Un gouvernement taillé pour les législatives

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  480  mots
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En bonne logique, ce premier gouvernement Ayrault est taillé sur mesure pour les élections législatives, rassemblant toutes les sensibilités du PS, parfois au détriment des fidèles de François Hollande. Sans oublier les partis alliés (écologistes, radicaux de gauche..). La donne changera après les législatives

Le gouvernement annoncé ce mercredi par le secrétaire général de l'Elysée, Pierre René Lemas, surprend d'abord par son ampleur : avec 34 membres, on est loin de l'équipe resserrée évoquée depuis des semaines par les socialistes. « Il y aura 15 à 20 ministres » entendait-on avenue de Ségur, au local de campagne de François Hollande. La volonté de donner des gages à l'ensemble des courants, dont celui de Martine Aubry, qui s'est exclue de la partie, faute d'avoir obtenu Matignon, a eu raison de cet impératif de minceur. Même si, dans l'absolu, on ne compte effectivement que 18 ministres de plein exercice.

Parité respectée

En revanche, la parité promise par François Hollande est parfaitement respectée, puisque 17 femmes trouvent leur place dans ce premier gouvernement Ayrault... Certes, beaucoup se retrouvent sur les questions sociales... Comme d'habitude. Cependant, il est incontestable qu'a un mois d'élections législatives, loin d'être gagnées pour la gauche, la composition de ce premier gouvernement est assez maligne. Quelques ténors du PS, y figurent, comme Pierre Moscovici et, surtout, Laurent Fabius. Il fallait mieux avoir l'ancien Premier ministre à l'intérieur, plutôt qu'à l'extérieur... Paradoxalement, si toutes les chapelles du PS sont représentées - même si l'aile gauche du parti est plutôt mal servie - , les Hollandais de vieille date ont un peu fait les frais d'une nécessaire conciliation. Ainsi, Alain Rousset, soutien ancien de François Hollande, n'hérite finalement pas de l'Industrie. De même pour François Rebsamen, sénateur maire de Dijon, qui attendait l'Intérieur...Même Michel Sapin, certes présent, devait davantage réver de Bercy que du ministère du Travail.

l'apparition de jeunes pousses

Ensuite, astucieusement, un saut générationnel est aussi opéré, avec l'apparition de "jeunes pousses" comme Najat Vallaud Belkacem - qui sera la porte-parole - , Delphine Batho et Fleur Pellerin. Enfin, les " alliés traditionnels du PS" sont représentés, via Christine Taubira (radicaux de gauche) et Cécile Duflot (Europe Ecologie-Les Verts). Bien entendu, pas de représentant du Front de Gauche puisque, à ce stade, aucun accord de mandature n'a été signé avec ce parti. Reste qu'il ne s'agit que d'un premier gouvernement. Les rapports de force risquent d'évoluer après les législatives en cas de victoire... Ce qui n'est pas fait. Jean-Marc Ayrault a déjà annoncé que les ministres battus ne pourront pas rester au gouvernement. Il semble acquis qu'après les législatives, davantage de places seront accordées aux écologistes et, éventuellement, quelques ministres communistes pourraient faire leur entrée. En outre, des secrétariats d'Etat seront certainement créés. Last but not least, le cas de Martine Aubry sera certainement remis sur la table, surtout en cas de très bon score du PS. Rentrera-t-elle cette fois au gouvernement ?