Laurent Fabius au Quai d'Orsay sous le signe de la continuité

Par Robert Jules  |   |  359  mots
Copyright Reuters
Le nouveau ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, est un homme d'expérience. Il va remplacer Alain Juppé, au profil similaire, ce qui devrait assurer une certaine continuité d'un action diplomatique qui a perdu de son influence au profit de l'économie dans les relations internationales.

C'est un homme fort d'une expérience ministérielle consistante qui va prendre la succession d'Alain Juppé au Quai d'Orsay. Ironie de l'histoire, Laurent Fabius, 65 ans, est comme Alain Juppé, normalien, agrégé de lettres classiques, énarque et ancien Premier ministre. Tous deux furent des candidats potentiels à briguer la présidence de la République mais n'ont jamais pu être en position de concourir. Et leurs profils sont semblables : calmes, réservés, fin politiques, il devrait y avoir continuité au ministère.

Le poste des Affaires étrangères est devenu moins important que par le passé. Assurément, la mondialisation de l'économie a empiété sur la pure diplomatie, ternissant le lustre d'une institution prestigieuse. Et le corps de cette institution se sent mal aimée depuis des années, et l'a régulièrement manifesté.

Marginalisé durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy

Laurent Fabius devra donc rassurer et clairement définir le rôle de la diplomatie française, domaine réservé du chef de l'Etat avec la Défense, et qui sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy fut marginalisée au profit de décisions prises directement à l'Elysée, que ce soit sur le dossier lybien, tunisien ou encore mexicain. Il devra également négocier la délicate articulation entre diplomatie française et diplomatie européenne comme le prévoit le Traité de Lisbonne. Diplomatie européenne qui, sous la houlette de Catherine Ashton, s'est surtout fait remarquer par quelques faux pas.

Le retrait d'Afghanistan, premier dossier

Le premier dossier qui attend celui qui fut le plus jeune Premier ministre de France sera d'abord celui du retrait du contingent engagé en Afghanistan, qui sera discuté au sommet de l'Otan ce week-end, avec Jean-Yves Le Drian, son collègue nommé à la Défense. Parmi les autres dossiers que devra gérer le nouveau locataire du Quai d'Orsay, il y aura aussi la guerre civile en Syrie, où Paris réclamait une intervention et le dossier nucléaire iranien. La France tenait jusqu'à présent une ligne dure. La semaine dernière, Michel Rocard s'est rendu à Téhéran à titre personnel, créant une polémique.