat fait un formidable travail qui dépasse les clivages politiques. Les dizaines de milliards d'euros dont vous parlez n'existent pas. Vous ne faites pas une analyse p...

le 17/04/2012 à 13:35
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Vous pouvez développer ? Et indiquer l'absentéisme des sénateurs, la durée de leur session de travail, leurs indemnités (non imposable), leurs avantages, et déjà, rappeler tout simplement leur nombre !

le 17/04/2012 à 15:03
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Oui il y a de l'absentéisme... et du cumul de mandat... Néanmoins ne serait-ce pas une atteinte à la démocratie de réduire le nombre d'élus nationaux qui se doivent d'être le contrôle de l'administration au sens large...

à écrit le 17/04/2012 à 8:53
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La réforme de la carte judiciaire a aussi « blessé » nos territoires. Elle a été excellente sur le fond mais mal conduite par suite d?une concertation insuffisante.

le 17/04/2012 à 10:34
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A lagoden - la réforme était indispensable et bien conduite. Cela dit, en France, dès qu'une réforme se met en place, on rencontre des rejets ou des observations dont vous faites état

le 17/04/2012 à 13:11
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lucifer, je crois que nous sommes presque d'accord. Je m'étonne cependant de situations comme le maintien du TGI de Fontainebleau qui est à 14km de Melun.

le 17/04/2012 à 14:27
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on ne touche pas aux gateaux......surtout pas au millefeuilles....ou tous les copains des copains se regalent

à écrit le 17/04/2012 à 8:05
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Sarkozy ne sera bientôt qu'un mauvais souvenir.

à écrit le 17/04/2012 à 7:34
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L'UMP a perdu les sénatoriales à cause de ces réformes et risque de perdre la présidentielle pour la même raison.

le 17/04/2012 à 8:10
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C'est plutôt pour son rôle de syndicat des nantis, le piston de tocards, amis du président, aux sein des grandes entreprises publiques et des médias, et ses affaires politico-financières en cascade.

le 17/04/2012 à 8:35
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Le népotisme n?est pas l?apanage de Nicolas Sarkozy. Il est malheureusement pratiqué par la plupart de nos dirigeants de gauche et de droite.

le 17/04/2012 à 10:38
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A Théos - Des nantis dont le patrimoine est plus taxé sous Sarko que lorsqu'Aubry était ministre. A titre indicatif, la baisse du taux d'imposition des stocks-options est due au socialiste (sic) Fabius. Le Président de la commission des finances est ...

le 17/04/2012 à 13:36
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Rêvons, rêvons... La réalité est que l'écart entre Nicolas Sarkozy et François Hollandre qu'entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen ou qu'entre François Holade et Jean-Luc Mélenchon.

à écrit le 16/04/2012 à 21:46
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"On fera comme l'Etat, pour détourner ce principe, on créera des agences qui emploieront des salariés. En apparence, il y aura moins de fonctionnaires". Voilà un concentré du vrai visage de la caste des politiciens ! La RGPP est une vaste fumisterie....

le 17/04/2012 à 10:36
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La vulgarit n'a jamais été un argument politique. Vos propositions revèvent du populisme du plus primaire qu'il soit.

le 17/04/2012 à 14:56
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Le socialisme est la vulgarité en politique. La vulgarité commence par le vol institutionnalisé des légitimes propriétaires des richesses : ceux qui les produisent par leur travail salarié, leur travail d'épargne et d'investissement, leur travail d'e...

à écrit le 16/04/2012 à 21:24
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Hé oui, il avait demandé à être jugé sur son bilan, c'est ce qui va se passer dans les urnes.

à écrit le 16/04/2012 à 20:53
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L'un des problèmes de M. Sarkozy est qu'il est jusqu'aux bouts des ongles un urbain, un Parigo qui ne connait pas grand chose d'autre que Neuilly et l'Ouest parisien. Résultat, malgré le talent de Guaino et la capacité de Nicolas S. à s'approprier de...

le 16/04/2012 à 21:48
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Neuilly, enclave anglosaxonne ? Amusant ! C'était de la bonne ? Mais faut pas charger autant...

le 16/04/2012 à 22:12
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Oui, cher Neuilly, où j'ai vécu si longtemps d'ailleurs, cette ville est plus attachée, pour une bonne part de sa population, aux Etats-Unis et à leurs alliés naturels, qu'à la France. Du quartier Saint James à l'hôpital américain, de la place du mar...

le 17/04/2012 à 8:48
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Rien de neuf depuis Marx : les révolutionnaires rouges communistes ou socialistes ne sont pas des prolos mais des grands bourgeois fainéants qui veulent s'encanailler en prétendant défendre les ouvriers, pour finir par les tuer, une fois le pouvoir c...

le 17/04/2012 à 16:06
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Je ne connais très peu Neuilly. Mais ce qui est certain, c'est que NS connait très mal la France. Sans faire de poujadisme, il est incapable de rentrer dans le 93, de se tenir devant des pêcheurs du Guilvinec, de boire le moindre verre de vin au salo...

à écrit le 16/04/2012 à 20:35
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il va aussi avoir mal aux electeurs chefs d'entreprise qui iront a la peche ( quitte a avoir un socialiste, autant ne pas prendre l'ersatz)

à écrit le 16/04/2012 à 19:45
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Peut-être que les territoires ont mal au centralisme français et des fausses décentralisations: les collèges sont de la responsabilité des conseils généraux sauf pour l'essentiel "les enseignants". les collectivités locales (régions, départements, c...

le 20/04/2012 à 9:39
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Une part considérable du décrochage de la France par rapport à l'Allemagne tient à mon sens au centralisme à la française. On hyperréglemente, on centralise, on démotive, on déresponsabilise, on multiplie les échelons et intermédiaires... Un même dos...

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