Commerce extérieur : Nicole Bricq donne les pleins pouvoirs à Ubifrance

Par Fabien Piliu  |   |  627  mots
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La ministre chargée du Commerce extérieur souhaite que l'agence française pour le développement international des entreprises devienne le bras armé opérationnel des régions. Le Contrat d'Objectifs et de Performances (COP) qui lie Ubifrance à l'Etat sera modifié avant la fin du premier trimestre 2013. L'agence aura des objectifs portant sur l'accompagnement dans la durée des entreprises, leur réussite à l'international, ainsi que sur la démarche client. Le gouvernement compte équilibrer la balance commerciale, hors énergie, d'ici cinq ans.

Les ministres et les secrétaires d'Etat chargés du Commerce extérieur se suivent et se ressemblent. En clair, ils cherchent la formule magique qui leur permettra de ne pas adopter un profil bas lors des Conseil des ministres. Car le poste est ingrat. Depuis 2003, l'économie française déplore une hausse continue du déficit commercial. Pour espérer limiter les dégâts et atteindre l'objectif du gouvernement de rééquilibrer la balance commerciale hors énergie d'ici cinq ans, Nicole Bricq, la ministre charge du Commerce extérieur souhaite qu'Ubifrance ne se contente plus d'accompagner - à moindre coût - et d'informer les entreprises qui ont des velléités à l'export.

Qualité et quantité

Concrètement, à l'instar de Pierre Lellouche, son prédécesseur à Bercy, Nicole Bricq souhaite que l'agence privilégie le qualitatif, sans ignorer le quantitatif. Pour redresser la balance commerciale - en déficit de 70 milliards en 2011, un record - la ministre a adressé ce lundi à l'organisme sa nouvelle feuille de route. " Il vous faut identifier à l'étranger les potentiels clients de nos entreprises, en précisant ses besoins et en lui proposant de rencontrer des entreprises sélectionnées que vous aurez préparées à cette rencontre", a expliqué ce lundi Nicole Bricq, lors des journées d'Ubifrance.

Dans les territoires, le rôle d'Ubifrance doit aussi évoluer. "Je souhaite que vous accompagniez la future BPI dans ce qui constituera le volet conseil de sa mission. Sur le modèle de vos ingénieurs d'affaires, des agents d'Ubifrance pourraient prendre leur place aux côtés des collaborateurs de la BPI en charge des financements, des fonds propres, des prêts et de l'innovation, dans ce qui constituerait la porte d'entrée pour l'international. Ces nouveaux développeurs à l'international d'Ubifrance seraient ainsi en mesure d'accompagner les ETI et de jeunes entreprises innovantes en conseil à l'export dans la durée", a-t-elle poursuivi, précisant que l'agence ne sera pas tout de suite intégrée à la BPI.

Des plans régionaux à élaborer

En outre, Nicole Bricq désire que les Régions élaborent des "plans régionaux pour l'internationalisation des entreprises". L'agence pourra être impliquée dans leur mise en ?uvre et dans l'identification et l'accompagnement des entreprises. " Vous avez déjà des conventions avec certaines régions. Vous aurez à répondre, dans ce cadre ou un autre et si les régions le décident, aux besoins spécifiques identifiés dans les plans régionaux. L'agence, en partenariat avec d'autres acteurs le cas échéant, doit être le partenaire opérationnel des régions. J'entends d'ailleurs qu'elles trouvent rapidement une plus juste place dans la gouvernance d'Ubifrance", a détaillé la ministre. C'est une petite révolution. Concrètement, l'agence devra soit organiser le travail de détection des pépites potentielles à l'export, soit le contrôler. Pourquoi cette tutelle de l'agence ? Dans les couloirs de Bercy, depuis de nombreuses années, on regrette à mots couverts la faible implication sur ce sujet, malgré la création récente des guichets uniques "Export" dans certains territoires (Auvergne, Franche-Comté, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Centre...).

Un nouveau Contrat d'Objectifs et de Performances avant la fin du premier trimestre 2013

Au regard de ces changements, le cadre stratégique de l'agence évoluera. Avant la fin du premier trimestre 2013, le Contrat d'Objectifs et de Performances (COP), qui lie l'agence à l'Etat, "fixera à l'agence des objectifs qui porteront sur l'accompagnement dans la durée des entreprises et leur réussite à l'international, ainsi que sur la démarche client. Il proposera des actions définies en fonction de la taille et des besoins des entreprises et devra dire, avec clarté, ce que sont nos priorités en termes de types d'entreprises, de filières et de marchés".