Logement, santé, PME, industrie... les grands oubliés du débat

De nombreux thèmes, souvent au coeur des préoccupations des Français, n'ont pas été abordés lors du duel présidentiel qui s'est déroulé mercredi soir. Les candidats eux-mêmes ont regretté ce jeudi de ne pas avoir pu expliquer leurs propositions dans ces domaines. La Tribune s'en charge.
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"Acheter Français", créer des logements "très sociaux", agir pour le handicap... ces autres thèmes de la campagne présidentielle étaient absents de la joute à laquelle François Hollande et Nicolas Sarkozy se sont livrés mercredi soir. Au lendemain du débat, le second a regretté que n'aient pas été abordées les questions du logement, de la santé et de la culture. D'ailleurs, aux yeux du président-candidat, ces impasses justifient a posteriori sa proposition d'organiser "deux ou trois débats", comme il l'avait proposé à François Hollande. Ce dernier, qui lui a opposé son refus, partage avec son rival le regret de ne pas avoir évoqué la santé, le handicap et le logement, comme il l'a exprimé sur les ondes de France inter ce jeudi.

Immobilier : Sarkozy veut plus de fluidité, Hollande plus de logements

Eclipsée par la dette ou la fiscalité la question du logement n'aura été que très peu abordée pendant cette campagne. Pourtant, chacun des candidats avait bien sûr prévu des propositions dans ce domaine. Nicolas Sarkozy a promis de diviser par deux les frais de notaire sur les achats immobilier afin de fluidifier le marché. Le débat aurait pu être l'occasion d'interroger le chef de l'Etat sur la façon dont il prévoit, s'il est réélu, de compenser le manque à gagner pour les collectivités territoriales si ces droits de mutation sont ainsi diminués.

Au cours de la campagne, le candidat de l'UMP a par ailleurs évoqué les niches fiscales et le dispositif Scellier. On ne "peut pas continuer comme cela avec 40 milliards d'euros par an de financements publics pour le logement. Cela ne fait qu'entretenir une bulle", avait-il dénoncé le 17 avril face à la Fédération française du bâtiment, souhaitant la fin des avantages fiscaux liés à l'investissement locatif. Plus tôt dans l'année, il avait en outre fait part de son intention d'augmenter de 30% les coefficients d'occupation des sols (COS). Il compte enfin continuer de céder des terrains appartenant à l'Etat mais n'en a pas précisé les modalités.

De son côté, François Hollande compte encadrer les loyers "dans les zones où les prix sont excessifs". Il souhaite mettre en place des cautions solidaires pour les jeunes, quand bien même ce type d'aide au logement existe déjà, sans condition d'âge. Plus largement, le candidat socialiste souhaite que soient construit en France 2,5 millions de logements intermédiaires, sociaux et étudiants d'ici à la fin de son mandat, dont 150.000 logements dits "très sociaux", c'est-à-dire accessibles aux plus démunis. Il compte financer ces mesures grâce au doublement du plafond du Livret A qui passerait à 30.600 euros. Enfin, concernant la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains (loi dite SRU), le député de Corrèze souhaite porter de 20 à 25% l'exigence de logements sociaux pour les communes de plus de 3.500 habitants. Celles qui ne s'y plieraient pas verraient leurs sanctions multipliées par cinq.

Santé : chacun sa formule pour lutter contre les déserts médicaux

Pas un mot non plus sur la santé ni la protection sociale lors du débat. Les deux candidats ont certes évoqué la fonction hospitalière lorsqu'ils ont abordé la question des créations de postes dans la fonction publique, mais rien de plus. Une absence qu'a particulièrement regrettée François Hollande sur France Inter ce jeudi. Il a profité de l'occasion pour rappeler son souhait d'annuler une partie de la taxe sur les mutuelles "à la condition que ce soit entièrement répercuté sur les adhérents", a-t-il précisé. Dans son programme en 60 points, le candidat socialiste s'attarde davantage sur la santé. Il y promet une réforme de la tarification hospitalière, la création de pôles de santé pour lutter contre les déserts médicaux, l'augmentation de la rémunération forfaitaire des médecins généralistes et l'encadrement des dépassements d'honoraires. Il prône aussi la baisse des prix des médicaments et la suppression du droit d'entrée dans le dispositif d'aide médicale d'Etat, introduit en 2011.

Dans la lutte contre les "déserts médicaux", ces zones de France où l'accès au soin est plus difficile en raison de la raréfaction de l'offre médicale, Nicolas Sarkozy propose lui, de récompenser les médecins qui s'y installeraient. En leur attribuant des honoraires survalorisés, il compte sur l'incitation financière mais ne précise pas comment pallier le manque de services hospitaliers, notamment les maternités dans certaines régions. Par ailleurs, afin de désengorger les services d'urgences dans les hôpitaux, le président-candidat veut créer des maisons "avec des médecins libéraux". Quelque 750 maisons de santé pluridisciplinaires sont également prévues. Enfin, il souhaite mettre en place une "carte sociale sécurisée" biométrique.

Politique industrielle et PME : où est passé le fameux "achetez Français" ?

"Le libre-échange, oui ! La concurrence déloyale non !". Ainsi se résume le positionnement de Nicolas Sarkozy sur les partenaires européens. Sujet qui n'a pas non plus été abordé, alors qu'il a tenu une place importante dans la campagne. Pour renforcer la place de la France tout en soutenant l'Europe, le candidat-président explique que la France demandera, s'il est élu, que l'Europe se dote d'un "Buy European Act" sur le modèle du "Buy American Act" pour que "les entreprises qui produiront en Europe bénéficient de l'argent public européen. "Si dans les douze mois qui viennent aucun progrès sérieux sur l'exigence de la réciprocité avec nos principaux partenaires n'était enregistré, alors la France appliquerait unilatéralement cette règle jusqu'à ce que les négociations aboutissent", avait-t-il prévenu.

Pour soutenir les PME, le président-candidat propose par ailleurs plusieurs mesures de soutien aux petites et moyennes entreprises (PME). Au programme : réserver une part des marchés publics aux PME, ou encore que la banque publique de soutien aux PME, Oséo, avance le crédit d'impôt recherches à ces PME avec des prêts à taux zéro.

Le candidat socialiste propose quant à lui de créer une banque publique d'investissement pour les PME. C'est d'ailleurs la toute première mesure citée par le candidat du parti socialiste. L'idée ? Participer au financement des petites et moyennes entreprises via des fonds régionaux. " 5 milliards d'euros seront consacrés au soutien à l'industrie et aux PME", a expliqué François Hollande qui compte pour cela mobiliser l'épargne des français en créant un livret d'épargne industrie dont le produit sera entièrement dédié au financement des PME et des entreprises innovantes, en doublant le plafond du livret développement durable en le portant de 6000 à 12000 euros. François Hollande souhaite par ailleurs créer un "haut-commissariat" chargé de la réflexion sur la politique industrielle.

L'apprentissage, cheval de bataille du clan Sarkozy, n'a pas trouvé sa place lors du débat

Il a beaucoup été question de formation pendant le débat. Pourtant, les apprentis s'estiment oubliés. "Que ce soit sur la capacité des formateurs à les aider à bénéficier de missions plus formatrices en entreprise, sur la question d'une structure qui les conseillerait sur le plan juridique ou sur la formation des formateurs (...), l'Anaf a l'impression que les candidats sèchent tout simplement", a regretté l'association nationale des apprentis de France (Anaf) au lendemain de la joute télévisuelle.

Chacun des candidats a pourtant envoyé une lettre à l'association pour préciser ses projets en matière d'apprentissage. Le président-candidat a beau vanter l'apprentissage, qu'il présente comme une solution pour réduire un chômage touchant 20% des jeunes, ses propositions n'ont semble-t-il pas convaincu l'Anaf. Le candidat UMP propose de doubler les sanctions financières dans les entreprises de plus de 250 salariés qui ne respectent pas le quota obligatoire de 5% d'apprentis. Celui-ci vient d'ailleurs d'être relevé par le gouvernement qui a fixé un objectif de 800.000 alternants d'ici 2015 contre 600.000 aujourd'hui. Nicolas Sarkozy souhaite aussi généraliser l'apprentissage en dernière année de bac pro et de CAP et plaide pour un rapprochement entre les universités et les entreprises par la voie de l'alternance.

Pour François Hollande, "l'apprentissage n'est pas une 'solution miracle' face au chômage des jeunes mais bien un mode de formation et d'obtention du diplôme", a-t-il répondu à l'Anaf, en rappelant son opposition à l'apprentissage dès 14 ans, défendu par son adversaire. Dans sa lettre, le candidat PS a insisté sur la nécessité de développer l'apprentissage pour les filles, pour les zones urbaines sensibles, les personnes handicapées, et pour les métiers "verts", tout en respectant la complémentarité avec la voie professionnelle en lycée.

 

Commentaires 13
à écrit le 08/05/2012 à 1:16
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Il faudras qu'une fois son gouvernement fait, qu'il ne fasse pas comme Sarkozy, s'occuper de l'accès au logement plus facilement s'occuper de l'emploi s'occuper de l'immigration, du chômage, du pouvoir d'achat, si il ne le fait pas dès son investure ...

à écrit le 07/05/2012 à 19:15
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@ bon voyage n'oubliez pas de nous envoyez une carte

à écrit le 04/05/2012 à 14:35
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dans le cas des deserts medicaux, il faut se mefier Les gens habitant la sont en general TRES ages et il n y a plus de jeunes (je suis ne dans un de ces endroits, moyenne d age > 60 ans. le plus jeune a presque 50 ans) autrement dit, d ici 10-20 ans...

le 05/05/2012 à 15:49
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je ne vais pas m'installer à la campagne pour cette raison ! il faudrait qu'un gouvernement apporte des solutions réelles...

à écrit le 04/05/2012 à 14:33
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c est bien d avoir reconnu l effet nocif du scellier et sa responsabilite dans la bulle immobiliere actuelle, mais il aurait fallu le faire avant. c est pas juste avant d etre viré qu il faut dire (et meme pas faire) les chose

le 07/05/2012 à 16:30
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Voilà bien un sujet où nous devrions nous inspirer de la démarche allemande bien différente , car le cout du logement a nettement moins augmenté que chez nous et cette inflation sur le cout du logement est un boulet pour notre compétitivité car c'est...

à écrit le 04/05/2012 à 1:36
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pff ! pour les logements, c'est comme pour les emplois : François va tout faire... avec nos impots ! les logements seront administrés, les emplois seront des postes de fonctionnaires. Seuls les chômeurs seront privés.. de tout ! (parce qu'on sera rui...

à écrit le 03/05/2012 à 19:18
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Les PME le poumon de toutes économies ,l'Allemagne l'a bien compris. Un débat trop chargé ,il fallait à l'évidence 1 ou2 débats supplémentaires

le 03/05/2012 à 19:58
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c'est vrai

à écrit le 03/05/2012 à 18:32
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le pire c'est de ne pas avoir parlé des PME !!!! c'est elles qui font la différence entre nous et l'Allemagne

à écrit le 03/05/2012 à 18:21
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mais qu'en est-il de la conquête spatial? Personne ne l'a mentionné, ça ne semble intéresser personne??? Mais dans quel monde vit-on pendant que la Corée envoie des fusées, nous ne bougeons pas d'un petit doigt

le 03/05/2012 à 19:11
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+1

à écrit le 03/05/2012 à 17:42
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et nos objectifs aux JO, et surtout la conquête spatiale !!!! personne n'en parle, vous pensez que ce n'est pas une priorité, c'est ça???

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