Affaire Renault : "la crise exacerbe sans doute" des comportements cyniques

Les communiqués préparés par le service de relations publiques de Renault en prévision du suicide de trois anciens salariés accusés d'espionnage remet sur le devant de la scène la dureté des conditions de travail ressentie par certains salariés. Pour Arnaud de Broca, secrétaire de l'Association des accidentés du travail, la crise aurait même tendance à renforcer cette situation.
Arnaud de Broca, secrétaire général de lassociation des accidentés du travail - DR

Voilà une campagne de prévention qui tombe à point nommé. Hasard du calendrier, c'est ce vendredi que la semaine de lutte contre la souffrance au travail est lancée par la FNATH, association des accidentés de la vie. Et ce, le jour même où des communiqués préparés par Renault en prévision du suicide de trois employés accusés d'espionnage sont révélés par la presse, remettant avec fracas la question sur le devant de la scène. Indélicatesse, prudence excessive? Quels que soient les motifs du service de communication de l'entreprise, l'affaire rappelle aussi qu'en France, un malaise existe toujours dans certaines entreprises. Et pour Arnaud de Broca, le secrétaire général de la FNATH, la crise l'a fait passer au second plan.

Cette affaire de communiqué préparés à l'avance est-elle révélatrice d'un certain cynisme des entreprises face à la souffrance au travail?

Oui, la crise exacerbe sans doute ce genre de comportement cynique. Il peut y avoir des mises en garde de la hiérarchie du type: 'si tu n'es pas content, tu peux toujours partir'. Et les gens ne risquent pas de démissionner par crainte du chômage. Beaucoup de gens acceptent davantage la souffrance.

Les cas de suicide au travail ont-ils augmenté?

Nous ne pouvons pas affirmer qu'il y en a eu davantage puisqu'il n'existe pas de statistique sur cette question. Nous n'avons pas constaté davantage de cas de suicides parmi nos dossiers. En revanche, il y a plus de gens qui font la relation entre le suicide et les conditions de travail. Et que la souffrance au travail ait augmenté ces dernières années, ça, c'est une certitude. Avec des effectifs réduits, le travail repose sur moins de personnes. La pression sur le temps et la rentabilité sont donc accrues.

Les entreprises ont-elles réellement pris des mesures pour lutter contre la souffrance au travail?

Difficile de répondre de manière globale. Il y a des entreprises qui ont fait des choses. Chez France Télécom, il y a bien eu une volonté de faire mieux, du moins au niveau de l'organisation du travail. Et la Poste recrute encore un peu, même si les syndicats indiquent à juste titre que ce n'est pas suffisant. Plus généralement, on a beaucoup parlé de suicides avec ces dossiers. Même au niveau politique, il y a eu le plan santé au travail. Mais aujourd'hui ce n'est plus un sujet de préoccupation majeur. Surtout dans les petites entreprises.

Comment les entreprises s'y prennent pour tenter de se dédouaner de leurs responsabilités?

Comme les gens ne se suicident pas, le plus souvent, sur leur lieu de travail, il est difficile d'établir un lien réel avec les conditions de travail. Pour leur défense, les entreprises mettent en avant les difficultés familliales des disparus. Notre travail, c'est de montrer que les conditions de travail, le harcèlement, on pu engendrer un tel acte. L'organisation du travail peut parfois pousser les gens au suicide, en mettant des gens au placard en ne leur donnant rien à faire ou bien au contraire en les pressant au maximum. A cet égard l'affaire Renault est révélatrice, elle montre à quel point c'est l'organisation du travail en tant que tel qu'il faut revoir.

Commentaires 3
à écrit le 12/10/2012 à 15:01
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Le suicide avec mise en accusation d'autrui est le comportement le plus cynique qui soit. Anticiper le cynisme potentiel d'une partie adverse, surtout quand ça devient une mode valorisée au lieu d'être fermement condamnée, n'est pas du cynisme mais d...

le 12/10/2012 à 15:18
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rien compris .

à écrit le 12/10/2012 à 14:06
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Cela s'est passé en plein dans les affaires de suicides chez Orange. Logique donc qu'ils aient voulu parer les coups.

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