L'arithmétique électorale exclut la victoire de Nicolas Sarkozy

Par Ivan Best  |   |  576  mots
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La politique ne fait pas toujours bon ménage avec les chiffres. S'agissant du second tour de l'élection présidentielle, même les calculs de reports de voix les plus optimistes en faveur du président sortant amènent à une seule conclusion: sa victoire relèverait du miracle.

François Hollande peut-il encore perdre la présidentielle de 2012 ? En théorie, tout est possible, comme eut pu dire Nicolas Sarkozy, puisque la politique ne fait pas toujours bon ménage avec la logique arithmétique. Pour autant, il est difficile de s'asseoir sur les chiffres. Certes, il ne s'agit que de sondages. Mais contrairement à une opinion ravivée dimanche soir, ceux-ci se sont relativement peu trompés sur les résultats du premier tour. La seule erreur majeure a été, une fois de plus, une sous-estimation du vote FN.
Les dernières enquêtes d'opinion, attribuent au moins 53% des voix à François Hollande le 6 mai. Le plus récent, le fameux « rolling Ifop » (sondage réalisé chaque jour sur la base d'un tiers de l'échantillon normal), que vient de publier Paris Match, attribue 55% au candidat PS, soit un point de plus qu'avant le premier tour. L'avance est confortable.

La photographie peut-elle bouger?

Cependant, c'est là une photographie, selon l'expression usuelle. Peut-elle bouger en quelques jours, au point de faire changer le résultat ainsi prévu? En fait, selon une enquête Opinonway publié ce jour par les Echos, qui attribue 54% des voix au candidat socialiste, il faudrait que tous ceux qui envisagent de voter Nicolas Sarkozy, mais hésitent encore, maintiennent leur choix, et qu'à l'inverse, la plupart des partisans de François Hollande qui se montrent encore hésitants basculent à droite....
Une autre manière d'appréhender le sujet est celle des reports de voix. Avec son score de 27,18% au premier tour, Nicolas Sarkozy doit évidemment bénéficier de reports pour espérer l'emporter. Il tente à toutes forces d'obtenir que les électeurs de Marine Le Pen votent pour lui le 6 mai. Aujourd'hui, entre 37 et 57% d'entre eux se disent prêts à voter Sarkozy. Le problème, c'est qu'à s'adresser toujours plus aux partisans du FN, le président sortant va s'aliéner les centristes, qui ont fait le choix de François Bayrou...

Quelles que soient les hypothèses, le compte n'y est pas

Imaginons que Nicolas Sarkozy réussisse à capter les trois quarts de l'électorat frontiste, avec une participation équivalente à celle de dimanche. Si l'on retient cette hypothèse très favorable au candidat UMP, qui serait l'aboutissement d'une opération séduction particulièrement réussie, relevant quasiment du miracle, ou d'une erreur de François Hollande, qui stigmatiserait le vote FN - ce qu'il se garde bien de faire- le président sortant obtiendrait ainsi 40,6% des voix au second tour. Si, hypothèse encore plus extrême, Nicolas Sarkozy s'arroge aussi, malgré un discours droitisé, les trois quarts du vote Bayrou, il monte alors à 47,4% des suffrages exprimés, le 6 mai prochain. On peut ajouter, pour faire bonne mesure, 1,5 point correspondant à un excellent report des partisans de Nicolas Dupont-Aignan : le compte n'y est toujours pas, puisque le candidat UMP plafonne à 48,9%.
Autre éventualité en faveur de Nicolas Sarkozy : que son adversaire manque totalement le débat télévisé de l'entre deux tours, le président sortant se montrant, c'est ce qu'il tend à penser, infiniment supérieur par sa maîtrise des dossiers et sa force de conviction. Mais ce débat, qui sera évidemment très suivi, ne peut déplacer que quelques dixièmes de points, affirment les politologues. Même si l'écart se creusait encore, François Hollande conserve une marge confortable.

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