"Les ETI et les grands groupes ne sont plus épargnés par la crise"

Selon Jennifer Forest, économiste chez Coface, le nombre des défaillances devrait approcher cette année le record atteint en 2009. Selon une étude réalisée par l'assureur-crédit, leur coût s'élèverait cette année à 0,21% du PIB contre 0,16% en 2007
Jennifer Forest, économiste chez Coface Copyright Reuters

Selon votre étude, bien qu'il s'inscrive en baisse, le nombre de défaillances d?entreprises françaises sur les quatre premiers mois de l?année est néanmoins préoccupant. Pour quelles raisons ?

Certes, le nombre de défaillances a reculé de 1,75% entre janvier et avril pour s'élever à 21.236, mais leur coût explose de 12% sur un an. Cette hausse s?explique par le fait que de plus en plus d?entreprises de grande taille sont en difficulté. Relativement épargnées par la première vague importante de défaillances en 2008-2009, les ETI et les grandes entreprises sont désormais frappées par la crise. Petroplus, Surcouf, Caddie sont autant d?exemples d?entreprises qui, jusqu?ici solides, sont aujourd?hui en difficultés.
 

Les TPE et les PME seraient donc épargnées ?
Non, malheureusement. Celles qui avaient réussi la performance de passer entre les gouttes sont désormais rattrapées par le ralentissement économique.
 

Pourtant, la France n?est pas en récession?
En effet. Mais il faut savoir qu?un ralentissement de 1% de la consommation des ménages se traduit par une augmentation de 0,6% des défaillances. Les entreprises ne souffrent pas seulement pendant les périodes de récession. Ce serait trop beau.
 

Quel est le coût des défaillances des entreprises ?
Il représente désormais 0,21% du PIB contre 0,16% en 2007. Par ailleurs, le volume de défaillances reste encore à un niveau très élevé, au-dessus de la valeur moyenne constatée entre 2006 et 2011.
 

Comment expliquez-vous cette importante sinistralité ?
Fait nouveau, et inédit, ce ne sont pas seulement des facteurs financiers, comme les difficultés d?accés au crédit bancaire, l?allongement des délais de paiement, les tensions sur les trésoreries?, qui sont à l?origine de ces difficultés. C?est la dégradation de l?environnement macro-économique qui les provoque, en particulier l?essoufflement de la demande intérieure.
 

Dans ce contexte, l?export ne devrait-il pas être une solution ?
Si, bien sûr. Pourtant, seules 3% des entreprises tricolores, soit 100.000 environ, exportent. C?est un très petit nombre. Par ailleurs, elles commercent essentiellement avec les pays de la zone euro aux taux de croissance très faible. Il faudrait qu?elles visent en priorité les pays émergents.
 

Il est si difficile d?exporter ?
Le ticket d?entrée est élevé et le retour sur investissement est aléatoire même si de nombreux outils existent pour couvrir les risques. Lorsqu?une entreprise est en difficulté, tenter un pari à l?export est risqué.

Des secteurs souffrent-t-ils plus que d?autres ?
La construction et les services sont ceux qui souffrent le plus du ralentissement de l?activité et de l?essoufflement de la demande intérieure. Mais ce sont également ces deux secteurs qui rebondissent le plus vite lorsque l?environnement s?améliore. Ce ne sont pas les seuls secteurs à pâtir de la crise actuelle. Dans l?énergie, la filière photovoltaïque subit de plein fouet la décision de l?Etat de ne plus soutenir financièrement son développement. Dans les transports, la hausse des cours du brut a fragilisé également un nombre important d?entreprises.
 

Dans ce contexte, quelles sont vos perspectives ?
Compte tenu de l?environnement européen, de la prudence du secteur bancaire, de notre prévision de croissance pour l?ensemble de l?année (0,3%), nous redoutons une hausse de 4% des défaillances cette année dont le nombre devrait approcher les 63.000, proche du triste record de 65.900 observé en 2009.
 

Commentaires 6
à écrit le 18/06/2012 à 12:27
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La baisse de la demande intérieure est la première cause du ralentissement économique. Si les clients ont moins d'argent, ils consomment moins! Il faut donc redonner du pouvoir d'achat, mais la crise, la Chine etc..etc...On ne peut donc rien faire et...

le 18/06/2012 à 12:58
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Ou la baisse des exportations

à écrit le 18/06/2012 à 12:12
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Avec la nouvelle assemblée , élue , après quasiment 9 mois d'attentisme - Tout devrait décoller rapidement...

le 18/06/2012 à 12:58
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Mais bien sur.

le 18/06/2012 à 15:21
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Et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d'alu ?

le 18/06/2012 à 18:19
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Justement, les marmottes gambadent dans les alpages et glissent sur les névés. C'est sûr que ça fait très longtemps que nos "bons maîtres" n'ont pas vu de marmotte...A propos, le changement c'était maintenant et de très là-haut où je vis, je ne vo...

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