Estimer le « reste à vivre » pour enrayer la pauvreté

Le Conseil National des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale recommande de mieux prendre en compte la notion de « reste à vivre » pour distinguer et aider les plus démunis.
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La pauvreté continue de progresser en France. Elle concerne désormais plus de 8 millions de personnes, soit 14,1% de la population contre 13,5% en 2009. Paru aujourd'hui, le rapport de l'Insee sur les niveaux de vie des Français vient conforter un rapport du Conseil National des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale (CNLE). Le conseil pointe l'urgence de mettre en oeuvre de manière effective le droit pour les personnes en situation de pauvreté d'accéder à des moyens convenables d'existence.  Et propose une nouvelle approche de la pauvreté au travers de la notion de « reste à vivre ».

Tenir compte de la complexité des situations vécues

Il s'agit de mieux mesurer l'impact de l'évolution du coût de la vie sur les petits budgets des ménages précaires pour estimer ce que devrait être leur « revenu minimal décent » et donner ainsi une définition fiable des dépenses contraintes. Ceci afin d'obtenir un calcul harmonisé du « reste à vivre ». Ce concept de « reste à vivre » n'est pas encore très présent dans les indicateurs de précarité et désigne les revenus disponibles après le paiement des charges contraintes telles que le loyer, les factures d'eau et d'électricité, les assurances, etc.. Le groupe de travail du CNLE s'est appuyé sur 22 auditions d'experts et recueils de témoignages de personnes en situation de précarité pour fonder ses recommandations. « La pauvreté ne peut se mesurer à des normes et la démarche d'accompagnement social ne peut s'affranchir d'un dialogue avec la personne concernée pour comprendre la réalité de sa situation. Les auditions ont révélé qu'il était souvent délicat de manier l'indicateur du « reste à vivre » des ménages en difficulté pour les intervenants sociaux qui doivent décider de l'octroi d'une aide locale », note Didier Piard, directeur de l'action sociale à la Croix Rouge et président du groupe de travail.

D'où le choix du Conseil d'élargir l'analyse en ne se limitant pas aux dimensions strictement économiques, mais en prenant en compte la complexité des situations vécues par les personnes en précarité, notamment la perception des privations, les représentations sociales et les choix de vie. Pour aboutir à l'essentiel : que les dispositifs d'accompagnement ou d'aide ne privent pas la personne concernée de sa dignité et de sa liberté de choix. « Car trop souvent ces individus se trouvent doublement exclues, lorsqu'elles sont désignées comme un poids économique pour la société ou soupçonnées d'abuser du système » souligne le CNLE.

Inciter les entreprises à revoir leur offre pour les plus modestes

Dans l'immédiat le rapport suggère de réévaluer les minima sociaux (notamment augmenter de 25% le RSA) et de les indexer sur le taux de croissance. Mais aussi de veiller à ceux qui ne peuvent plus payer leur logement en renforçant la régulation des loyers par l'Etat et en menant une politique de prévention des expulsions et d'accompagnement des foyers fragiles pour le maintien dans leur logement. L'accès à la consommation doit également être mieux élaboré. Dans le secteur de l'énergie, de la téléphonie et des nouvelles technologies, il s'agit d'inciter les entreprises à faire évoluer et à diversifier leur offre de produits et de services à destination des clients économiquement fragiles ou modestes. Unilever a déjà annoncé qu'il allait revoir la taille de ses conditionnements pour l'Europe afin de s'adapter à l'augmentation de la pauverté. Leclerc et Auchan n'ont pas dit non mais prévoient plutôt cette offre en direction des pays du Sud. Quant à Carrefour, son PDG s'est dit « agacé » par de tels discours sur la pauvreté. Tout reste donc à faire du côté des entreprises.   

 Créer un "fonds de secours immédiat"

Enfin dans le domaine de la prévention, l'urgence pour le CNLE est d'aider le plus tôt possible ceux qui risquent de « décrocher » en créant des dispositifs d'alerte et d'intervention sociale précoce. Car dans l'incapacité de faire face à leurs dépenses les ménages modestes ont recours à des achats à crédit qu'ils ne parviennent plus à rembourser. Le surendettement doit constituer l'un des chevaux de bataille compte tenu de l'augmentation du nombre de dossiers déposés auprès de la Banque de France (+23% entre 2008 et 2011 avec 232 000 dossiers en 2011) et des 6 millions de personnes en situation d'exclusion bancaire. Le CNLE préconise la création d'un « fonds de secours immédiat » dans chaque département pour pallier sans attendre aux accidents de la vie sous forme d'aide ou de prêt à taux zéro. Des « filets sociaux » qui seraient financés à la fois par l'Etat, les collectivités et pourquoi pas les associations.

Toutes ces propositions seront débattues lors de la conférence de la lutte contre la pauvreté qui aura lieu les 12 et 13 novembre prochains à Paris.

 

 

 

 

Commentaires 50
à écrit le 11/12/2012 à 16:00
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Livre de Jacques Généreux : La grande Régression Résumé : Durant les vingt premières années de ma vie, j ai grandi dans un monde où le destin des enfants semblait naturellement devoir être plus heureux que celui de leurs parents; au cours des trente ...

à écrit le 08/09/2012 à 19:44
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Difficile de définir le "à vivre" et le "reste à vivre" car le système capitaliste nous a engager dans une course sans fin. il a exacerbé deux moteurs du comportement humain : 1) la volonté d'avoir toujours plus: ce qu'il a aujourd'hui ne le satisfe...

à écrit le 08/09/2012 à 15:38
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On comprend que le problème simple est de régler la question du travail en supprimant toute idée de chômage. Il n'y a rien d''autre à inventer. Tout le calcul de l'offre est en effet basé sur le salaire du smic. Il pénalise celui qui n'a pas ce reven...

le 08/09/2012 à 16:07
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Amen.

à écrit le 08/09/2012 à 14:23
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il faudrait supprimer les machines , beaucoup de machines automatiques et les remplacer par de la main d'oeuvre. Cela permetttrait de réintégrer beaucoup de personnes dans le monde du travail , de combattre l'exclusion. La société ne devrait pas perm...

le 08/09/2012 à 15:40
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Commence par supprimer ta carte bleue, ta machine à laver, ton ordinateur et ce sera un bon début

à écrit le 08/09/2012 à 12:36
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Si on reste dans l'uniformité et les pensée standard, ca ne fera qu'empirer, on ne peut pas aller ailleurs, ni gagner des marchés à l'étranger. ils sont dans le même état que nous. il faut devellopper notre marché intérieur avec les activités locale...

le 08/09/2012 à 16:07
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L'exemple de la Norvège est particulièrement mal choisi. Le pays est en effet totalement autonome en énergie (fonte des glaces) et vend donc ses énormes réserves pétrolières et gazières en totalité, ce qui lui procure une manne considérable pour une ...

le 08/09/2012 à 18:26
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On attend vos solutions ! oh ! grand maitre! :-))))))) mis a part de répondre à coté et de vous fixez sur la Norvege et les pays du Nord ! pour vous faire plaisir, histoire que je rigole, lui il propose quelque chose!. quand on a rien à dire on se t...

à écrit le 08/09/2012 à 11:31
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si on considère tout ce que paye une entreprise (cotisation...etc) pour un smic, plus toute forme de prélèvement direct et indirect sur le revenu, local ou national, un smicard est taxé a +60% environ en France.

à écrit le 08/09/2012 à 11:00
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Créer un "fonds de secours immédiat" ? Le gros problème est que si ce fond est ouvert à la planète entière (et oui nous ramassons tout ce qui traine tout de même ...) il y aura toujours plus de pauvres.

le 08/09/2012 à 16:07
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Oh Marie, si tu savais...

à écrit le 08/09/2012 à 10:31
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Ce serait plus logique. Beaucoup de petits salariés n'y arrivent plus alors qu'ils gagnent plus que certains qui sont assistés parce qu'ils n'ont pas accès au logement social, doivent payer l'école, la cantine, l'étude ou la garderie, les transports ...

le 08/09/2012 à 11:02
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Très juste c'est pourquoi je milite pour que toutes les aides et prestations (fort nombreuses au demeurant) soient incluses dans le revenu à déclarer : nous aurions quelques surprises je puis vous l'assurer.

le 08/09/2012 à 11:21
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vous avez bien raison. Je vous conseille pour cela le livre du regretté jacques Marseille: "l'argent des français".

à écrit le 08/09/2012 à 9:49
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Sophie péters, l'auteur de cet article, devrait réfléchir un peu mieux avant d'écrire un titre pareil :estimer le "reste à vivre" fait penser à la fin de vie ou à l'euthanasie avant son reste à consommer !

à écrit le 08/09/2012 à 5:37
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J ai touche 56000 dollars en 2011 et je n arrive pas a m'en sortir.

le 08/09/2012 à 15:37
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Et ta soeur ?

à écrit le 08/09/2012 à 4:10
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Une chose est claire: l'alimentation ne représente plus rien dans le revenu des ménages (14% aujourd'hui), et va réaugmenter (nous sommes à un tournant historique). En revanche, l'immobilier est trop cher. Toutes les politiques qui vont dans le sens ...

le 08/09/2012 à 5:34
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ca a deja commence, la baisse potentielle moyenne etant de 30% ( et certains vont se faire rincer ailleurs!!!!)

le 08/09/2012 à 9:31
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C'est bien pourquoi il ne faut surtout pas investir dans l'immobilier en France. Quel serait l'intérêt ? Laissons à l'Etat le soin de construire des HLM;

le 08/09/2012 à 9:45
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@bili hari : faut sortir de tes bouquins, bili; avec des enfants, l'alimentation pèse plus que 14% du budget à moins de manger des yaourths tous les soirs ! Pour l'immobilier, entièrement raison, et les proprios qui ont vu leurs biens doubler en 1 dé...

le 08/09/2012 à 14:18
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@bili hari: l'immobilier va baisser du fait de la démographie et de la conjoncture économique parce que 1) à moins que les jeuens achètent 2 logements chacun, il y aura forcément plus d'offre que de demande et 2) parce que les salaires ne permettent ...

à écrit le 07/09/2012 à 21:14
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La solution est bien sûr l'allocation universelle (500 euros cash + financement du chèque scolaire et de l'abonnement à l'assurance maladie) financée par une grande CSG (40% ?). Mais il faudra assortir cela non pas d'une obligation de travail (le mar...

le 08/09/2012 à 5:37
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40% csg + 5% crds +45% irpp, reste plus grand chose marginalement; moi je conseille aux chefs d'entreprises francais de couler leur boite et de la remonter ailleurs ( au ru, p ex ;-)) ); c'est deja pas interessant maintenant ( les francais n'ont qu'...

le 08/09/2012 à 6:00
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Ceux qui veulent entreprendre ont tout intérêt à quitter la France pour ne pas être les victimes d'un système fiscal démentiel. Barrez-vous les jeunes !

le 08/09/2012 à 9:33
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Vous avez raison Crédo. Tous les jeunes qui ont su collecter quelques diplômes feraient preuves de bon sens en quittant la France.

le 08/09/2012 à 9:52
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Tous ces credo, creno et consorts qui parlent de quitter la France : faîtes le et arrétez de mépriser votre pays. Moi, je suis parti 5 ans en coopération à l'étranger et j'étais bien content de rentrer en France....

le 08/09/2012 à 11:57
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Pour toucher ton RSA ?

le 08/09/2012 à 14:24
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@ crédo et créno: en parler est une chose, le faire ne est une autre. La jenesse actuelle me parait en général trop apahtique et pathétique pour entreprendre qui que ce soit. Mais espérons que l'avenir me donnera tort, car de toute manière "après la ...

le 08/09/2012 à 15:33
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@Crédible : Malheureusement, je suis trop vieux pour quitter la France ; mais si vous me donnez une seconde vie, je serais partant. Quant à la France, elle n'existe plus depuis que nos gouvernants l'ont vendu à l'Europe de Bruxelles. Le patriotisme, ...

à écrit le 07/09/2012 à 20:25
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Les pauvres manquent moins d'argent que de travail. C'est uniquement par le travail qu'ils trouveront leur dignité et leur liberté de choix. Ce qui contribue à les disqualifier sur le marché du travail doit être supprimé sans attendre.

le 07/09/2012 à 21:04
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Totalement vrai, notre dignité passe par notre volonté de travailler mais nous ne pouvons pas mettre un couteau sous la gorge du patron donc un coup de pouce serait le bien venu de manière temporaire. Nous pauvre nous ne réclamons pas des millions co...

le 07/09/2012 à 21:47
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Le patron voudrait bien vous embaucher, mais compte tenu de l'environnement légal, juridique, économique, fiscal (le fameux coup de pouce que vous réclamez), physique ou psychologique (couteau sous la gorge par exemple), c'est devenu impossible. Cess...

le 07/09/2012 à 22:32
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ok @faux pauvre, vrai bobo. Moi je veux bien gagner moins mais en contre partie il faut demander le même effort aux propriétaires bailleurs, à edf qui se goinfre, aux assurances etc...

le 08/09/2012 à 5:42
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dans RMI, il y a 'insertion'; des que qqun suggere de 'prendre les gens par le collet en les obligeant a avoir une activite pour se reinserer' ( des trucs a faire, on peut en trouver dans les boites, les collectivites, etc...) , la gauche crie a l'es...

le 08/09/2012 à 10:03
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@pauvre: Pas besoin que toi, tu gagnes moins en fait. L'Etat et co peuvent aussi moins se gaver sur les charges et autres, le code du travail peut être simplifié et rendu moins risqué pour l'entreprise, etc. @churchill: Oui, il devrait y avoir des he...

à écrit le 07/09/2012 à 19:53
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ne pas oublier de compter l'iphone et l'ipad des 5 enfants, ils sont indispensables chez les ' pauvres a la francaise', et malheureusement pas pris en charge par la cmu; aussi analyser le prix des clopes et de l'alcool, les gens ayant tjs de l'argent...

le 07/09/2012 à 21:34
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Ne pas mettre tout les pauvres dans le même panier svp. Moi j'ai juste pour le moment mon accès internet pour mes besoins (pôle emploi, assedic, candidature en ligne, journaux économique du net pour ne pas être coupé de la société, impôts, caf etc). ...

le 07/09/2012 à 23:06
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Churchill, j'espère que vous allez bien, et je suis entièrement d'accord avec vôtre commentaire.

le 08/09/2012 à 5:33
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je ne met pas tous les "pauvres" dans le meme panier....... pour moi, on n'est pas ' pauvre' avec 1100 euros par mois ( sauf a paris), meme si on ne vit pas terrible; deuxio les gens modestes qui veulent s'en sortir ne sont en general pas les premier...

le 08/09/2012 à 5:51
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Vous vivez dans quelle ville pauvre? La je suis a l etranger mais si/quand je reviens voila ce que je ferais: creer un travail au lieu d en chercher (voir mendier) un. Facilement non declarable. Dites moi ou vous vivez et vos competences/passions ou ...

le 08/09/2012 à 5:54
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Churchill vous etes ou aux Etats Unis?

à écrit le 07/09/2012 à 19:13
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La notion de pauvreté n'existe que parce d'autres s'en sont exclus sans en faire profiter leur entourage par simple envie de pouvoir!

le 07/09/2012 à 19:47
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supprimons toutes les aides sociales et versons à la place un salaire equivalent à la moitié du salaire median à chaque français, et il n'y a plus de "pauvre".

le 07/09/2012 à 21:48
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Avec le salaire universel, il n'y aura plus que des pauvres.

le 07/09/2012 à 22:40
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oui mais au desus du seuil de pauvrete!

le 08/09/2012 à 8:57
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en fait ceci serait effectivement largement financé par la suppression des aides en tous genres. Par contre certains se rendraient compte qu'en fait ils touchaient plus malgré cette augmentation de salaire. En tout cas cela supprimerait du personnel ...

à écrit le 07/09/2012 à 19:09
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qui travaille a la clne et quels sont leurs salaires?entre 4000 et 6000 euros?

à écrit le 07/09/2012 à 18:33
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"d'acceder à des droits", les soviétiques avaient raison les libertés des pays des droits de l'homme ne sont que des illusions démagogiques.

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